À 20 jours du lancement de l'Euro 2016, l'organisatrice de l'événement à Toulouse "garde son calme"

Florence Vallée, 54 ans, est "venue manager l'Euro 2016 pour le compte de l'UEFA à Toulouse". Autrement dit, c'est elle qui organise l'événement dans la Ville rose, avec 1 500 personnes sous ses ordres. À 20 jours du début de la compétition, celle qui est garante de la réussite de l'événement a un objectif : "garder son calme !". Entretien avec une manageure moderne et enthousiaste.
Florence Vallée gère le site de Toulouse pour l'UEFA dans le cadre de l'Euro 2016

Vous êtes la grande organisatrice de l'Euro 2016 à Toulouse. Concrètement, quelles sont vos missions ?

Ma mission est d'organiser et de mettre en musique une trentaine de projets de l'UEFA pour faire en sorte que la symphonie soit réglée ! Cela concerne la compétition (donc le terrain, les buts, les vestiaires, qui doivent être conformes aux normes et aux cahier des charges de l'UEFA), mais il y aussi tout ce qui concerne le transport des VIP de l'aéroport à l'hôtel, de l'hôtel au stade, du stade à l'hôtel, etc.

On peut également parler de tout ce qui concerne le ticketing. Quand le grand public va arriver, il faut que les tickets soient lus par des crayons chimiques et que l'interface des systèmes se passe bien. Ce sont des choses extrêmement techniques. Il y a aussi des choses plus générales comme le nettoyage du site : ce n'est pas si simple que ça !

Je gère aussi toutes les accréditations médias et la production télé. Nous venons de finir de poser 90 kilomètres de câbles juste pour la télé ! Je m'occupe des sponsors, de la déco, de la signalétique, des traiteurs, de la logistique, du transport, des parkings, du marketing (faire respecter les contrats avec les sponsors).

Qui sont vos interlocuteurs ?

Je travaille avec la Mairie de Toulouse et la préfecture en ce qui concerne le protocole et la sécurité, mais également sur l'aspect mobilité, transports en commun, gestion des déchets...

Je travaille par ailleurs avec une équipe qui ne cesse de grossir et qui comptera 1 500 personnes le jour du lancement de la compétition, le 10 juin prochain.

À 20 jours du début de la compétition, quelle est votre priorité ?

Ma préoccupation présente et personnelle est de garder mon calme ! Si j'écoutais tout le monde, je penserais que c'est la catastrophe partout. Mon rôle est d'amener le recul nécessaire aux équipes pour leur dire "ce n'est pas si grave. On va trouver une solution". Je dois aussi arrondir les angles entre les différentes compétences : celui qui s'occupe de l'aspect technique du site ne voit que ses propres problèmes, liés à la technique. Par exemple, s'il est en retard sur le câblage, il n'a pas conscience de l'effet domino sur les autres activités. Je dois gérer cela.

Vous gérez une équipe internationale et composée de différentes métiers : quelle est votre stratégie en termes de management ?

Je crois que l'on atteint en ce moment en France la fin du management vertical. Il n'a pas de sens et déresponsabilise les gens. Il consiste à dire aux salariés : "ne regardez pas à côté, ça ne vous regarde pas". Le management vertical va à l'encontre d'une équipe motivée et concernée, car il est basé sur la rétention d'informations. Les managers gardent l'information car ils pensent que ça leur donne du pouvoir, mais c'est un très mauvais calcul. Les gens ne sont pas idiots : plus vous leur donnez d'informations, plus ils se sentent importants et motivés. Dans l'équipe de l'Euro 2016 Toulouse, il y a des gens de tous les niveaux d'études, de tous les métiers, de plusieurs nationalités, avec des habitudes de travail et des process différents. Mon rôle est de les amener à un certain niveau d'exigence qui me semble être le seul gage de la qualité de l'événement qu'on livre. J'espère que je vais y arriver !

Y a-t-il un management féminin ?

Je ne sais pas, mais oui, peut-être. Je pense qu'il faut tous les jours se ravir de ce que l'on a accompli et qu'il important de dire "merci" à ses collaborateurs. Est-ce féminin ? Un peu sans doute...

Que ferez-vous après l'Euro 2016 ?

J'aimerais pouvoir aider des entreprises qui ont des problèmes au sein de leurs équipes. Faire du conseil ou du coaching, cela m'intéresserait beaucoup. Aider les manageurs à savoir comment tirer le meilleur de chaque personne. Il ne s'agit pas de manipulation, mais de communication, de comment trouver un terrain commun, ce qui est la base de la communication et de l'avancement des projets.

Qu'est-ce qui vous plaît dans l'événementiel ?

D'abord, je travaille avec une équipe relativement jeune et internationale, ce qui est une vraie satisfaction. On sait que l'on travaille dans un temps court sur un objectif commun, c'est très agréable. Je comparerais cela à un tournage de film : c'est une histoire d'hommes et de femmes, et c'est émotionnellement très fort. Mon moteur est l'adrénaline que tout cela procure : tous les matins, on sait qu'on se lève pour accomplir quelque chose.

Le parcours de Florence Vallée

Passionnée d'événementiel, Florence Vallée a travaillé à l'organisation des plus grandes compétitions sportives du monde : des Jeux Olympiques d'Albertville en 1992 à ceux d'Athènes en 2004, de la Coupe du monde de football en 1994 aux États-Unis à celle du Brésil en 2014, des Raids Gauloises en Afrique du Sud aux Jeux asiatiques au Kazakhstan, en passant par la Coupe du Monde de rugby en France en 2007 ou les Grands Prix de Formule 1. Elle a aussi participé au montage de plusieurs sommets politique (G20, G8). Diplômée d'une école de commerce de Paris, elle assure avoir "pris en marche le train de l'industrialisation de l'événementiel". Elle est née en Bretagne et vit à Toulouse depuis 2012 après 25 années passées à Paris.

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