Mobilité et smart city : Toulouse veut rattraper son retard

Amélioration de l'offre de transports et déploiement d'un réseau alternatif sont les pistes retenues par la Ville de Toulouse pour optimiser sa mobilité. La 4e ville de France s'appuie sur un réseau industriel très performant. Un débat sur ce thème se déroulera le 7 décembre lors du 2e Forum Smart City.
Comment Toulouse aspire-t-elle à devenir plus vertueuse en matière de mobilité ?

Comment Toulouse, 4e ville de France (mais plus étendue que Paris) aspire-t-elle à devenir plus intelligente et plus vertueuse en matière de mobilité ?

Longtemps pénalisée par son offre insuffisante en matière de transports publics, la ville tente de combler son retard. "Quatre milliards d'euros seront consacrés aux déplacements dans les 15 prochaines années", argumente Jean-Luc Moudenc, le maire de la ville et président de Toulouse Métropole."Mais imaginer la smart city, c'est aussi concevoir une ville plus vertueuse, donner la priorité aux transports alternatifs à la voiture, réserver plus d'espaces aux piétons et remettre en valeur l'espace public", précise l'élu. Pour traduire les impératifs de la métropole en politique de mobilité, c'est le syndicat mixte Tisséo qui a la main. "Intermodalité, c'est le mot clé pour traduire les enjeux de la smart city au sens large", résume ainsi Jean-Michel Lattes, président de Tisséo. D'ici à 2030, la métropole toulousaine espère avoir construit un réseau d'intermodalité suffisamment efficace pour faire coïncider métro, tram, vélos, bus et un téléphérique, dont la livraison est annoncée pour 2019. Si ce mode de transport n'est pas de prime abord très innovant, "c'est l'usage que l'on en fait qui est nouveau, insiste Jean-Michel Lattes. Le téléphérique va devenir un produit urbain en reliant le quartier de l'Oncopole à celui de Rangueil."

 La piste des véhicules autonomes

Pour la collectivité, le cœur de la réflexion porte aussi sur le déploiement d'un réseau de livraisons optimisé grâce notamment à des plateformes déployées autour de Toulouse. "L'idée est d'aboutir à un trajet de livraison le plus optimisé possible avec des opérateurs tels que La Poste qui pourrait se concrétiser par la création de plateformes réparties autour de Toulouse et connectées au service transport et mobilité de la métropole", décrit Jean-Michel Lattes, également premier adjoint au maire.

Autre piste de réflexion, la mise en circulation de véhicules autonomes sur des zones en circuit fermé. Un sujet pour lequel le territoire s'appuie sur un tissu d'entreprises (PME, startups, grands groupes industriels) innovantes et fédérées au sein du cluster Automotech. Selon Jean-Louis Pech, vice-président d'Automotech, et président d'Actia Group, "l'enjeu de la mobilité terrestre est majeur".

Son groupe, qui affiche un chiffre d'affaires de 381 millions d'euros dont un quart dans le secteur du véhicule connecté, est spécialisé dans la conception, la fabrication et le diagnostic des systèmes embarqués pour les véhicules. Il réfléchit notamment au diagnostic et à la maintenance de ces véhicules qui emportent de plus en plus d'électronique et d'informatique. "Comment faire demain pour que la voiture puisse transmettre des informations. C'est le cœur de nos préoccupations, décrit le patron d'Actia. Nous travaillons déjà sur des plateformes télématiques embarquées permettant d'offrir des services d'exploitation des flottes à distance avec la géolocalisation. La prochaine étape sera bien sûr celle des véhicules autonomes."

La navette autonome Easymile

Ce segment des véhicules connectés compte quatre acteurs majeurs, un Lyonnais (Navia), un Néerlandais (To Get There), un Américain (Local Motors) et un Toulousain (Easymile). La startup toulousaine, créée en 2014 par Robosoft et Ligier, a une vraie longueur d'avance. Elle a mis au point la navette autonome EZ10 capable de transporter 12 personnes à une vitesse pouvant atteindre 40 km/heure sans conducteur. La EZ10 circule déjà en Finlande et aux Pays-Bas et elle est testée à Paris par la RATP.

L'entreprise connaît un fort développement à l'international, elle dispose d'un bureau à Singapour et vient d'en ouvrir un second à Denver, mais elle réfléchit aussi à plusieurs projets d'applications dans l'agglomération toulousaine. "Nous ne concurrençons pas le tramway, mais proposons au contraire de la desserte fine du dernier kilomètre et travaillons sur quatre futures zones tests dans l'agglomération", annonce Xavier Salort, le directeur de développement d'Easymile. La première zone test concernera un circuit de 950 mètres entre le terminus de la ligne de métro A à Basso-Cambo et l'usine Continental. La seconde est prévue dans la ville de Pibrac, près de Toulouse, pour connecter le nouveau lycée et la gare. La troisième pourrait se déployer au centre-ville de Toulouse avec un court circuit sur les allées Jules Guesde. Une quatrième zone de test pourrait également se mettre en place dans la zone verte des Argoulets.

Qui paye?

Selon Xavier Delort, le frein au développement de ces véhicules autonomes est pour l'heure principalement lié au coût. Qui paye quoi ? "Dans tous les cas, il faut que les collectivités soient très volontaires sur le sujet car les infrastructures routières doivent être adaptées et cela implique de dégager des lignes budgétaires spécifiques."

Enfin, le coût de la technologie reste encore très élevé. "Aujourd'hui, les capteurs représentent 30 % du coût du véhicule. La EZ10 coûte 200 000 euros à l'achat mais nous proposons une location mensuelle entre 6 000 et 7 000 euros par mois."

Et le cadre légal ? "Il est plutôt propice contrairement à certaines idées reçues, affirme-t-il. D'ailleurs, nous avons déjà expérimenté la Easymile sur la voie publique à La Rochelle il y a trois ans." Sur le terrain, les élus restent plus prudents. "La gestion du dernier kilomètre n'est pas notre priorité à ce jour, tempère Jean-Michel Lattes. Et puis, ces quinze dernières années, on a testé des tas de trucs dont on ne parle plus comme par exemple les bus au colza. C'est pourquoi il n'est pas question pour nous d'être dans une forme d'expérimentation trop en amont. Nous ne sommes pas un laboratoire de recherche, nous avons vocation avant tout à faire fonctionner le réseau de transport public", estime le président de Tisséo.

Le Forum Smart City 2016

Le forum Smart City 2016, qui se déroulera le 7 décembre dans la salle des Illustres au Capitole, sera consacré à la construction de la ville intelligente avec trois thèmes phares retenus :

  • l'open data et les initiatives citoyennes,
  • les impératifs de la mobilité,
  • le rayonnement international et les investissements.

Des experts internationaux, représentants de grands groupes, de startups, chercheurs sont attendus pour une journée de débats.

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Commentaire 1
à écrit le 05/12/2016 à 20:25
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Encore une fois, on parle de Toulouse, alors que la majorité vit à l'extérieur... Quand on vit au nord ouest, il faudrait prendre le tramway, mais quand on est actif, on n'a pas très envie de le prendre, car il est trop lent !

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