100 millions d’euros pour Sigfox, la plus grosse levée de fonds d’Europe

Dirigé par Ludovic Le Moan et Anne Lauvergeon, l’opérateur télécoms conclut sa quatrième levée de fonds. Après avoir levé 15 millions d’euros en décembre 2013, Sigfox lève cette fois 100 millions d’euros, un record. L’entreprise implantée à Labège, près de Toulouse, va accélérer le déploiement de son réseau mondial cellulaire bas débit destiné au marché de l’internet des objets. Trois opérateurs téléphoniques mondiaux, trois industriels et un fonds américain rejoignent les investisseurs historiques de l’entreprise.
Anne Lauvergeon et Ludovic Le Moan

Sigfox, qui n'a que 4 ans, rejoint Deezer dans la très short-list des entreprises française capables de lever 100 millions d'euros. En 2014, Blablacar avait certes levé 100 millions... mais en dollars.

L'annonce de la levée de fonds aujourd'hui à Paris est donc une date majeure pour l'entreprise fondée en 2011 par Ludovic Le Moan et Christophe Fourtet. Cette opération légitime en effet la technologie et les ambitions de Sigfox qui va ainsi pouvoir mener à bien ses trois objectifs : déployer son réseau au niveau mondial, multiplier les contrats avec les industriels dans le domaine de l'internet des objets (IoT) et préparer son entrée au Nasdaq en 2016.

Qui sont les nouveaux actionnaires ?

- Trois opérateurs télécoms : NTT Docomo (opérateur mobile numéro un du marché au Japon), SK Telecom (opérateur de téléphonie mobile sud-coréen) et Telefonica (Espagne).
- Trois industriels : Air Liquide, GDF Suez et Eutelsat.
- Un fonds d'investissement : l'américain Elliott Management Corporation, le fonds  d'investissements américain basé à New York.

"Avec cette levée de fonds, explique Ludovic Le Moan, nous positionnons Sigfox comme un acteur majeur de l'internet des objets. Au delà du cash lui-même nécessaire au déploiement du réseau, j'ai surtout cherché à m'assurer la caution d'opérateurs télécoms et d'industriels. Cette levée de fonds est bien plus qu'une opération de financement car, au regard des manifestations d'intérêt que nous avons reçues, il est certain que nous aurions pu lever bien plus de 100 millions d'euros. Cette opération revêt un caractère stratégique pour conduire l'entreprise vers un succès mondial et faire partie du standard 5G."

Ludovic Le Moan et Anne Lauvergeon, qui refusent de détailler la répartition de l'actionnariat et le montant des participations, précisent qu'il n'y a pas d'actionnaire dominant. L'entreprise ne devient pas brutalement ni américaine, ni asiatique, pas plus qu'elle n'est entre les mains d'un opérateur télécoms ou d'un industriel.
Le capital reste majoritairement français, même si Ludovic Le Moan précise que "Sigfox est désormais une entreprise européenne qui vise un rayonnement mondial". À noter que tous les investisseurs historiques de l'entreprise (Intel Capital, BPIFrance, Elaia Partners, Partech Ventures International et iXO Private Equity,  IDInvest) restent dans l'actionnariat. BPIFrance confirme son soutien à l'entreprise en souscrivant un montant important sur cette opération.

Les opérateurs télécoms

"L'entrée au capital d'opérateurs télécoms (NTT Docomo, SK Telecom et Telefonica) légitime Sigfox comme une technologie et un réseau complémentaire du GSM et du wifi, estime Ludovic Le Moan. Elle prouve la légitimité de notre réseau au niveau mondial et va nous aider à faire de Sigfox le standard télécoms de l'IoT. Pour cela, il ne suffit pas d'avoir la meilleure techno, il faut avoir les bons partenaires. Par ailleurs, les 3 opérateurs qui entrent au capital nous aideront à déployer le réseau dans les zones où Ils sont déjà puissants : l'Asie et l'Amérique Latine."

3 opérateurs étrangers mais pas d'opérateur français ? "Je considère qu'Orange aurait dû légitimement participer à cette opération", affirme le chef d'entreprise toulousain. En janvier, Stéphane Richard, le PDG d'Orange avait considéré comme stratégique le développement dans l'internet des objets tout en estimant que le réseau Sigfox n'apparaissait "pas nécessaire à court terme". "Nous sommes en train de prouver le contraire", ajoute Ludovic Le Moan.

Les industriels

GDF Suez et Air Liquide font également leur entrée au capital de Sigfox.

"Ils sont positionnés depuis de nombreuses années, explique Ludovic Le Moan, dans le machine to machine en technologie GSM et cherchaient une technologie alternative leur permettant de connecter davantage d'objets pour la transmission directe et automatique de données."

Eutelsat est le troisième actionnaire industriel qui souhaite prolonger la couverture terrestre de Sigfox par une connexion satellitaire en s'appuyant sur le même protocole.

Déploiement mondial

Sigfox va financer son développement en Amérique du nord et préparer son entrée au Nasdaq en 2016. L'été dernier, la FCC, l'autorité de régulation des télécoms américaine, a autorisé Sigfox à déployer son réseau et l'entreprise vise "une couverture significative du territoire américain" qui devrait être facilitée par les investisseurs américains Elliott Management Corporation et Intel Capital (entré au capital en 2012). L'entreprise vise aussi le Canada ainsi que, grâce à Telefonica, l'Amérique centrale et l'Amérique latine. Aujourd'hui, seule une présence en Afrique  manque dans le déploiement de Sigfox mais des discussions sont en cours.

Un marathon d'un an

Ludovic Le Moan le reconnaît, l'opération a été "très compliquée".

"Depuis décembre 2013 et la précédente levée de fonds (15 millions d'euros), il a fallu développer l'entreprise, multiplier les accords industriels, prouver l'existence d'un futur marché et démontrer la légitimité d'opérer une levée de fonds de 100 millions d'euros. Rapidement, nous nous sommes aperçus que nous étions assez connus et identifié par les opérateurs et les industriels mondiaux. Nous avons eu de très nombreuses manifestations d'intérêt (industriels, purs VC, opérateurs) et nous avons compris que nous pouvions lever plusieurs fois 100 millions d'euros. Il a donc fallu 'sélectionner' les propositions en fonction des intérêts stratégiques de l'entreprise."

Et maintenant ?

Déjà présent dans la Silicon Valley, Sigfox va créer un bureau sur la côte Est ainsi qu'en Asie, notamment à Singapour. L'entreprise doit aussi s'installer dans plusieurs pays européens et embaucher autour de 150 personnes dans les deux ans à venir.
À Labège, Ludovic Le Moan souhaite continuer à développer la Tic Valley qu'il a créée en 2012 pour accélérer le développement des start-up du numérique. "Je souhaite désormais qu'autour de Sigfox se crée une véritable IoT Valley. J'espère attirer d'autres industriels pour développer un écosystème des objets connectés."

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Commentaire 1
à écrit le 11/02/2015 à 11:47
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Si Sigfox a du potentiel, Anne n'y est pas pour rien ... Chapeau bas Madame ! Bravo aux équipes de SigFox et bonne continuation. Faites rayonner la France et Toulouse.

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