Quels marchés se cachent derrière la formule "objets connectés"

Dans son rapport, publié en novembre 2014, l'Idate, institut spécialisé dans l'économie numérique, les médias, l'internet et les télécommunications, estime qu'il y aura 155 milliards d'objets connectés dans 10 ans. De quoi parle-t-on exactement quand on évoque ces objets connectés ? À quoi ressemblera le marché en 2025 ? Entretien avec Yves Gassot, le directeur général de l'Idate.

Dans votre rapport, vous faites un effort de typologie des secteurs inclus dans le large vocable "Objets connectés". Quels sont-ils ?

Il faut effectivement se rendre compte que l'expression "internet des objets" (Ido) recouvre des choses extrêmement différentes.

Nous classons les objets connectés entre ceux dont la valeur première découle de leur connectivité comme un ordinateur ou un téléphone par exemple, et ceux dont la valeur principale est autre, une voiture ou une boite de médicament contenant un tag NFC, par exemple. Ensuite, nous distinguons les objets connectés directement à un réseau et ceux qui le sont à travers un autre appareil. Une montre connectée, par exemple, ne l'est pas directement, elle utilise le Bluetooth pour être raccordée à un téléphone, et c'est à travers cela qu'elle est utilisée. Même chose pour les tags NFC qui ne se connectent qu'à proximité d'un lecteur.

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Quelles sont les différentes catégories d'objets connectés ?

En 2025, nous prévoyons qu'il y aura 155 milliards d'objets connectés, contre 42 milliards en 2015.

Actuellement, sur les 42 milliards d'objets connectés, 37 milliards sont des étiquettes et des tags NFC. Ce n'est pas ce qu'on imagine quand on pense à l'internet des objets mais c'est pourtant la réalité : le textile et la pharmacie dominent l'IdO. Et le domineront demain avec 80 % du marché total, soit plus de 120 milliards de produits contenant des systèmes d'identification électronique.

En 2e position, il y a les tablettes, téléphones, liseuses, des objets qui n'ont de sens que s'ils sont connectés. En 2025, ces 20 milliards d'"objets d'information connectés" représenteront 13 % du marché.

Ensuite, c'est le Machine to machine qui existe depuis longtemps mais qui n'est pas connu du grand public. Ce sont des objets mobiles ou fixes, comme un distributeur de boissons dans une gare par exemple, relié par des moyens cellulaires pour voir dans quelle mesure il marche et s'il faut le réapprovisionner.

Cela fonctionne aussi dans l'industrie. Ce secteur représente 1 à 2 % du chiffre d'affaires des opérateurs mobiles. Cela peut paraître faible, mais quand il s'agit de revenus nouveaux pour une industrie aussi importante que celle des services mobiles, c'est extrêmement significatif. Les revenus des opérateurs cellulaires sont de plus de 500 milliards de dollars à l'échelle de la planète. On considère que ce secteur représentera 10 milliards d'objets et 6 % du marché en 2025. C'est en croissance continue.

Enfin, il y a le "Wearable" qui recouvre tous les objets portables (montre, bracelet, etc). On estime qu'il y aura 1,4 milliards d'objets de ce genre en 2025. Nous sommes prudents sur ces produits, car ils peuvent parfois se réduire à des gadgets.

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Quels sont les modèles économiques de ces secteurs ?

Nous distinguons trois niveaux de maturation du modèle économique : la vente de l'objet, l'abonnement à un service et l'utilisation des données récoltées.

Dans quelques années, un utilisateur d'objets connectés pourra s'abonner à un service qui lui permettra d'afficher sur le miroir de sa salle de bain des mesures sur son état de santé et des conseils à suivre. Dans ce cas, le service se substitue au produit.

Le troisième modèle économique à venir est celui des données générées par les objets connectés dans des domaines très différents : la santé, l'achat, les transports etc. On disposera ainsi plusieurs verticaux qu'il sera possible de croiser.

Qui sont les acteurs des objets connectés ?

Comme internet, le secteur des objets connectés est une chaine assez complexe d'acteurs et de fonctionnalités qui s'articulent avant d'arriver au marché final. Il y a ceux qui sont sur les semi-conducteurs, ceux qui règlent les problèmes de connectivité, d'autres font de la gestion de données et du prédictif.

Le positionnement des Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) est intéressant à observer. Dans les terminaux, ils sont bien représentés par Google via Android, Amazon avec ses liseuses, et Apple. Dans les services, Google, Amazon et Apple s'intéressent beaucoup aux applications.

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Sur quels réseaux les objets seront-ils connectés en 2025 ?

C'est dispersé et fractionné, mais aujourd'hui, le cellulaire est dominant (réseau 3G et 4G par exemple, NDLR). Le machine to machine passe principalement par les réseaux cellulaires. Or, ceux-ci sont mis en concurrence ces derniers temps par des réseaux spécialisés comme celui de Sigfox par exemple qui déploie sa technologie rapidement en France et à l'international. Ces réseaux spécialisés misent sur deux avantages par rapport au réseau cellulaire : une économie d'énergie pour connecter les objets et des coûts peu élevé de fabrication.

Certains opérateurs ont choisi Sigfox, beaucoup d'autres optent pour LoRa qui est un projet coopératif entre Bouygyes, SagemCom et Orange. Sigfox est parti un peu plus tôt, mais il y a de puissants acteurs derrière LoRa. Le patron de Sigfox n'exclut pas une interpénétration des réseaux cellulaires et de son réseau.

Les opérateurs ne savent encore dans quelle mesure la future 5G pourra récupérer ce qui va passer par ces réseaux spécialisés. Elle apparaitra en 2020 et devrait pouvoir offrir des débits extrêmement élevés de l'ordre du gigabit pour concurrencer ou compléter la fibre, tout en supportant les applications IdO avec des objets peu consommateurs d'énergie.

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