François Jacq, PDG de Météo France, confirme l'installation d'un supercalculateur à Toulouse

Le PDG de Météo France François Jacq était l'invité ce matin de la Matinale Objectif News au Casino Théâtre Barrière de Toulouse. Il a confirmé l'installation d'ici novembre 2013 d'un supercalculateur 5 à 10 fois plus puissant que l'actuel, réparti entre la Météopole et le futur Centre Clément Ader. Il a également évoqué l' "extraordinaire image" de Météo France, et annoncé que l'objectif pour les années à venir est de pouvoir réaliser des prévisions "hyper-locales".
François Jacq

70 personnes ont assisté ce matin à la matinale Objectif News organisée au Casino Théâtre Barrière de Toulouse. François Jacq a répondu aux questions d'Emmanuelle Durand-Rodriguez (rédactrice en chef d'Objectif News) et Paul Lauriac (directeur développement et partenariats de l'ESC Toulouse).

Le PDG de Météo France, 47 ans, est à la tête d'une structure qui compte 3 500 personnes pour un budget de 350 M€. La Météopole, à Toulouse, emploie 1 000 personnes et abritera d'ici le mois de mars une partie du nouveau supercalculateur.
Pour comprendre l'intérêt stratégique des prévisions météo, il suffit de voir que 25 à 30 % du Produit national brut (PNB) est influencé par la météo !

Le supercalculateur

François Jacq l'a confirmé ce matin, l'événement majeur de cette année 2013 pour Météo France est l'installation à Toulouse d'un nouveau supercalculateur. "Le nôtre date de 2008. Nous avons besoin d'une machine plus puissante pour être plus compétitif, assure-t-il. Idéalement, il faudrait le changer tous les 4 ans." Aujourd'hui Météo France dispose dans l'environnement NEC d'une capacité de traitement théorique de 42 milliers de milliards d'opérations par seconde et reste pourtant "en deçà de nos concurrents anglais, allemands, ou encore du Centre européen pour les prévisions météorologiques", les principaux concurrents de Météo France étant Météo Consult ( filiale du groupe Figaro), Météo Group et Agate-Addime. "Le service météo chinois, qui compte 65 000 personnes, va devenir très performant. La Corée, l'Inde et le Brésil sont également dans les starting-blocks", constate François Jacq.
La nouvelle machine, fournie par Bull à la suite d'un appel d'offres, sera "cinq à dix fois plus puissante" et dotée d'un système de refroidissement innovant ultra performant, équipée de processeurs de dernière génération. Elle sera divisée entre le site de Basso Cambo et l'Espace Clément Ader, dont le PRES est maître d'œuvre. Le bâtiment sera livré le 1er novembre 2013, date à laquelle le supercalculateur sera opérationnel.

Des prévisions de plus en plus ciblées

Un outil qui permettra à Météo France d'être concurrentiel sur son cœur de métier : la prévision. Prévoir la météo au kilomètre près, est-ce possible ? Presque, à en croire François Jacq. "L'objectif est de pouvoir prévoir des petits phénomènes très localisés, peut-être pas à un kilomètre près, mais sur une échelle très locale, comme les inondations dans le Var en décembre dernier." Les progrès sont considérables sur les 20 dernières années. Le taux de fiabilité des prévisions à 1 jour est de 87% "Nous gagnons une journée de prévision tous les dix ans. Quand une prévision était bonne à 3 jours il y a dix ans, elle est bonne à 4 jours aujourd'hui. Ce rythme devrait se maintenir au moins 10 ans encore". La recette du progrès pour François Jacq : "le cocktail observation / calculateur et modèles numériques performants."

Au delà de la prévision en elle-même, la communication de l'information est stratégique pour Météo France et dans ce domaine là également des progrès ont été accomplis. "Aujourd'hui, les alertes vigilances sont connues par 90 % des français. Le système de prévention, d'alerte des secours, et de gestion de crise, fonctionne".

Service public "avant tout"

Il faut dire que Météo France a eu le temps de s'adapter aux évolutions de son temps : pour François Jacq, la structure est "une vielle dame" dont les origines remontent au XIXe siècle, lors des débuts de l'industrialisation de la météorologie. "Aujourd'hui Météo France est le bras armé de l'État sur toutes les activités dans lesquelles la météo a un rôle : la défense, l'aéronautique, la santé etc." L'actionnaire de Météo France est l'État. "Le socle de notre activité, c'est du service public. L'observation, le calcul, la recherche fondamentale sont un appui aux missions régaliennes de l'État." En matière de défense par exemple, l'armée sollicite Météo France pour ses opérations au Mali.

Activités commerciales
La partie commerciale s'est développée dans les années 70, "quand Météo France a mis en place des répondeurs téléphoniques pour fournir le bulletin météo". Aujourd'hui, François Jacq reconnaît que même en tant qu'acteur historique, "le chiffre d'affaires n'augmente pas constamment car les exigences des usagers évoluent et certains services deviennent gratuits. Nous ne sommes pas dans une logique de maximisation du profit."
Les clients ? Les entreprises du secteur de l'énergie, des transports, les médias bien sûr, mais aussi l'agriculture. Météo France travaille par exemple avec le vignoble bordelais dans une mission d'aide à la décision : "selon le vent, les vignerons vont adapter leur épandage pour traiter les vignes".
Ces activités commerciales représentent 10 à 15 % de ses activités "mais 60 % de part de marché ", précise François Jacq.

Points forts, points faibles
Les points fort de Météo France ? "Une extraordinaire image, une marque que tout le monde connaît. Une expertise qui n'a rien à envier aux concurrents sur le plan international, et un réel engagement du personnel, une vraie famille." Une qualité qui est aussi un défaut selon le PDG. "La structure peut être lourde et complexe. La difficulté est de s'adapter à un marché concurrentiel et aux nouvelles communications. Parfois, on aimerait avancer à notre rythme, pas à celui que le contexte nous impose."

Sophie Arutunian
©Rémi Benoit

En savoir plus :

François Jacq est diplômé de l'École polytechnique et ingénieur général des Mines. Il a débuté en tant que chercheur au Centre de sociologie de l'innovation de l'École des Mines. Après un parcours de chercheur en histoire des sciences il rejoint le ministère de la Recherche avant d'être pendant 5 ans directeur général de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs.
De 2005 à 2007, il officie au ministère de l'Industrie à la direction générale de l'énergie et des maties premières.
En 2007 il est propulsé à Matignon comme conseiller auprès du 1er ministre François Fillon pour l'Industrie, la recherche, l'énergie et le développement durable. Deux ans plus tard, il prend la direction de Météo France. Il a entamé en 2012 un nouveau mandat de 3 ans.







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