Métro à Labège : le président du Sicoval veut lancer les marchés publics

Le président du Sicoval assure que le financement du prolongement de la ligne B jusqu'à Labège est bouclé, malgré les réserves émises cette semaine par les conclusions de l'enquête publique. Il demande à ce que les appels d'offres soient lancés, et accuse Jean-Luc Moudenc de "jouer la montre". Jacques Oberti, plutôt discret dans les médias, fait également le point sur le développement économique du Sicoval et sur une éventuelle hausse des impôts. Entretien.
Jacques Oberti

Suite à l'avis favorable de l'enquête publique sur le PLB, vous demandez le lancement des marchés publics. Pourtant, l'enquête pointe un problème de financement...
Il faut en effet procéder au lancement des marchés publics le plus tôt possible, et c'est logique. Les deux réserves les plus importantes émises par la commission d'enquête concernent la date de mise en service du PLB et son plan de financement. Donc, le plus tôt on lancera les marchés publics, le plus tôt on connaîtra la date de mise en service, et le plus tôt on connaîtra le chiffrage réel du projet. En lançant les marchés publics maintenant, une mise en service en 2020 voire début 2021 est possible. Mais Jean-Luc Moudenc joue la montre en ne rendant sa décision que dans trois mois. Plus il recule sa décision, moins la date de mise en service sera connue rapidement.

Le Sicoval estime que le PLB va coûter 362 millions d'euros. Or, ce chiffre est contesté et la commission d'enquête estime que 399 millions d'euros serait un montant plus proche de la réalité. Que répondez-vous ?
Pendant l'enquête publique, les commissaires enquêteurs ont récolté des éléments en provenance de Toulouse Métropole, qui était dans un jeu de démontage du projet.

De notre côté, nous sommes persuadés que nous seront très proches, voire exactement dans l'estimation de départ, soit 362 millions d'euros. Encore une fois, lançons les marchés publics, et nous en aurons la certitude. Tout ce qui sème le doute quant au financement du PLB est nul et non avenu. Passons à l'action et réunissons les financeurs si besoin.

Que ferez-vous si le devis est plus élevé ?
Si le devis est plus élevé, nous ferons comme d'habitude : nous nous mettrons autour de la table et nous trouverons une solution intelligente. Ce qu'il faut retenir, c'est que le Sicoval est sans doute la première collectivité à contribuer à une telle hauteur à un projet structurant pour son territoire, mais aussi pour les territoires voisins. Vous imaginez bien que ce n'est pas quelques milliers d'euros en plus qui viendront bloquer le projet, d'autant plus que le projet soi-disant concurrent est une troisième ligne de métro à 1,7 milliard d'euros.

Sachez aussi qu'une décision vient d'être prise par Tisséo sur l'allongement des stations (travaux devant permettre la circulation de doubles rames sur la ligne A, NDLR) dont le montant de réalisation (180 M€) est bien supérieur à ce que Tisseo mettra pour le PLB (141 M€). Alors, dire que l'on n'a pas les moyens de financer le PLB et faire en même temps cet investissement, cela montre quelques contradictions.

Que souhaitez-vous dire à Jean-Luc Moudenc ?
J'ai rencontré Jean-Luc Moudenc en début de semaine à une autre occasion. Nous avons discuté du PLB et il m'a dit "je ne sais pas si on aura les moyens de financer les deux : le PLB et la 3e ligne". Si l'on n'a pas les moyens de financer les deux, cela signifie que l'on n'a pas les moyens de financer la 3e ligne ! Je vous rappelle que la 3e ligne est estimée à 1,7 milliard d'euros : nous ne sommes pas du tout dans la même échelle de valeur !

Ce que je dis aussi à Jean-Luc Moudenc, c'est que le PLB va potentiellement profiter à 16 000 Toulousains qui éviteront les embouteillages et que ce projet est créateur d'emplois. Même si ces emplois sont davantage créés sur le Sicoval que sur Toulouse Métropole, il doit comprendre que c'est l'intérêt général. C'est là que nous verrons si Jean-Luc Moudenc est un homme politique d'envergure nationale voire internationale, où s'il se cantonne aux limites de son territoire, auquel cas, nous sommes dans un débat stérile.

Le Sicoval vient de racheter les terrains de Sanofi. Est-il toujours prévu d'y faire "un village numérique" ?
Ces terrains ont une position intermédiaire entre l'IoT Valley et le Carrefour Labège. Vous dire aujourd'hui qu'ils seront pleinement dédiés aux nouvelles technologies serait réducteur. Nous étudions la meilleure valorisation de ces terrains. Mais je peux vous confirmer qu'ils seront en grande partie dédiés aux nouvelles technologies. L'agrandissement de l'IoT Valley sur ces terrains est toujours d'actualité.

Plusieurs grandes entreprises seraient en négociation avec le Sicoval pour venir s'y implanter, lesquelles ?
Il est prématuré de donner des noms. Mais nous sommes à la recherche de tous les partenaires de grands noms qui souhaiteraient venir sur l'Innopole.

Mis à part le numérique, Innopole a-t-il vocation à se spécialiser dans d'autres filières ?
Une chose est sûre : il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Accueillir les entreprises du numérique est une priorité, mais développer les filières biotechs, agrobio et spatial fait aussi partie de nos objectifs. Je tiens à préciser qu'il y a ce que l'on veut et ce que l'on peut faire. Si des entreprises qui ne correspondent pas forcément à ces filières souhaitent venir sur le Sicoval, nous les accueillerons car c'est générateur d'emplois. Je suis attaché au principe de réalité, et un schéma économique peut évoluer.

Existe-t-il une guerre économique entre Toulouse Métropole et le Sicoval pour accueillir des entreprises ?
Pas du tout. Notre but est de faire valoir nos atouts pour accueillir les entreprises, pas de démarcher celles qui sont sur le territoire de Toulouse Métropole pour les faire déménager. À chaque fois qu'une entreprise s'implante chez nous, c'est qu'elle en a eu envie, tout simplement.

Votre prédécesseur Claude Ducert avait annoncé qu'il y aurait des sacrifices à faire pour faire des économies dans la gestion de la collectivité. Savez-vous quels services pourraient être touchés ?
Le Sicoval est effectivement concerné par la baisse des dotations de l'État qui, je le rappelle, sont nécessaires pour que nos enfants n'aient pas sur leurs épaules une dette aussi lourde que la nôtre. Ainsi, nous devons économiser 1,5 million d'euros par an en 2015, 2016 et 2017. Nous y parviendrons en 2015, en réorganisant les services, sans suppressions de postes. Mais cela ne suffira pas. Nous devons effectivement établir des priorités pour le budget 2016, et certains services qui ne seront pas jugés indispensables devront être supprimés. Notre travail actuel est d'établir ces priorités, nous sommes en plein dedans.

Allez-vous augmenter les impôts en 2016 ?
Pas de 15 %, je vous rassure (Jean-Luc Moudenc a fait voter à Toulouse une augmentation des impôts de 15% NDLR) ! Pour rappel, en 2015, ils ont augmenté de 0,4 %. Nous avons calculé que pour réaliser nos économies, il faudrait augmenter les impôts de 8 %. Mais ce n'est pas notre volonté. Je n'exclus pas une augmentation des impôts, mais pas sur cette échelle de valeur, et nous ne le ferons que si c'est vraiment nécessaire.

Il a été dit que vous avez été poussé par le PS à prendre la succession de Claude Ducert. Aviez-vous vraiment envie d'être président du Sicoval ?
Oui, sinon je n'aurais pas été 1er vice-président de Claude Ducert. Je suis passionné par la gestion des affaires publiques et les relations que l'on tisse avec les autres élus et la population. Cela me plaît beaucoup, j'ai d'ailleurs quitté mon travail pour me consacrer à ce mandat, et celui de maire d'Ayguevives.

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