Résistance aux antibiotiques : Antabio cherche 15 M€ pour la phase clinique

La biotech Antabio, située à Labège (31), développe des nouveaux traitements contre les infections résistantes aux antibiotiques. Une problématique classée priorité médicale numéro un par l’OMS. La biotech est à la recherche de fonds (15 M€) d’ici à 2019. Objectif : tester sa molécule chez des patients malades et la commercialiser.
Marc Lemonnier, le cofondateur et président de la biotech Antabio

"Nous faisons des pas décisifs vers la découverte de nouveaux traitements qui, à terme, auront un impact très significatif, en améliorant la prise en charge de patients atteints d'infections sévères et multi-résistantes." L'annonce a été faite le 8 mars 2016 par Marc Lemonnier, le président d'Antabio. La société biopharmaceutique née à Labège en 2009 développe des nouveaux traitements contre les maladies infectieuses résistantes aux antibiotiques.

Encore en phase de R&D, la biotech composée de 14 salariés fonctionne uniquement grâce aux différentes levées de fonds qu'elle effectue. Elle est aujourd'hui à la recherche de 15 M€, dans un secteur où les investisseurs sont encore peu nombreux.

Cette nouvelle levée de fonds doit permettre à Antabio de franchir un cap. En effet, son objectif est d'amener ses programmes au stade de preuve de concept clinique dès 2019.

"Malgré les difficultés du secteur à trouver des investisseurs, nous pensons pouvoir atteindre notre objectif de 15 millions d'euros d'ici à 2019, explique Marc Lemonnier, président d'Antabio. D'ici à la fin de l'année, nous misons déjà sur 5 millions d'euros récoltés."

Problématique classée priorité médicale numéro un par l'OMS

Spécialisée dans les nouveaux traitements contre les infections résistantes aux antibiotiques, Antabio réalise deux recherches en parallèle. La première concerne les patients atteints de mucoviscidose et la seconde les infections nosocomiales (contractées lors d'une hospitalisation).

Initiées en 2013, les principales recherches d'Antabio seront achevées début 2017, avec à la clef une nouvelle molécule censée lutter contre les infections nosocomiales. Cette molécule ne constituera pas un nouvel antibiotique, mais fonctionnera en complément de ce dernier.

"Notre molécule à pour but d'inhiber la bactérie qui rend aujourd'hui inefficaces les antibiotiques, même ceux utilisés en cas de dernier recours, développe Marc Lemonnier. Avec notre innovation, les médecins pourront réutiliser les mêmes antibiotiques que ceux utilisés actuellement."

                                        Le criblage de molécules © Rémi Benoit

En effet, l'usage croissant des antibiotiques ces dernières années a provoqué une résistance de la part des bactéries, plaçant ainsi cette problématique priorité médicale numéro un par l'OMS (Organisation mondiale de la santé). L'antibiorésistance cause chaque année 25 000 décès en Europe et, d'ici à 2050, ce nombre pourrait être multiplié par 400, causant ainsi la mort de 10 millions de personnes.

Par ailleurs, au cours de l'année 2017, Antabio rentrera dans la phase préclinique de sa recherche consacrée aux infections nosocomiales. La société biopharmaceutique toulousaine est cependant déjà rassurée quant à l'efficacité de sa molécule. Des tests réalisés sur des souris se sont révélés positifs.

2019, une année charnière

L'année 2019 marquera peut-être le franchissement d'un cap pour Antabio. En effet, la biotech débutera son essai de phase II, une étape importante puisqu'elle représente l'expérimentation de sa molécule chez des patients malades.

"Cette étape permettra de prouver que la molécule que nous avons développée permet de guérir les personnes atteintes de ces maladies infectieuses, souligne le président d'Antabio. 2019 représente donc une année charnière pour nous."

Cette année-là, Antabio pourrait ainsi atteindre son objectif majeur, celui de proposer sa molécule sur le marché pharmaceutique. La biotech réfléchit d'ores et déjà au passage de la phase de recherche à celle de la commercialisation, avec notamment l'envie de se développer Outre-Atlantique.

"Notre laboratoire de recherche restera situé à Labège mais nous implanterons une filiale aux États-Unis, précise Marc Lemonnier, président d'Antabio. Elle sera en charge de la commercialisation de notre licence."

Cependant, Antabio délocalise déjà en Asie et en Europe quelques unes de ses activités. La biotech sous-traite par exemple l'ensemble des essais réalisés sur des animaux au groupe allemand Evotec, qui détient par ailleurs un siège à Toulouse.

Soutenu par Wellcome Trust

La société biopharmaceutique toulousaine a obtenu le 'Seeding Drug Discovery Award' de la fondation britannique Wellcome Trust (fondation similaire à celle de Bill et Melinda Gates) pour ses deux recherches en 2013 et en 2015 (une première en France). Ces prix représentent un fonds de 4,7 millions d'euros pour les travaux sur les infections nosocomiales et de 4 millions d'euros pour ceux consacrés à la lutte contre la mucoviscidose.

"Les deux prix de la fondation Wellcome Trust ont permis de crédibiliser notre biotech, de la faire rentrer dans une nouvelle dimension, estime Marc Lemonnier. Cet échange est vraiment très enrichissant puisque nous bénéficions du réseau et des experts de la fondation."

Ces deux apports financiers ont également permis à Antabio d'acquérir de nouveaux matériels mais aussi à recruter du personnel.

Par ailleurs, le président d'Antabio assure que "la nouvelle grande région est l'opportunité de créer un pôle spécialisé dans les infectiologies".

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