Le tout dernier signal de Rosetta est arrivé sur Terre à 13 h 19. Comme prévu. La sonde spatiale européenne avait atterri une quarantaine de minutes plus tôt sur la comète Tchouri. Après ce signal, la sonde a coupé le contact. Éteinte, elle ne livrera plus de secrets sur le corps céleste qu'elle a étudié sous toutes les coutures pendant deux ans.

À Darmstadt en Allemagne, au centre européen d'opérations spatiales, tout comme à Toulouse, à la Cité de l'Espace qui retransmettait l'événement, l'ambiance était à la fois triste et heureuse. "Tristesse parce que 2 ans de travail s'arrêtent et bonheur car il y a deux décennies d'études des données récoltées", remarque Arnaud Boutonnet, expert en dynamique de vol à l'Agence spatiale européenne (Esa)", venu commenter la fin de Rosetta.

Pendant deux ans, la comète a été analysée par 11 instruments de Rosetta et Philae. Seulement 5 % des milliers de gigabits de données ont été analysés par les scientifiques. "Nous allons avoir quelques dizaines d'années pour étudier tout cela", se réjouit Margaux Hoang, astrophysicienne et doctorante à l'Inrap à Toulouse, qui travaille sur les données de l'instrument Rosina. L'étude des comètes nous permet de reconstituer les origines du système solaire."

La descente finale

En orbite à 4 km autour de la comète pour retrouver le robot Philae, la sonde s'est éloignée jusqu'à 22 km, juste au-dessus de l'endroit où elle devait s'écraser. Une dernière petite poussée l'a fait changer de cap à presque 90 degrés en direction de la comète.

La trajectoire finale de Rosetta © ASE.

"Elle est passée d'une orbite elliptique à une orbite hyperbolique pour aller intercepter la trajectoire de la comète, explique Arnaud Boutonnet. Nous voulions qu'elle descende en ligne droite pour rester dans une zone éclairée afin de faire fonctionner jusqu'au bout tous ses instruments."

Pendant sa descente, Rosetta accélère du fait de la gravité : de 30 centimètres/seconde à 80 centimètres/seconde, soit la vitesse d'un marcheur. Son objectif : une zone d'atterrissage appelée Ma'at, une région située sur le petit lobe de la comète, hébergeant des fosses actives.

"On va aller sous la surface de Tchouri pour photographier des choses que Philae n'a pas vu, ajoute Arnaud Boutonnet. En touchant la comète, Rosetta va écraser ses instruments. Ses panneaux solaires vont se plier. Elle passera en mode survie et arrêtera d'émettre."

La fin de la mission a été commentée en direct à la Cité de l'Espace © ASE.

Pourquoi arrêter ? Parce que Rosetta est une vieille dame de 13 ans, qu'elle a des problèmes des problèmes techniques et que les probabilités de la réveiller après une hibernation sont faibles. Pour ne pas perturber les transmissions des autres engins spatiaux aussi.

Une grande réussite européenne

"Il faut se réjouir de l'arrêt du signal parce que cela signifie que nos calculs sont bons. Tout a fonctionné comme prévu jusqu'au bout, se félicite Marc Pircher, le directeur du Cnes à Toulouse. La mission Rosetta est un grand succès. L'Europe a montré sa puissance. Le directeur de la Nasa nous a appris que des sénateurs américains l'avaient félicité pour Rosetta et qu'il avait dû leur dire que c'était l'Esa qui avait réussi à le faire."

Sur les écrans de la Cité de l'Espace, Jean-Yves Le Gall, le président du Cnes dit la même chose. "La mission Rosetta est une démonstration claire que quand l'Europe est unie, elle gagne", souligne-t-il.

Sur cette réplique de la comète Tchouri, le drapeau jaune représente la position de Philae. © Rémi Benoit.

 La taille de la comète par rapport à la ville de Paris. © Rémi Benoit.