Régionales : Dominique Reynié sera-t-il officiellement investi par l'UMP ?

Dominique Reynié a été choisi, mais il n'est pas encore investi. Samedi 25 avril, dans l'Hérault, le politologue a été adoubé par un comité régional afin d'être la tête de liste de la droite pour les régionales de 2015 en Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées. Néanmoins, son investiture va se jouer dans les bureaux parisiens de l'UMP. La procédure est censée être une simple formalité mais certaines déclarations jettent le trouble. Dominique Reynié peut-il être recalé et remplacé par une autre tête de liste ?
Dominique Reynié va-t-il être investi par l'UMP le 7 mai?

Dans la foulée de son élection samedi dernier, Dominique Reynié a entamé une tournée médiatique. Plateau de BFM, micro de RTL, le politologue est présenté comme la tête de liste UMP-UDI pour les régionales en Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées. Ce titre n'est pas tout à fait exact. Dominique Reynié doit d'abord obtenir l'investiture officielle de l'UMP. C'est seulement au terme de cette procédure qu'il sera véritablement le leader de l'UMP pour les prochaines régionales.

"La procédure de Sète est hors statut"

La commission nationale d'investiture (CNI) de l'UMP se réunira le 7 mai. Elle auditionnera les présidents et secrétaires départementaux ainsi que les parlementaires du Languedoc-Roussilon et de Midi-Pyrénées. Yves Censi (député de l'Aveyron), Brigitte Micouleau (sénatrice de la Haute-Garonne) ou encore Philippe Calleja (président de l'UMP 09) vont être entendus. Du côté languedocien, Pierre Morel-À-L'Huissier (député de la Lozère) et Max Roustan (président de l'UMP dans le Gard) devront prendre le chemin de la rue de Vaugirard. Face à eux, ils vont trouver 63 membres de l'instance nationale de l'UMP dont Alain Juppé, François Fillon ou encore Bruno Le Maire. La présidence de la CNI est assurée par Christian Estrosi. Alain Marleix, Roger Karoutchi et Nadine Morano assurent les vice-présidences.

Une fois les auditions effectuées, la décision ne sera pas prise immédiatement. La commission se réserve un délai de réflexion. Ainsi, Dominique Reynié sera fixé quelques jours après le 7 mai.

Alain Marleix insiste sur un point : "la Commission est seule compétente pour investir les têtes de liste". L'ancien ministre et ex-patron des élections à l'UMP souligne :

"La procédure de Sète est hors statut. L'investiture ne peut venir que des instances nationales. D'ailleurs, Dominique Reynié n'a pas été élu qu'avec des voix UMP, des UDI ont voté pour lui."

Ce rappel des textes et des statuts alimente une polémique. L'élection (régionale) de Dominique Reynié suscite de vifs remous au sein de l'UMP. Certains responsables (et pas uniquement des candidats malheureux) contestent le choix d'un non-élu, issu des plateaux télévisés. Le "légalisme" d'Alain Marleix dissimule mal un rejet de Dominique Reynié.

Alain Marleix, l'anti-Reynié ?

Alain Marleix n'exclut pas qu'un nom (différent de celui de Dominique Reynié) émerge à la dernière minute et ce proche de François Fillon ne cache pas son scepticisme. D'après lui, une expérience politique locale est indispensable pour aborder une élection sur un territoire aussi vaste que la Grande Région Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées. Une grande région que connaît bien Alain Marleix : le député du Cantal est un "voisin" et il séjourne souvent à la Grande-Motte.

Si, médiatiquement, on entend beaucoup les tirs à bout portant du sénateur de l'Hérault, Jean-Pierre Grand, les coups les plus percutants viennent en fait assurément d'Alain Marleix. Jean-Pierre Grand ne bénéficie pas d'une grande autorité au sein de l'UMP. Certains de ses "amis" soulignent qu'il n'a pas été élu grâce aux voix de l'UMP mais en raison du soutien du maire de Montpellier, Philippe Saurel.

En revanche, Alain Marleix est très respecté. Il est à l'origine de nombreuses carrières parlementaires. C'est lui qui est l'auteur du découpage des circonscriptions législatives. Compagnon de route de Charles Pasqua, il a notamment (en tant que secrétaire d'État à l'Intérieur) dessiné la circonscription de Jean-Luc Moudenc, qui lui a permis de devenir député et d'amorcer sa reconquête du Capitole.

Par ailleurs, Alain Marleix est plus discret que Jean-Christophe Lagarde. À la différence du président de l'UDI, il n'a pas fait de tweet pour proclamer que les instances nationales de son parti ne valident pas forcément le vote de Sète.

En revanche, le vice-président de la commission nationale d'investiture distille confidences et analyses. La force de frappe d'Alain Marleix est dans sa discrétion. Mais, dans le cercle des initiés, au sein de l'UMP, le message fait du bruit. Un bruit qui n'empêche pas de dormir le Capitole. Dans l'entourage de Jean-Luc Moudenc, on reste convaincu que l'investiture nationale de Dominique Reynié reste une formalité.

La confiance du Capitole

Dominique Reynié débarqué et remplacé par une autre personnalité ? Ce scénario serait catastrophique pour Jean-Luc Moudenc. Le maire de Toulouse a inventé la procédure d'un comité régional. Une révocation nationale ruinerait son autorité politique.

Mais le maire de Toulouse a évidemment pris ses précautions. Son invention a reçu un label parisien, Nicolas Sarkozy a donné son feu vert. Mais une précision prend, dans le contexte actuel, une nouvelle dimension : le président de l'UMP a certes laissé la main, mais, d'après nos informations, le national a précisé : "on vous laisse faire et on verra si tout se passe bien".

Cette réserve peut-elle jouer ? Au Capitole, on évoque des garanties données, après l'élection de Dominique Reynié, par Nicolas Sarkozy. C'est évidemment un sérieux verrou contre un coup de Trafalgar venant de la commission nationale d'investiture.

Un autre "garde-fou" provient directement de Dominique Reynié. Avant de se lancer dans l'aventure régionale, il aurait obtenu des garanties personnelles auprès de Nicolas Sarkozy. Mais, à cet accord moral, s'ajoute depuis son élection un dispositif anti-débarquement. Dominique Reynié est omniprésent dans les médias. L'investiture officielle, par les instances nationales de l'UMP est (incontestablement) problématique.

En revanche, Dominique Reynié est déjà "intronisé" par Ruth Elkrief et Jean-Michel Apathie. Cette investiture de fait peut difficilement être remise en cause. L'image de l'UMP serait sérieusement abîmée. Dominique Reynié se défend d'être un parachuté. Mais il s'est fabriqué un solide parachute médiatique.

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Commentaires 3
à écrit le 01/05/2015 à 17:09
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A t il donné des gages au conseil des investitures ? je crois pas . Sa sincérité ne fait pas de doute mais le camp du pouvoir auquel il s associe n en a que faire , il lui faut des soldats , et à ce niveau des généraux , il fera un très bon deuxième...

à écrit le 01/05/2015 à 15:28
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Il n'est pas fait pour le poste et n'a pas le profil à mon avis .

à écrit le 01/05/2015 à 7:24
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Comme,beaucoup de lecteurs, j'ai connu M. Réunie lors de ses interventions dans C dans l'air. J'adhère totalement à ses propos et j'espère qu'il saura résister aux mauvaises pratiques de notre classe politique. C'est enthousiasmant de voir entrer en ...

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