Airbus, avec 421 commandes fermes et intentions d'achat annoncées sur le Salon du Bourget, pour une valeur de 57 milliards de dollars, a sans contestation battu son concurrent américain Boeing. Ce dernier a annoncé aujourd'hui 331 commandes et engagements pour 50,2 milliards de dollars. Il convient toutefois de relativiser ces chiffres : chez Airbus, 70 % du montant global annoncé concerne en effet des intentions d'achat, cette part atteignant seulement 60 % chez Boeing. La transformation de ces annonces en commandes fermes, donnant lieu au versement d'un acompte (environ 5 % du prix total), peut prendre plusieurs mois. Fabrice Brégier, PDG d'Airbus, s'est dit "très confiant" dans le fait que la plupart de ces lettres d'intention soit convertie en commandes fermes.

Autre point, les montants annoncés sont calculés sur la base des prix catalogue. Les véritables prix des avions vendus sont naturellement bien inférieurs, les rabais pouvant atteindre jusqu'à 40 % dans le cas d'un contrat très important. C'est probablement le cas de la lettre d'intention signée par la compagne low-cost hongroise Wizz Air portant sur 110 A321neo, qui a permis à Airbus de passer devant Boeing. Un contrat valorisé 13,6 milliards de dollars au prix catalogue. Mais aucun avionneur ne communiquera la vraie valeur payée par les compagnies aériennes, secret commercial oblige.

Une fois encore, Airbus a nettement dominé son rival américain dans le segment des avions monocouloirs, la famille A320. Il a ainsi engrangé 366 contrats (103 fermes et 263 engagements), contre 253 côté Boeing. L'A320neo comme le 737Max, les versions remotorisées de ces familles d'appareils, se taillent naturellement la part du lion. Airbus a ainsi profité du Salon du Bourget pour dépasser la barre des 4 000 commandes pour l'A320neo, alors même que l'avion n'est pas certifié.

Les motoristes se frottent les mains

Boeing s'est un peu rattrapé sur le segment des avions long courrier, avec 77 commandes et engagements au total, dont 20 Jumbo 747-8F, la version fret et rallongée du 747. Airbus totalise 55 contrats dans ce segment, dont 31 A350XWB. La compagnie indonésienne Garuda s'est notamment distinguée en satisfaisant les deux concurrents : elle a signé une lettre d'intention pour trente A350-900 et une autre pour trente Dreamliner 787-9. Pas de jaloux. À noter que Boeing profite largement de la quasi absence d'Airbus dans les avions cargo long courrier : entre les 777 Freighter et le 747-8F, Boeing a placé 29 commandes.

Il y en a qui se frottent discrètement les mains, ce sont les motoristes : Pratt & Whitney et CFM International (Safran-GE) ont ou vont signer quelques fabuleux contrats dès que les compagnies clientes auront choisi leur moteur. Concernant la famille 737, pas de suspense : dans la version actuelle, le 737NG, ou en version MAX, c'est CFMI qui est l'unique fournisseur de Boeing, avec respectivement le CFM56 et le Leap. Ainsi, le constructeur franco-américain a annoncé dès aujourd'hui 14 milliards de dollars de contrats pour 835 moteurs ! Quant à l'américain Pratt & Whitney, il a totalisé à ce jour 378 commandes et intentions, principalement pour son moteur PP1100G équipant l'A320neo.

Un autre avionneur tire son épingle du jeu, ATR. Le constructeur franco-italien (Airbus Group-Finmeccanica) a signé 46 commandes fermes et 35 options. Son rival canadien, Bombardier, n'a quant à lui dévoilé que six commandes fermes du Q400, le concurrent direct des ATR.