Les relations commerciales entre la France et l'Andorre en baisse depuis 15 ans

Depuis l'année 2000, le commerce entre les deux pays voisins n'en finit pas de décroître. Pendant que l'Espagne s'impose comme le partenaire principal de la principauté, la France peine à trouver des solutions pour redresser la situation.
Le Pas-de-la-Case

Si proche et pourtant si lointaine. Située à près de 160 km de Toulouse, l'Andorre est bien connue des consommateurs français pour ses produits à bas coût. Bien que florissant en apparence, le commerce est en baisse entre les deux pays. En 2013, la France ne représentait plus que 15 % des importations de la principauté contre 27 % en 2000. Même chose pour l'export. Entre 2000 et 2011, les exportations andorranes vers la France sont passées de 26 % à 23 %.

Au total, la France a exporté pour 201 millions d'euros de marchandises en 2014, contre 269,7 millions en 2000. Dans le détail, l'Île-de-France occupe la première place avec 77 millions d'euros d'exportations. Deuxième sur le podium, Midi-Pyrénées exporte pour 44 millions d'euros vers l'Andorre. "Ces exportations ont augmenté de 16 % en 2014", précise la préfecture de région. Troisième fournisseur, le Languedoc-Roussillon envoie pour 16,5 millions euros de marchandises à la principauté.

Si les chiffres peuvent paraître importants, la France fait bien pâle figure face à l'Espagne. En 2014, celle-ci a exporté pour 802,7 millions d'euros de biens. Selon les douanes espagnoles, ses exportations ont même augmenté de 5,5 % par rapport à 2013. Un tel déséquilibre en faveur de l'Espagne n'est pas une constante dans l'histoire des relations commerciales entre les trois pays. En 2013, Andorre a importé 64 % de ses marchandises depuis l'Espagne, contre 47 % en 2000.

Une explication compliquée

Comment expliquer cette situation ? La réponse, forcément multiple, est difficile. Pour certains, à l'instar de Martin Malvy, la raison est linguistique.

"La langue officielle en Andorre, c'est le catalan. Il est naturel que les relations avec la Catalogne soient à un haut niveau, répond le président du Conseil régional de Midi-Pyrénées. Le frein au développement de nos relations, ce sont les communications. Elles sont nettement meilleures entre Andorre et Barcelone qu'entre Toulouse et Andorre."

Pour d'autres, ce sont les difficultés d'accès côté français et les avantages financiers qui ont joué en faveur de l'Espagne. "L'Andorre s'est tournée vers l'Espagne pour des raisons financières", affirme Martine Martinel, députée socialiste de Haute-Garonne et vice-présidente du groupe d'amitié France-Andorre à l'Assemblée nationale.

Une analyse partagée par les services de l'ambassade d'Espagne en France pour qui "la proximité" entre les deux pays et le "facteur prix" ont joué en faveur de leur pays. De son côté, le gouvernement français remarque que "ce mouvement de recul des exportations françaises s'explique aussi par la tendance quasi généralisée des entreprises françaises à confier l'approvisionnement du marché andorran à leur représentation en Espagne".

Autre raison invoquée, l'absence de convention fiscale en application entre les deux pays. Signée le 2 avril 2013 par la France et l'Andorre, cette convention doit être ratifiée par le parlement. Un projet de loi en ce sens a été adopté par l'Assemblée nationale en dernière lecture le 20 janvier dernier.

Ce jour-là, le député socialiste des Pyrénées Orientales et président du groupe d'amitié France-Andorre, Pierre Aylagas s'était exprimé devant ses collègues du palais Bourbon pour défendre le texte.

"Le déséquilibre de nos échanges en faveur de l'Espagne et au détriment de la France doit non seulement être comblé, mais aussi inversé pour peu que le cadre juridique franco-andorran le permette. Il y a de fortes attentes de part et d'autre de la frontière, pour mettre en place une coopération améliorée et renforcée qui vise à redonner à la France une place essentielle dans les relations avec Andorre. Nous l'avons négligée pendant trop longtemps et nos compatriotes en ont pâti. Il y a pourtant des opportunités exceptionnelles à portée de main. Nous pouvons les saisir grâce aux changements de ces dernières années en matière de transparence fiscale et économique."

Après 10 années de travail sur le sujet et des négociations ouvertes depuis 2011, le gouvernement insiste sur l'urgence de la signature de cette convention. "Ce qui est en jeu, ce sont nos relations avec Andorre, le développement économique que nous souhaitons poursuivre avec cette principauté, annonçait aux députés Annick Girardin, la secrétaire d'État au Développement et à la francophonie, le 20 janvier dernier. Aujourd'hui, tant les entreprises que les citoyens attendent, en manifestant une certaine impatience, que l'on ratifie cette convention."

Autre députée en pointe sur le sujet, la socialiste Françoise Imbert, élue en Haute-Garonne, insiste elle aussi sur l'intérêt de cette convention pour les "entreprises et les personnes qui vivent et travaillent en lien avec Andorre".

"Il s'agit pour nos compatriotes Français de l'étranger, de disposer d'un cadre fiscal simple et sécurisé, d'éviter les doubles impositions, mais aussi empêcher des montages d'évasion fiscale. Rejeter cette convention, c'est pénaliser les entreprises et nos compatriotes.

L'Espagne a approuvé, en début d'année, une convention similaire. Les Espagnols représentent près d'un quart des résidents étrangers (sur 70 000 personnes), alors qu'il n'y a que 2 500 résidents français. En Andorre, les activités commerciales et touristiques prédominent. L'Espagne est en tête pour les investissements directs étrangers dans la Principauté, largement devant la France. Signer cette convention fiscale, c'est permettre à la France d'essayer de rivaliser avec l'Espagne."

Relancer les relations bilatérales

Forcément concerné par le sujet, le Conseil régional de Midi-Pyrénées a relancé les relations bilatérales en décembre 2014.

"La rencontre de décembre dernier était la première de la nouvelle phase que nous souhaitons engager, décrit Martin Malvy. Elle avait comme objectif de faire le point sur tout ce que nous faisons déjà ensemble, mais également de dégager de nouvelles pistes et de mettre en place une méthodologie. Nous avons des liens à renforcer et à étendre dans le domaine de l'économie, du tourisme, de l'aménagement du territoire, du développement durable, ou encore de l'enseignement supérieur."

Un groupe de travail, piloté à Toulouse par Marc Carballido, vice-président à la Région en charge des politiques pyrénéennes, a été créé à l'occasion de cette rencontre pour travailler au rapprochement entre les deux territoires.  

Contactée, l'ambassade d'Andorre n'a pas été en mesure de répondre à nos questions du fait de la période de réserve pendant les élections législatives en cours.

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Commentaires 4
à écrit le 08/09/2015 à 15:53
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Etonnant car Andore propose un tas d'avantages fiscaux légaux plutot séduisant au niveau européen (et meme mondial). Pour y avoir implanter mon entreprise il y a 2 ans je conseille meme aux investisseurs de se tourner vers cette région qui est très s...

à écrit le 05/03/2015 à 7:45
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Tiens, un paradis fiscal qui n'est pas dénoncé par les pouvoirs publics français ? C'est qu'ils doivent en profiter, alors (je veux parler "d'intérêt général", bien sur...).

à écrit le 04/03/2015 à 18:30
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C'est ça , Andorre ? On dirait une Base de l'Armée.

le 04/03/2015 à 22:46
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on voit sur la photo un gros village andorran se nommant "le pas de la case" ,c est un gros centre commercial compose de plusieurs disaine de boutiques et hotel,tres prise des habitants du sud ouest de la france pour les prix propose.

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