Grippe aviaire : l’arrêt de la production entraînera une perte de 300 M€

La mise en place progressive d’un vide sanitaire pour lutter contre la grippe aviaire dans les élevages du Sud-Ouest a débuté lundi et devrait coûter 300 millions d’euros selon les professionnels de la filière, qui réclament "une vraie solidarité nationale" et des mesures de chômage partiel.

Le dépeuplement des élevages de palmipèdes de 18 départements du Sud-Ouest (tous les départements de Midi-Pyrénées et d'Aquitaine plus la Corrèze, la Haute-Vienne, et une partie de l'Aude, du Cantal et des Charentes) a débuté lundi. Le gouvernement met en place, dans cette zone, un plan sanitaire drastique pour éradiquer la grippe aviaire.

Concrètement, les élevages de canards et d'oies ne peuvent plus recevoir de nouveaux poussins. Cela entraînera une dépopulation progressive des élevages.

"On devrait atteindre une période de vide, sans animaux, en avril ou en mai", explique Bernard Malabirade président de la FDSEA du Gers.

Des mesures destinées à permettre la désinfection de tous les élevages de canards et d'oies de la région. En début de semaine, Carole Delga, présidente de la Région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, et Alain Rousset, président de la Région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, ont rencontré le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll pour permettre la mise en œuvre rapide de la stratégie d'éradication de l'influenza aviaire.

Une perte comprise entre 250 et 350 M€

Le prix à payer est élevé. Le Cifog (Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras) estime ainsi que les pertes pour la filière seraient comprises entre 250 et 350 millions d'euros. Un montant confirmé par plusieurs représentants de la filière et par les services de la région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées (LRMP). Le Conseil régional souligne toutefois qu'il ne s'agit que d'une première estimation.

"La durée du vide sanitaire sera fixée dans les prochains jours par le ministère de l'Agriculture. Par conséquent, l'impact financier pourrait augmenter si la durée de vide sanitaire était prolongée."

Dans le département du Lot, Vincent Labarthe, vice-président de la Région en charge de l'Agriculture, considère que le coût des mesures sanitaires atteindra 30 millions d'euros. "Dans ce département, 600 salariés sont concernés, c'est une crise profonde", souligne-t-il.

Le pire a été évité

Si les mesures retenues par le gouvernement sont sévères, Bernard Malabirade estime que le pire a été évité, car aucune mesure d'abattage préventive des animaux n'a été retenue.

"Nous ne contestons pas les mesures, il faut se débarrasser du virus mais cela va causer beaucoup de dégâts", souligne le président de la FDSEA du Gers.

Dans son département, il estime par exemple qu'entre "2 000 et 4 000 personnes se retrouveront au chômage technique pendant plusieurs semaines voir plusieurs mois".

Relancer les élevages dès le deuxième semestre

Une fois les bâtiments désinfectés, les palmipèdes réintègreront progressivement les élevages du Sud-Ouest.

"Notre objectif est que les élevages puissent redémarrer dès le deuxième semestre 2016", précise-t-on à la région LRMP.

Reste à savoir dans quelles conditions.

"Nous ne savons pas encore si nous pourrons reprendre dès le deuxième semestre à pleine capacité, ni si les éleveurs devront réinvestir pour réaliser des aménagements sanitaires", s'inquiète Laurent Saint-Affre, secrétaire général de la FRSEA Midi-Pyrénées.

Filière en péril

Pour éviter un effondrement de la filière, qui comprend les éleveurs, mais aussi les accouveurs, les entreprises agroalimentaires, les abattoirs et les entreprises de transformation, le gouvernement va devoir adopter des mesures chocs.

"L'État et l'Europe doivent prendre des mesures rapidement. Sinon, autant dire que la filière est morte", conclut Laurent Saint-Affre.

Un avis partagé par le vice-président de la Région LRMP.

"Il faut prévoir des aides directes aux éleveurs et aux transformateurs, la région ne peut pas y faire face seule. C'est aussi la réputation du Sud-Ouest qui est en jeu", souligne Vincent Labarthe.

Mardi 26 janvier, Stéphane Le Foll rencontrera les professionnels de la filière en compagnie de Carole Delga et Alain Rousset pour établir un plan de bataille. Dans un communiqué publié mardi 19 janvier, Carole Delga propose deux pistes de réflexion : le report des cotisations MSA et des remboursements d'emprunts. Mais les éleveurs demandent en priorité la mise en place de mesures de chômage partiel et "une vraie solidarité nationale", précise Bernard Malabirade.

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