Sanofi : 900 postes supprimés d'ici 2015 mais pas de détail sur l'avenir du site toulousain

La direction de Sanofi a précisé ce matin ses intentions pour l'avenir du groupe. 900 postes devraient être supprimés en France d'ici 2015 mais « aucune délocalisation de site et aucune modification du nombre de sites industriels en France n'est prévue ». La vocation du site de Recherche de Toulouse reste à préciser. La CFDT à Toulouse se dit choquée.
Tous les jeudis, depuis le début de l'été, les salariés de Sanofi manifestent à Toulouse contre les plans de la direction

Les réunions des Comités centraux d'entreprises prévues ce mardi par Sanofi ont eu lieu au siège social de la recherche et développement à Chilly-Mazarin (Essonne), à Gentilly (Val-de-Marne), à Anthony (Hauts-de-Seine) et sur les sites de production pharmaceutique à Lyon. Des CE boycottés par les syndicats au motif que la procédure est non conforme à la loi car ils n'ont pas obtenu en amont les documents sur le plan qui visait selon eux 2.500 postes sur 28.000.

La direction de Sanofi précise que la réduction de 900 postes en France « consisterait en des aménagements de fin de carrière, des propositions de mobilité et de repositionnement en France ». À Toulouse, Pascal Delmas de la CFDT trouve la décision « choquante » et « regrettable » et dit ne pas comprendre que la direction ne change pas de position. Le fait que 900 postes soient concernés par le plan au lieu des 2.500 annoncés relève selon lui d'un coup de communication, destiné à déstabiliser les salariés. Par ailleurs, la direction a annoncé dans l'après - midi que ces 900 suppressions ne tenaient pas compte des 600 postes menacés à Toulouse, ce qui ferait grimper le chiffre à 1 500. Les Sanofis déplorent également sur leur page Facebook qu'un communiqué de presse ait été envoyé sans qu'ils ne soient avertis.

Concernant le site de Toulouse, le communiqué diffusé par la direction de Sanofi explique que la vocation du site reste à préciser, et évoque de possibles repreneurs : « Sanofi a identifié, pendant l'été, des acteurs susceptibles d'y poursuivre des activités scientifiques ou technologiques. Afin d'approfondir l'ensemble des options, un groupe de travail réunissant les représentants de Sanofi, du gouvernement et des acteurs publics locaux va être constitué rapidement avec pour mission de concrétiser, au cours des prochains mois, des solutions pour le site. »

Calendrier

Pour ce qui relève de la procédure et du calendrier, Sanofi devrait communiquer dans les prochains jours aux partenaires sociaux un projet d'évolution de ses activités en France à l'horizon 2015, afin d'engager avec eux une procédure d'information et de consultation courant octobre. Le RDV est pris pour le 3 octobre selon Pascal Delmas, qui regrette déjà que rien n'ait bougé depuis le 5 juillet dernier. En effet la direction confirme vouloir « créer une nouvelle dynamique de succès pour la Recherche, nécessaire afin d'assurer la pérennité du groupe, (...) améliorer la performance économique des unités industrielles de Sanofi Pasteur pour assurer leur compétitivité sur un marché des vaccins de plus en plus concurrentiel (...), simplifier l'organisation des fonctions support pour répondre à la diversification du groupe et accroitre leur efficacité. »
Seul point positif pour le syndicaliste: "on reprend une procédure normale, la direction devrait nous envoyer les documents nécessaires à la discussion dans les délais". La direction générale de Sanofi, contactée dans l'après-midi, estime qu'elle a "toujours été dans la volonté de dialogue et de concertation avec les syndicats".

Réactions politiques

À noter que le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg avait ajouté sa voix à celles des élus locaux, qualifiant le projet d'inacceptable, selon l'intersyndicale qu'il a reçue vendredi. Aujourd'hui, il estime que Sanofi a "suivi les recommandations du gouvernement" en réduisant l'ampleur des suppressions de postes. Une position nuancée par Pierre Cohen. Pour le Maire de Toulouse, il s'agit d'une "satisfaction d'étape" mais "ce n'est pas une fin en soi", d'autant plus que 600 postes sont toujours menacés à Toulouse. Il fustige l'attitude de "mépris" et "le manque de courage" de la direction de Sanofi envers les salariés. Par ailleurs pour Pierre Cohen, l'oncopole ne se retrouve pas fragilisé " puisque Sanofi y était très peu investi". A l'appel de la direction de Sanofi d'ouvrir un dialogue avec le gouvernement etles élus locaux, le Maire de Toulouse a déclaré qu'il ne voudrait pas rencontrer la direction du Groupe sans les syndicats.


Martin Malvy, président de la Région Midi-Pyrénées, a réagi lui aussi cet après-midi: « Les infos dont nous disposons sont trop partielles pour émettre un avis.
Que la pression exercée sur la direction de Sanofi par le gouvernement, les élus et les organisations syndicales ait conduit à la présentation d'un dispositif moins catastrophique est une chose. Mais qu'en sera t-il exactement pour le site de Toulouse ? C'est une information dont je ne dispose pas. Or, il était le plus menacé. Nous devons rester donc très vigilants et maintenir autant qu'il le faudra nos démarches tant auprès de la direction que du ministère. ».

Pour Pierre Izard, président du Conseil général de la Haute-Garonne, " le Conseil général reste plus que jamais mobilisé aux côtés des salariés du pôle toulousain de Sanofi dans leur légitime revendication pour l'instauration d'un vrai dialogue social contre les licenciements et contre la tentation du groupe pharmaceutique de faire le choix inacceptable des actionnaires au détriment des salariés et d'une activité locale de recherche de très grande qualité."

Jean-Louis Chauzy, président du Conseil économique et social régional réagit également: "Le CESER rappelle que la situation financière du groupe ne justifie ni des fermetures ni des licenciements. Concernant Toulouse, il est temps de sortir du brouillard, c'est pourquoi le CESER demande aux dirigeants du groupe Sanofi de donner toutes les informations nécessaires aux représentants du personnel dans le cadre du comité central d'entreprise sur l'emploi et les activités."


Sophie Arutunian
©photo Rémi Benoit

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