La librairie indépendante Privat a rouvert ses portes aujourd'hui, portrait du "sauveur" Benoît Bougerol

La nouvelle librairie Privat a rouvert ses portes aujourd'hui ! Après quelques jours de fermeture pour mettre en place un nouveau système informatique, la librairie indépendante (qui ne fait plus partie du groupe Chapitre), accueille de nouveau le public au 14 rue des Arts. Benoît Bougerol, le nouveau propriétaire, annonce que l'objectif est désormais de reconstituer les stocks par l'achat de 10 000 livres. Celui qui fait figure de "sauveur" de l'enseigne historique se décrit lui-même comme "catho de gauche pratiquant".
Grâce à Benoit Bougerol, Privat, librairie indépendante, a rouvert ses portes ce vendredi

La nouvelle librairie Privat a rouvert ses portes aujourd'hui ! Après quelques jours de fermeture pour mettre en place un nouveau système informatique, la librairie indépendante (qui ne fait plus partie du groupe Chapitre), accueille de nouveau le public au 14 rue des Arts. Benoît Bougerol, le nouveau propriétaire, annonce que l'objectif est désormais de reconstituer les stocks par l'achat de 10 000 livres. Celui qui fait figure de "sauveur" de l'enseigne historique se décrit lui-même comme "catho de gauche pratiquant". Ce passionné de philo, discret mais ambitieux, entend redonner à Privat son prestige et son chiffre d'affaires. Portrait.

À l'écouter, il est arrivé là presque par hasard. Benoît Bougerol a racheté cet été l'emblématique librairie Privat, au 14 rue des Arts à Toulouse. Déjà propriétaire de La Maison du Livre de Rodez, ce père de famille de 56 ans n'a rien demandé. Il a saisi une opportunité : "Quand on a su que le groupe Chapitre voulait céder le bail de Privat, mon ami Christian Thorel (patron de la Librairie Ombres Blanches à Toulouse, ndlr) m'a appelé pour me dire "je ne reprendrai pas Privat, mais je vous aiderai à le faire". Ca a été le déclencheur." Idem il y a quelques années quand son père, en 1992, lui propose de reprendre sa librairie toulousaine, Jouanaud Siloë. Déjà épris de littérature, Benoît Bougerol est pourtant à l'époque ingénieur commercial chez IBM. "Ma femme m'a incité à accepter." Il a dirigé la boutique pendant 9 ans, avant de la céder, en 2001, pour reprendre la Maison du Livre de Rodez : "La propriétaire, Danielle Dastugue, avait décidé de se consacrer aux Éditions du Rouergue, qu'elle avait créées. Elle m'a proposé de prendre sa succession. Il s'agissait d'une structure à rayonnement départemental, le challenge était intéressant, j'ai dit oui." Benoît Bougerol est donc le genre d'homme que l'on vient chercher, quand on a besoin de lui.

Mais derrière la modestie affichée, l'entrepreneur aguerri gère, calcule, anticipe. Benoît Bougerol a fait de La Maison du Livre de Rodez la deuxième librairie indépendante de Midi-Pyrénées avec un CA de 3,6 M€. Ancien président du Syndicat de la Librairie Française (c'est sous sa présidence qu'est votée la possibilité pour les collectivités locales d'exonérer les librairies indépendantes de taxe professionnelle), il maîtrise sur le bout des doigts le prix des livres, le rapport de force entre éditeurs et libraires, et le combat des librairies indépendantes "qui garantissent la diversité éditoriale et culturelle". Son avis est sans équivoque sur la volonté politique de maintenir la culture dans les cœurs de ville : "En France, en laissant la grande distribution vider les centres-villes, les élus ont fait n'importe quoi", s'agace-t-il. Un engagement concret, puisqu'il est président de la commission "commerce et services" de la CCI 12 et président de la commission "commerce" de la CCIR Midi-Pyrénées.

Pour Privat, l'objectif est clair : doubler le chiffre d'affaires, qui atteint aujourd'hui 2,4 M€. "Privat doit retrouver sa place. Le quartier n'est pas le plus pauvre de la ville, les gens y ont du pouvoir d'achat, il faut reconstruire l'offre. Il n'est pas logique d'avoir une offre inférieure à celle de villes comme Bordeaux ou Montpellier." D'ici 2014, l'annexe de la rue Gambetta, spécialisée sciences et médecine, sera rapatriée au sein des 750 m2 du 14 rue des Arts. Les rayons jeunesse, sciences humaines, et histoire, "rayons maltraités" selon lui, seront étoffés. Sa stratégie : rentabiliser les mètres carrés.
Ironie du sort, Benoît Bougerol connaît depuis longtemps Jörg Hagen, président du groupe Chapitre, et désormais ancien propriétaire de Privat : "Il a cru qu'en centralisant les achats, il allait pouvoir faire pression sur les éditeurs et avoir de meilleures conditions, ce que ni la Fnac, ni Cultura n'ont jamais obtenu. C'était une erreur stratégique".

Que fera Benoît Bougerol après ? Il ne le sait pas, d'ailleurs il n'a jamais élaboré de plan de carrière. "Je suis un organisateur plutôt qu'un créatif" concède en souriant celui qui veut "redonner de l'impulsion à un monde endormi". Fervent croyant, ce féru d'histoire et de philosophie parle avec la douceur des rêveurs et la précision des experts. On se dit instinctivement de lui qu'il est "gentil". Mais en le quittant plane le sentiment d'avoir, malgré tout, rencontré un véritable businessman.

Sophie Arutunian
© photo Rémi Benoit

Benoît Bougerol est-il Michel Houellebecq ou Marc Lévy ? Lève-tôt ou couche-tard ? Révolutionnaire ou conservateur ? Beatles ou Rolling Stones ?

Pour le savoir, ouvrez le dernier numéro d'ObjectifNews actuellement en kiosques p.58 pour lire le portrait complet du "sauveur" de Privat!

L'enquête de ce numéro est consacrée à "Sport &Business, le duo Gagnant"

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.