Campus IoT à Labège : Ludovic Le Moan échappe aux querelles Toulouse Métropole / Sicoval

Le "Campus IoT" voulu par Ludovic Le Moan à Labège doit être présenté avant l'été. Le projet ? Un lieu qui accueillerait plus de 1 000 startups "comme la halle Freyssinet à Paris". Coincé au milieu des querelles Toulouse Métropole / Sicoval, le CEO de Sigfox a choisi de proposer son projet à l'État et à la Région, qui pourraient débloquer des subventions. Mais le Sicoval souhaite garder la main sur le projet immobilier. Les nouveaux sièges de Sigfox et de l'IoT Valley doivent sortir de terre d'ici à fin 2017.
Sur les 12,5 hectares de terrains que le Sicoval a racheté à Sanofi et mis à disposition, le Campus IoT se déploiera sur environ 8 hectares

Ludovic Le Moan, le CEO de Sigfox et président de l'IoT Valley, veut changer Toulouse. Son objectif : en faire le berceau de l'Internet des objets, une Silicon Valley à la française et construire à Labège un campus de 8 hectares à l'américaine, véritable écosystème dédié à l'IoT et qui réunira startups, grands comptes, écoles, laboratoires, logements et services. L'ambition est grande mais le parcours semé d'embûches.

Dépasser les clivages Sicoval / Toulouse Métropole

Il y a quelques semaines, excédé par les querelles opposant le Sicoval et Toulouse Métropole autour du prolongement de la ligne B jusqu'à Labège, Ludovic Le Moan interpellait les politiques sur leur "manque de vision" pour le territoire. Depuis, l'entrepreneur est passé à l'action en sollicitant l'État et le Conseil régional. La manœuvre a pour but de dépasser les clivages entre Sicoval et Toulouse Métropole qui ralentissent son projet de Campus IoT. Le préfet Pascal Mailhos et la présidente de Région Carole Delga viennent donc de le mandater officiellement pour cela et un projet détaillé doit être présenté avant l'été.

"Pour moi, pas question d'entrer dans le conflit entre le Sicoval et Toulouse Métropole. Ce qui m'intéresse, c'est le projet. Mais, pour que Toulouse existe dans le domaine de l'IoT, il faut faire un seul projet commun et Montaudran (situé sur Toulouse Métropole, NDLR) n'avait pas, selon moi, le niveau suffisant pour accueillir ce campus. Le terrain disponible à Labège (Sicoval, NDLR) est une formidable opportunité, et j'y suis attaché car l'élan est déjà donné sur place avec la présence de l'IoT Valley", explique le CEO de Sigfox.

Ludovic Le Moan veut garder la main sur l'aménagement du Campus IoT

Ludovic Le Moan a décidé d'accélérer la cadence car il n'y aura, selon lui, pas la place en France pour "36 projets" sur l'Internet des Objets. En effet, la ville d'Angers a déjà lancé en juin 2015 la Cité de l'Objet connecté, un projet "un peu estampillé François Hollande", estime le Toulousain (le président de la République était venu inaugurer le lieu). Six mois après son lancement, la Cité de l'Objet connecté affiche un premier bilan de 18 projets en cours et un partenariat noué avec un incubateur situé dans la ville d'Austin, au Texas.

Dans le même temps, à Labège, l'IoT Valley (hébergée dans le bâtiment E-volution) a dû pousser les murs et créer l'IoT 2 : une extension de 2 550 m2 dans l'ancien siège social de Berger Levrault, pour accueillir 18 startups, à l'étroit dans le 1er bâtiment. Objectif ? Répondre à la croissance fulgurante de l'IoT Valley.

"Nous prévoyons une croissance de 55 % d'ici à fin 2016. Il fallait donc réagir et trouver de nouveaux locaux en attendant le campus. Le Sicoval a mis ces locaux à notre disposition et nous avons investi pour les emménager. D'ici à septembre, la deuxième aile du bâtiment qui compte 2 700 m2 sera occupée par les startups du Connected Camp", prévoit Nathalie Fabre, la directrice du programme immobilier de l'IoT Valley.

nathalie fabre iot valley

Nathalie Fabre, la directrice du programme immobilier de l'IoT Valley  © photo Rémi Benoit

Celle qui se définit comme "une pure commerciale, qui voit en 3D et vit l'IoT Valley depuis 3 ans", date de son arrivée à Toulouse, a été mandatée en janvier dernier par Ludovic Le Moan pour bâtir le Campus IoT et sortir le siège social de Sigfox. Elle était auparavant directrice marketing chez France Pari, a aussi travaillé dans l'immobilier aux États-Unis puis dans un cabinet d'architecture en Allemagne.

Aujourd'hui, charge à elle de définir d'ici à fin juin avec un programmiste (en cours de sélection) les espaces et volumes de bâtis qui seront dédiés aux bureaux, logements, services dans le futur Campus IoT.

"Je travaille main dans la main avec le Sicoval sur le sujet, mais nous souhaitons garder la main sur ce projet, avoir un droit de regard sur le phasage, le nom des entreprises qui s'installeront et la nature des services. Car si le Sicoval dispose des terrains, nous sommes les créateurs de valeurs", estime Nathalie Fabre.

Le Sicoval aussi veut "garder la main"

Côté Sicoval, on continue d'afficher un soutien sans faille au projet : "quand on a une perle dans une équipe, pas question de la brider. Nous soutenons Ludovic Le Moan qui nous a donné son accord moral d'installer son siège sur le territoire du Sicoval, mais nous souhaitons aussi garder la main", assure Alain Serieys, vice-président du Sicoval délégué à la politique d'aménagement de l'espace et de l'habitat.

La collectivité a pour cela l'intention de créer avant l'été une société publique locale d'aménagement (SPLA), qui sera chargée de décliner l'aménagement du Campus IoT en accord avec la programmation de Ludovic Le Moan.

"Ludovic Le Moan aura toute latitude à développer son campus mais en accord avec le schéma de développement du territoire du Sicoval car je rappelle que ces terrains nous appartiennent et que la collectivité a aussi le devoir d'aménager pour ses habitants", pointe l'élu.

4 lots, 8 hectares et le siège social de Sigfox livré fin 2017

Sur les 12,5 hectares de terrains que le Sicoval a racheté à Sanofi et mis à disposition, le Campus IoT se déploiera sur environ 8 hectares. Le reste sera utilisé par Carmila, la foncière de Carrefour pour l'extension programmée du centre commercial.

Sur le Campus IoT, un premier lot de 18 000 m2 accueillera le siège social de Sigfox sur une surface qui pourrait occuper 8 000 m2 fin 2017. Dans la foulée, un nouveau siège pour l'IoT Valley y sera construit. Pour ce projet, les équipes de Ludovic Le Moan recherchent un investisseur.

"Nous imaginons un bâtiment qui sera facilement modulable et pourrait se déployer sur 15 000 m2 car notre rêve serait d'accueillir à Labège jusqu'à 1 000 startups comme la halle Freyssinet à Paris", évalue Nathalie Fabre.

Pour le reste, c'est carte blanche et le phasage des autres lots n'est pas arrêté. "J'ai la vision d'un lieu singulier et ouvert qui mêlera entreprises, laboratoires, startups, une école du numérique, des lieux de restauration décalés, pourquoi pas un champ de pastel et des vaches, des logements, un centre aquatique qui pourra être chauffé par les data-centers installés sur le campus", imagine Ludovic Le Moan.

Dans quelques semaines, la présentation du projet donnera le coup d'envoi au Campus IoT et permettra ensuite de mobiliser des subventions de l'État et de la Région. D'ici là, Ludovic Le Moan espère pouvoir afficher des noms de partenaires, industriels prêts à s'engager en tant que cofondateurs (et financeurs ?) sur le projet. Le PDG de Sigfox indique lui, "ne pas vouloir être impliqué financièrement."

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