La Cour des comptes pointe la situation financière alarmante des stations pyrénéennes

Un rapport de la Cour des comptes, intitulé "L'avenir des stations de ski des Pyrénées : un redressement nécessaire, des choix inévitables", publié ce mercredi 11 février, met en évidence une baisse de fréquentation des stations de ski pyrénéennes. La Cour des comptes pointe un enneigement aléatoire, et une “incapacité à investir” dans de nouveaux équipements.

Le constat du rapport de la Cour des comptes est sans appel : "Les stations de ski des Pyrénées font face à une érosion continue de leur fréquentation dans un environnement contraint."

Ce rapport, mené conjointement par les chambres régionales des comptes de Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, suppose que "le ski est un secteur d'activité qui connaît une crise latente dans les Pyrénées, contrairement à ce qui est observé dans les Alpes". Il évoque notamment le niveau d'endettement des stations, qui "atteint régulièrement 300 % ou 400 % du chiffre d'affaires", et les conséquences pour les collectivités locales, "souvent mises à contribution pour apurer la dette".  Ainsi, le rapport indique :

 "Le contribuable public ne peut pas soutenir des stations de ski qui sont dans l'incapacité structurelle d'assurer leur équilibre d'exploitation."

À noter que ce rapport ne concerne que les stations de Midi-Pyrénées et du Languedoc-Roussillon. Les trois stations des Pyrénées-Atlantiques n'ont pas été incluses (Artouste, Gourette et La-Pierre-Saint-Martin).

Fréquentation en baisse

Pour la trentaine de stations de sports d'hiver, qui représente "environ 10 % des parts de marché du ski en France", le rapport déplore une érosion des fréquentations qui stagne autour de "la barre des 5 millions de journées-skieurs". Une clientèle dont 67 % est originaire des trois régions du Sud-Ouest (Aquitaine, Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon).

En cause, principalement : la météo. En effet, la Cour des comptes évoque une volatilité de la fréquentation et des chiffres d'affaires, car les stations sont confrontées "au caractère aléatoire de l'enneigement" du massif pyrénéen. Selon le rapport, "cette instabilité climatique est une menace sérieuse" que les stations doivent anticiper compte tenu "de l'impact du réchauffement climatique" et l'altitude des stations peu élevée.

Ainsi, l'augmentation du chiffre d'affaires est principalement due à l'augmentation des prix des forfaits et non à une hausse de fréquentation.

Une incapacité à financer

Les magistrats s'inquiètent également d'une "incapacité des stations à financer de nouveaux investissements" et mettent en évidence "une aggravation de la vétusté des équipements".

Sur l'ensemble des massifs français, l'investissement annuel des stations a augmenté en passant de 104 M€ en 2010 à 123 M€ en 2013, lorsque sur le massif pyrénéen, il a diminué de 13 M€ à 0,8 M€ sur la même période. Néanmoins, le rapport admet des lourds investissements sur quelques stations. Des investissements qui ont eu, parfois, pour conséquence d'aggraver les problèmes de déficit. L'exemple de Puigmal est cité. La station cerdane, qui est fermée depuis juillet 2013, à l'abandon, car "dans l'incapacité de rembourser sa dette contractée pour financer un nouveau télésiège", précise la cour des comptes.

Solutions?

Cette incapacité à investir, la Cour des comptes l'explique par la taille modeste des stations du massif pyrénéen, "dont les deux tiers ne dépassent pas 5 millions d'euros de chiffre d'affaires".

Ainsi, pour assurer la pérennité des stations de ski des Pyrénées, le rapport insiste "sur la nécessité d'atteindre une taille critique pour ces stations", "une mise en commun des politiques commerciales entre les stations" et "la professionnalisation des moyens de gestion et le développement d'activités sportives autres que le ski alpin".

Investissements 2014-2015 dans les Pyrénées

Record pour La-Pierre-Saint-Martin

Le réseau N'PY a investi 34,4 M€ cette année pour les stations de Beille, Peyragudes, Piau, Grand Tourmalet, Pic du Midi, Luz Saint-Sauveur, Cauterets en Midi-Pyrénées ainsi que Gourette et la Pierre-Saint-Martin en Pyrénées Atlantique. En comparaison, 8,2 M€ avaient été investis en 2013.
C'est dans les Pyrénées-Atlantiques qu'a été mis en œuvre le chantier le plus important avec la refonte de près de la moitié du domaine skiable de La-Pierre-Saint-Martin. Porté à 100% par le Conseil général des Pyrénées-Atlantiques cet investissement de 24,3 M€ est le plus important dans les Pyrénées et le 2e en France cette année.

Altiservice mise sur les applis smartphone

Pour les quatre stations Altiservice-GDF Suez (Saint-Lary, Font-Romeu, Artouste et Guzet), l'investissement s'élève à 4 M€ cette année contre 3,6 en 2013. L'accent a été mis sur le développement du Wifi et d'une application téléphone pour accéder aux horaires d'ouvertures, à la météo, et à toutes les informations concernant les stations. À Saint-Lary, 2,4 M€ ont été débloqué pour permettre le doublement de la capacité de production de neige artificielle.

Un plan d'investissement de 46 M€ à Luchon

La Ville de Luchon lance quant à elle un plan de 46 M€ d'investissements d'ici à 2020. 35 M€ seront consacrés à la station Luchon-Superbagnères. Objectif : moderniser les infrastructures touristiques et devenir "la station d'avenir dans les Pyrénées, "quatre saisons" et durable"

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Commentaires 2
à écrit le 11/02/2015 à 19:29
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Plutôt une bonne nouvelle. Les stations de sport d'hiver détériorent le paysage et les écosystèmes et n’apportent qu'un plaisir futiles aux urbains en mal d'aventure. Des pratiques vertueuses et économiques existent en montagne : randonnée, raquett...

le 13/02/2015 à 11:14
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Bah moi j'aime les sports d'hiver et je suis ravi que les stations investissent!! Les stations génèrent de l'activité économique et si elles n'existaient pas il n'y aurait quasiment plus personne à part trois ou quatre bergers...

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