À Toulouse, TrenCube analyse les comportements d'achat grâce aux données des smartphones

Les toulousains de TrenCube font le buzz depuis la manifestation du 1er mai, au cours de laquelle leur technologie a servi à compter le nombre de manifestants. Pourtant, la vraie finalité de TrenCube est toute autre. La start-up propose une solution d'analyse du comportement des clients dans les commerces physiques. Une innovation qui séduit en France et au-delà des frontières.
Guillaume Lebret et Guillaume Denis, deux des co-fondateurs de TrenCube

S'il y a bien une start-up en Midi-Pyrénées qui fait parler d'elle actuellement, c'est TrenCube. Créée en octobre 2013 par trois ingénieurs et un expert comptable, l'entreprise fabrique des capteurs détectant les ondes wi-fi des smartphones. Cette technologie permet ainsi de compter (en partie) les passants, d'où son utilisation lors de la manifestation du 1er mai à Toulouse. Cependant, là n'est pas la finalité première du capteur TrenCube. Installé dans un magasin, cet outil permet de chiffrer et d'analyser le trafic. Le commerçant obtient ainsi des statistiques sur le taux d'entrée des passants dans sa boutique, le nombre d'acheteurs, le temps passé en moyenne dans le magasin ou encore le parcours des clients. Des données destinées à évaluer l'attractivité d'une vitrine et l'impact d'une campagne de communication, analyser le comportement de la clientèle, la fidélisation ou encore comparer l'efficacité des équipes de vente.

"Aujourd'hui, les commerçants naviguent un peu à vue et les méthodes d'analyse actuelles sont archaïques. Notre solution permet de transposer les outils d'analyse du web" annonce Guillaume Lebret, président et co-fondateur de TrenCube. L'entreprise met gratuitement ses capteurs à disposition des commerçants. L'accès aux données en ligne est par contre payant, sous la forme d'un abonnement sans engagement. "Nous avons beaucoup de demandes et l'avantage est que notre offre est 'scalable' (extensible, NDLR)", ajoute Guillaume Denis, également co-fondateur. L'objectif que se fixent les entrepreneurs est d'avoir livré 350 capteurs d'ici à la fin de l'année, soit un chiffre d'affaires avoisinant les 250.000 €.

Un service qui s'exporte
Si les premiers clients de TrenCube ont été des magasins indépendants français, la demande se fait désormais forte à l'international. Guillaume Lebret détaille : "en France, c'est très long alors que nous sommes dans une phase où on essaie d'accélérer les ventes, de s'exporter et de monter des réseaux de distribution." TrenCube a déjà vendu des capteurs en Chine et est en train de discuter avec un distributeur asiatique tandis que "des accords sont en cours en Australie." Parmi les clients de TrenCube, des petits commerçants mais également des analystes commerciaux et des grands groupes. "Nous avons beaucoup de demandes, dont certaines auxquelles nous n'avions pas forcément pensé" commente Guillaume Lebret, faisant référence aux offices de tourisme, aéroports et gares, clients de TrenCube. Et Guillaume Denis de conclure : "en fait, avec notre technologie on peut faire tout un tas de choses, le tout est de trouver ce pour quoi les gens sont prêts à payer." Question financement, les entrepreneurs n'ont pour l'instant engagé que des fonds personnels "mais nous avons été contacté par plusieurs business angels" confie Guillaume Lebret.

Une technologie qui mise sur l'avenir
Lors du 1er mai, TrenCube a compté 714 manifestants, chiffre correspondant en fait au nombre de manifestants en possession d'un smartphone connecté en wi-fi. La start-up s'est alors vue reprocher l'écart entre son résultat et ceux de la Police (2.800) ou de la CGT (6.500). Mais le temps joue en faveur de TrenCube. L'augmentation du nombre de smartphones et d'objets connectés devrait, de fait, améliorer la précision du service de l'entreprise dans les années futures. Les belles perspectives d'avenir de TrenCube s'inscrivent dans l'expansion du marché de la donnée. Guillaume Denis l'annonce sans crainte : "la prochaine révolution industrielle, c'est le big data. La question sera de savoir quel traitement on fait de la donnée." Pour TrenCube la question ne se pose pas puisque les données récoltées "ne sont pas personnelles et ne permettent pas de remonter jusqu'au client." L'entreprise a d'ailleurs déclaré son activité à la Cnil (Commission nationale de l'informatique et des libertés) pour s'assurer de sa légalité.

Adrien Serrière
©photo Rémi Benoit

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