Ce que dit vraiment l'enquête publique sur le PLB

La préfecture de Haute-Garonne a publié ce mardi 8 septembre les conclusions de l'enquête publique sur le prolongement de la ligne B du métro à Labège (PLB). Hier soir déjà, des fuites ont permis de savoir que les enquêteurs ont rendu un avis favorable au projet, mais avec quelques réserves, notamment sur le financement. Mais, au-delà de ces "réserves", la commission pointe une efficacité "modérée" du PLB et des alternatives un peu trop vite mises de côté... Sans surprise Jacques Oberti et Jean-Luc Moudenc ont une lecture différente de ces conclusions. Décryptage.
Le rapport de la commission d'enquête émet plusieurs réserves sur le PLB

L'enquête publique réalisée du 2 avril au 18 mai dernier a permis aux citoyens de s'exprimer sur le chantier du PLB, qui prévoit la création de 5 stations de métro entre Ramonville et Labège. Ainsi, 4 821 contributions ont été enregistrées. L'objectif est de déterminer l'utilité de ce projet, mais c'est, in fine, la préfecture qui délivrera - ou pas - son accord pour débuter le chantier. Le préfet dispose pour cela d'un délai d'un an.

À noter néanmoins qu'avant la décision du préfet, deux autres prises de position sont attendues : celle de Tisséo-SMTC (qui doit, dans un délai de six mois maximum, se prononcer sur l'intérêt général du PLB), et celle du conseil municipal de Labège, qui doit (dans un délai de deux mois maximum) rendre son avis sur le dossier de mise en compatibilité des plans d'aménagement des Zac de l'Hers et de la Grande Borde.

Pour rappel, le principal objectif visé par le prolongement de la ligne de métro B est de relier Ramonville, terminus actuel, à Labège, et donc de connecter le Sicoval avec Toulouse.

Oberti satisfait, Moudenc réservé

L'avis de la commission d'enquête est favorable concernant la déclaration d'utilité publique du projet, mais émet cinq réserves.

Suite à la publication des conclusions de cette enquête, Jacques Oberti, président du Sicoval, s'est réjouit :

"Nous ne pouvons que nous satisfaire de cet avis. Il s'agit maintenant de décider collectivement d'un démarrage rapide des travaux pour garantir une mise en service du métro en 2020 et mobiliser les subventions de nos partenaires inscrites dans notre plan de financement."

De son côté Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse, reste réservé :

"Force est de constater que, dans son avis réservé, la commission formule des critiques sur des aspects fondamentaux du projet (...) Aussi, il ne serait pas responsable, en tant que gestionnaire des deniers publics, qu'une collectivité locale prenne une position favorable au projet en l'état, car la faisabilité financière est soumise à l'heure actuelle à un aléa risquant de peser trop lourdement sur les finances de Tisséo-SMTC ou du Sicoval."

Jean-Luc Moudenc, dont la position sur le PLB est attendue depuis plusieurs mois, repousse donc sa décision : il préfère attendre que ses services aient étudié les 50 pages du rapport "avec minutie", mais aussi que soit bouclée la seconde étude sur le tracé précis de la 3e ligne de métro "d'ici la fin de l'année".

Détails sur les 5 réserves de la commission d'enquête

Réserve 1 / Mise en service : "Repréciser une date raisonnable"

La commission estime que le délai de mise en service annoncé en 2020 "semble bien optimiste, fin 2022 parait plus vraisemblable". Le rapport indique que le maître d'ouvrage (Tisséo-SMTC) doit présenter à l'intention du public un nouveau programme des travaux "plus réaliste, compte tenu des divers aléas connus (franchissement du canal, raccordement à Ramonville, mesures compensatoires écologiques)". Ce nouveau programme doit indiquer "précisément une date, réelle et sérieuse", de mise en service.

Réserve 2 / Financement du projet : "Éviter des déconvenues gravissimes"

"Trop de valeurs annoncées, de 362 à 420 M€ !" s'exclament les commissaires enquêteurs dans leur rapport. Si un accord sur la participation de chacun (SMTC, Sicoval, Département, Région, État, existe sur la base de 362M€, "ce montant est inférieur à la dépense envisagée" indique le rapport, qui donne le chiffre de 399 M€ valeur 2015.

"La commission ne peut donc que constater que le projet n'est pas entièrement financé. Toutefois, le SMTC a affirmé avoir la capacité financière permettant d'assumer les manques. La commission pense que la répartition des dépenses, réelles et globales, entre participants devrait être actée, avant l'éventuelle Déclaration d'Utilité Publique, afin d'éviter des déconvenues gravissimes."

Réserves 3 et 4 / Modification de tracé : "Réduire l'impact sonore et visuel"

Pour des questions d'acoustique, la commission recommande de modifier le tracé d'une dizaine de mètres au nord, "au niveau du lac de Labège et de l'immeuble Datamedia, afin de s'éloigner du bâti en empruntant la voie publique". Objectif : réduire l'impact visuel et sonore du projet. En effet, selon l'étude de bruit, les niveaux sonores dépassent les niveaux règlementaires fixés pour les locaux de bureaux (Datamedia est une société de logiciels).

Concernant la proximité du viaduc avec le cinéma Gaumont, le rapport indique que "des protections acoustiques supplémentaires devront être mises en place".

Réserve 5 / Vélos : "Des parcs à vélos sécurisés à toutes le stations"

L'utilisation et le parking des vélos est une problématique très souvent abordée par les riverains qui ont participé à l'enquête publique. Ainsi, la commission d'enquête "souhaite que ce moyen de rabattement vers les stations, respectueux de l'environnement, et répondant à une demande d'une partie du public, ne soit pas défavorisé, mais au contraire promu en prévoyant les installations nécessaires pour assurer une sécurité effective du stationnement des vélos devant les futures stations".

Le rapport indique donc que des parcs à vélos sécurisés seront mis en place, dès l'ouverture de la ligne, à toutes les nouvelles stations.

À noter que le public réclamait aussi une passerelle cyclable au-dessus de l'autoroute et du canal, mais cette option aurait entraîné "des coûts supplémentaires très importants ainsi que des problèmes techniques difficiles à régler".

Les autres critiques (sévères) de la commission d'enquête

Certains commentaires des enquêteurs ne figurent pas dans les cinq réserves qu'ils ont officiellement émises sur le projet du PLB. Ainsi, la lecture du rapport révèle que le PLB ne réduirait pas les embouteillages à la hauteur de ce qui est espéré :

"Il ressort du dossier d'enquête que la réduction du trafic automobile induit par le
projet est d'ampleur modérée. La commission pense que la saturation du parc de  Ramonville et les embouteillages du Palays vont dans un premier temps s'améliorer, mais que cet effet 'mise en service' ira en s'estompant, du fait de la croissance du trafic de transit, que la situation autour du futur terminus risque se dégrader rapidement, de façon importante, de sorte que les usagers pourraient vivre au  nouveau terminus, ce qu'ils vivent aujourd'hui à Ramonville."

La commission estime enfin que les alternatives au PLB n'ont sans doute pas été assez étudiées et que le PLB correspond à un "choix politique" :

"La commission d'enquête ressent que les études comparatives auraient mérité un développement plus argumenté, et que la solution métro a été adoptée en amont, avant une réelle analyse comparative et correspondant davantage à un choix politique. Vu le trafic prévisionnel modéré à court terme et la faible hauteur du financement possible, le seul choix possible pour maintenir la solution métro était le métro aérien moins cher qu'un métro souterrain. Dans ces conditions, les solutions alternatives semblent avoir été mises rapidement de côté."

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