Polémique autour du financement de la LGV Bordeaux-Toulouse

Comment financer la LGV Bordeaux-Toulouse ? Ce jeudi, élus et chefs d'entreprise ont débattu sur le sujet à l'occasion d'un colloque organisé à Toulouse. Le président du Conseil départemental 31 Georges Méric a confirmé le gel de sa participation au projet. De son côté, le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc a exhorté l'aéroport de Toulouse à participer au financement de ces grands projets.
Jean-Luc Moudenc (Toulouse Métropole), Philippe Saurel (Montpellier Métropole) et Georges Méric (Conseil départemental de Haute-Garonne) au colloque organisé ce jeudi 31 mars par EuroSud Transport/

Le coup d'envoi de la LGV Bordeaux-Toulouse sera officiellement donné le 8 juin prochain, date à laquelle est prévue la publication par l'État du décret sur la déclaration d'utilité publique du projet. La construction de la LGV qui relierait Toulouse et Bordeaux en 1h05 et ramènerait Toulouse à 3h15 de Paris, contre plus de cinq heures actuellement, nécessite 9,2 milliards d'euros d'investissement (en comptant l'aménagement des gares de Bordeaux et Toulouse). Les travaux doivent commencer en 2017 pour une mise en service à l'horizon 2024.

Mais la question de son financement reste entière. Ce jeudi 31 mars, élus, chefs d'entreprises et investisseurs étaient réunis pour un colloque organisé sur ce sujet à Toulouse par EuroSud Transport, association de promotion du projet.

"On nous fait miroiter depuis 30 ans l'arrivée de la ligne LGV alors que la SNCF est lourdement endettée, a estimé le maire de Montpellier Philippe Saurel. L'État prévoit de lancer la déclaration d'utilité publique de la ligne Bordeaux-Toulouse en juin alors qu'on ne sait même pas comme on va la financer. Je suis étonné, dans ce contexte, de voir le président de Toulouse Métropole Jean-Luc Moudenc lancer le chantier du quartier de la gare TGV."

Les collectivités gèlent leurs financements

À l'origine du projet en 2008, 58 collectivités locales ont donné leur accord de principe. Le deal était clair : les collectivités de Midi-Pyrénées s'engageaient à financer la première tranche de travaux, soit la construction de la ligne entre Tours et Bordeaux, en contrepartie du prolongement de la LGV jusqu'à Toulouse.

Mais, dès 2012, le Lot-et-Garonne et le Gers ont annoncé se retirer du projet pour des raisons budgétaires. Sur les 35 collectivités qui ont accepté de financer le tronçon Tours-Bordeaux, seule une dizaine est à jour dans les versements. Les autres ont préféré geler leur participation au projet. C'est le cas notamment du Conseil départemental de Haute-Garonne, qui devait verser 500 millions d'euros.

"Nous avons changé d'époque. Les anciens accords paraissent aujourd'hui aberrants et relèvent du grand délire. Nous n'allons pas financer une ligne Tours-Bordeaux sans avoir l'assurance que le TGV arrive à Toulouse, a déclaré ce jeudi Georges Méric, son président. D'autre part, avec la réforme territoriale, la compétence transports n'est plus du ressort du Département mais de la Région. Si j'ai le choix entre financer six collèges neufs et donner 200 millions pour la LGV, je privilégierais d'abord les collèges."

Même avec le versement total des engagements des collectivités, il manquerait encore 350 millions d'euros pour boucler le financement de la LGV Bordeaux-Toulouse. "Il faut envisager leur financement et leur rentabilité sur leur durée de vie qui dépasse le siècle, comme un emprunt de très long terme", a fait remarquer Jean-Louis Chauzy, le président d'EuroSud Transport. Les défenseurs du projet espèrent également décrocher des fonds européens. Le 29 juin, la Commission européenne a accordé une enveloppe de 13 milliards d'euros, dont près de 12 millions d'euros pour la ligne Montpellier-Perpignan.

Autre piste évoquée, la possibilité de se tourner vers des investisseurs privés. À leur arrivée, les nouveaux investisseurs chinois de l'aéroport Toulouse-Blagnac avaient proposé d'investir dans le projet de quartier Toulouse Euro-Sud-Ouest. Pourraient-ils investir dans la LGV ? Pour l'heure, aucune déclaration publique en ce sens n'a été faite. Qu'en est-il des principaux acteurs économiques régionaux ? Présent au colloque, le président du directoire de l'aéroport Jean-Michel Vernhes a lancé :

"Je suis exploitant de l'aéroport. Mon métier n'est pas de financer des lignes de métro ou de train."

Jean-Luc Moudenc a rétorqué du tac-au-tac :

"Grâce à votre excellente gestion, l'aéroport dispose de 50 millions d'euros de réserves. Vous voulez une liaison directe depuis l'aéroport via la troisième ligne de métro ? Si vous réinvestissez ces réserves auprès des actionnaires publics de l'aéroport, cette somme pourra financer l'infrastructure et vous aurez la troisième ligne !"

L'échange illustre une fois de plus la crispation autour du financement des grands projets de transports.

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Commentaires 4
à écrit le 01/04/2016 à 22:27
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Le TGV est en train de tuer le rail. La redevance de RFF augmente au fur et à mesure des nouveaux investissements de lignes nouvelles. Si les nouvelles lignes ne sont pas rentables, la Sncf augmentera encore le prix des billets. Avec l'impact des hau...

à écrit le 31/03/2016 à 21:08
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Ils continuent à rêver et à fantasmer , Messieurs les élus, polémiquez encore et encore, la LGV Bordeaux-Toulouse ne se fera jamais! Signer le président de TGV Albret...

le 01/04/2016 à 13:30
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L'utilisation des mots comme jamais ou toujours, doit être accompagnée d'une extrême prudence... Dans le cas présent, il est beaucoup de forces en oeuvre derrière ce projet et des arguments objectifs comme le bilan carbone, qui poussent à sa réalisa...

à écrit le 31/03/2016 à 20:16
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Et si un appel à fonds participatifs aux internautes par Leetchi, était fait ? je trouve que ce serait plus réactif que le plan plan actuel......

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