Introduction au Nasdaq, recrutements, déploiement mondial. Anne Lauvergeon confie, à Toulouse, sa stratégie pour Sigfox

Anne Lauvergeon, présidente du Conseil d'administration participait à l'Innovation Day de la Tic Valley jeudi 25 septembre à Labège. L'ancienne présidente d'Alcatel et d'Areva, présidente de la commission Innovation 2030, dirige, avec Ludovic Le Moan, l'opérateur de réseau cellulaire bas-débit. Tous les deux poursuivent le déploiement mondial du réseau et préparent l'introduction de Sigfox au Nasdaq à New York. Interview croisée.
Anne Lauvergeon et Ludovic Le Moan voient grand pour Sigfox

Comment voyez-vous Sigfox dans un an ?
A.L. - Dans un an Sigfox aura fait du chemin car nous sommes dans une phase d'accélération intense. Nous allons déployer notre réseau aux États-Unis, le pays qui va développer le plus vite les objets connectés. Nous venons d'obtenir l'autorisation de la FCC (le système fédéral des télécoms américains, NDLR). C'est une percée significative pour Sigfox déjà déployé en France, en Espagne, au Royaume Uni et aux Pays-Bas. Nous sommes en cours de signature en Europe (Portugal, Suisse, Belgique, Suède, Autriche, Italie et Allemagne) en Amérique du Nord et en Asie Océanie (Inde, Chine, Corée du Sud, Japon, Australie, Thaïlande et Indonésie). Nous sommes également en pourparler avec une vingtaine de pays d'Afrique.

Qu'est-ce qui peut arrêter Sigfox ?
L.L.M. - Si on exécute bien l'année 2015, nous sommes quasiment irrattrapables. Nous aurons créé un écosytème et une empreinte mondiale. Dans le domaine du mobile, et malgré leur technologie, Windows et Microsoft n'ont pas réussi à détrôner Android et l'IOS d'Apple. Avec une solution de communication très longue portée, peu consommatrice d'énergie, non polluante en termes de rayonnement électromagnétique et à un coût très faible, nous sommes très en avance. Les industriels qui développeront des applications et des services auront intérêt à utiliser notre réseau. La concurrence apparaît mais elle a deux ans de retard.

Quelles sont les ambitions de Sigfox ?
L.L.M. - Notre croissance va très vite, l'enjeu est colossal. Les risques technologiques sont derrière nous. L'enjeu est maintenant de déployer commercialement. Nous voulons être leader mondial. Les citoyens du monde entier vont être entourés d'objets connectés. De la même façon que tout le monde se met à faire des applications sur l'App Store, tout le monde développera des objets connectés. Une porte s'ouvre vers un nouveau monde.

Sigfox a fait l'objet de plusieurs offres est très courtisée. Avez-vous plus d'offres de rachat qu'il y a quelques mois ?
A.L. - Oui mais notre but n'est pas d'être rachetés. Nous voulons nous développer pour devenir une très belle entreprise.
L.L.M. - Nous n'allons pas vendre. Nous sommes dans la phase de préparation de l'IPO (Initial Public Offering, introduction en bourse, NDLR). Il y aura d'abord une phase de refinancement de l'entreprise début 2015. L'IPO est prévue pour 2016. L'enjeu est de couvrir le plus rapidement possible les États-Unis et s'introduire au Nasdaq à New York.

Sigfox va-t-elle recruter ?
A.L. - Nous étions 45 il y a an, 80 cette année et les effectifs devraient, au moins, doubler d'ici à un an. Nous voulons être leader mondial. Il nous faudra donc des structures beaucoup plus puissantes que celles d'aujourd'hui. Nous recherchons des profils en R&D, ingénieurs, support, commerciaux, marketing avec une bonne vision internationale. Si l'entreprise fait plusieurs milliards d'euros de chiffre d'affaires, mécaniquement, nous aurons besoin de milliers de personnes.

Avec ses ambitions mondiales, Sigfox peut-elle rester à Toulouse ?
L.L.M. - Oui. Nous avons des équipes à Paris, à Madrid, aux États-Unis et, pour l'instant, nous n'avons pas prévu de déplacer le siège. Autour de nous, de nombreuses jeunes entreprises se développent d'ailleurs dans notre sillage.

Anne Lauvergeon, votre arrivée à la présidence du conseil d'administration de Sigfox a surpris. Comment avez-vous vécu les choses ?

A.L. - J'ai été étonnée de l'étonnement général ! Aux États-Unis, c'est tout à fait normal qu'un dirigeant de grande entreprise devienne patron d'une start-up prometteuse. En France, ça n'existe pas car tout est cloisonné avec pour conséquence souvent que les petites entreprises ne deviennent jamais grandes. J'espère faire école et donner envie à de grands chefs d'entreprise de s'engager aux côtés de pépites car l'aventure est exaltante. Moi, j'arrive dans une entreprise où un travail remarquable a été fait et où il faut désormais accélerer.

À travers Innovation 2030, vous voulez faire émerger les futurs champions de l'économie française. Quel est votre plan ?
A.L. - Nous avons lancé dans le cadre du Programme d'Investissements d'Avenir et en s'appuyant sur Bpifrance, un concours mondial d'innovation qui est en cours. Les entreprises du monde entier peuvent candidater à condition qu'elles investissent et créent de l'emploi en France et qu'elles s'inscrivent dans 7 ambitions stratégiques : Le stockage de l'énergie, le recyclage des métaux, la valorisation des richesses marines, les protéines végétales et la chimie du végétal, la médecine individualisée, la valorisation des données massives (big data). Je suis frappée par l'énergie déployée par de très nombreux chefs d'entreprise de start-up. Ils font mentir l'auto french bashing permanent que nous nous infligeons à nous mêmes.

Propos recueillis par Emmanuelle Durand-Rodriguez @emmanuelleDR
© photo Rémi Benoit

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