Pollution visuelle et publicité urbaine, Toulouse pourrait-elle suivre l'exemple de Grenoble ?

Le 1er janvier 2015, la municipalité écologiste de Grenoble ne renouvelait pas son contrat avec la société d'affichage JC Decaux, afin d'éliminer de ses rues les affichages publicitaires. Une telle mesure est-elle possible à Toulouse, où sont installés 504 panneaux publicitaires ?
Les panneaux 4x3, typiques des périphéries d'agglomérations

Pour la première fois en Europe, une grande ville, en l'occurrence française, a décidé de bannir les panneaux publicitaires de ses rues pour réduire la pollution visuelle. Cette ville, c'est Grenoble. Éric Piolle, le maire écologiste de la cité alpine, s'était engagé lors des municipales de 2014 à ne pas renouveler le contrat qui liait la ville avec JC Decaux. Ainsi, depuis le 1er janvier 2015 et jusqu'en avril prochain, 326 panneaux, soit 2 000 m2 d'affichages publicitaires, vont peu à peu disparaître de Grenoble, au grand dam du prestataire qui louait l'espace public pour installer ses panneaux. JC Decaux, multinationale française spécialisée dans la publicité urbaine, déplore cette mesure. Il calcule par ailleurs une perte annuelle de 600 000 euros de recettes pour le budget de la ville, pendant 10 ans. En réponse, la mairie de Grenoble affirme qu'en raison de l'effondrement des recettes publicitaires traditionnelles, la redevance à laquelle Grenoble pouvait s'attendre, en cas de nouveau contrat, n'était que de 150 000 euros. Toujours est-il que la cité alpine se prive d'une recette fiscale importante et met en évidence le dilemme auquel sont confrontées les communes : lutter contre la pollution visuelle ou maintenir des recettes importantes en période de rigueur ?

 Bordeaux, précurseur dans la réglementation

Un autre levier, moins définitif, permet de s'attaquer au problème de la pollution visuelle des publicités. Pourtant moins commentée, c'est une autre "révolution" qui a eu lieu en France, dans ce domaine, cette fois-ci à Bordeaux. À partir de juillet 2015, la métropole bordelaise, présidée par Alain Juppé, va appliquer pour la première fois un règlement de publicité bien plus restrictif sur l'ensemble de son territoire, soit 28 communes.

En effet, à partir de juillet 2015, la taille des panneaux sera limitée à 8 m2. Les célèbres panneaux de "4x3" qui fleurissent le plus souvent à l'entrée de nos villes, seront donc supprimés. Cette mesure ne concerne pas seulement le mobilier urbain mais l'ensemble des panneaux publicitaires qui sont essentiellement installés en périphérie de l'agglomération.

Un changement de taille puisque, jusqu'à présent, chaque commune de la métropole girondine disposait de son propre règlement. La nouvelle règle est rendue possible par la loi dite Grenelle 2, votée en 2010. Elle permet "un adossement des règlements de l'affichage publicitaires aux documents d'urbanisme", lesquels relèvent désormais d'une compétence intercommunale. Ainsi, Bordeaux Métropole s'est emparée de ce règlement pour gérer l'ensemble des panneaux publicitaires de la collectivité.

 Et Toulouse ?

En mai 2008, la Mairie de Toulouse, alors dirigée par le socialiste Pierre Cohen, a validé le contrat de 15 ans avec JC Decaux, voté en juillet 2007 par la précédente municipalité après un appel d'offres lancé en octobre 2006. Ce contrat, qui arrivera à échéance en 2023, comporte 504 "mobiliers d'affichages d'information et de communication". Il y a 404 panneaux de 2 m2, dont 54 sont dédiés à l'affichage municipal, 80 panneaux de 8 m2, 20 panneaux de 12 m2. À cela s'ajoutent 50 mobiliers d'affichage d'opinions libres et 20 colonnes spectacles. Ce contrat ne comprend pas les abribus, qui résulte d'un autre appel d'offres, remporté également par JC Decaux.

Le montant total de la redevance annuelle s'élève à 2 M€ par an, soit 30,9 M€ HT pour les 15 ans. Une somme considérable pour les finances publiques de la ville.

La Mairie est toujours en charge du règlement de l'affichage publicitaire. Contrairement à Bordeaux, l'uniformisation de la réglementation sur l'ensemble de la métropole n'a pas été décidée.

Pour Régis Godec, élu EE-LV au conseil municipal de Toulouse et au conseil de Toulouse Métropole, "il faut travailler sur un règlement qui s'attaque aux agressions publicitaires", mais aussi "réfléchir au non renouvellement du contrat passé avec JC Decaux". Comme le maire de Grenoble, Régis Godec affirme : "Les marchés publics ne font plus autant de recettes grâce aux publicités traditionnelles, dont le secteur est en dégradation."

Du côté du PS, le débat n'est pas à l'ordre du jour. Joël Carreiras, conseiller municipal et métropolitain, qui fut l'adjoint en charge des Finances de l'ancien maire Pierre Cohen, confie : "Nous n'avons pas parlé de ce sujet au sein de notre groupe." Sur la question des revenus, il se montre en revanche plus mesuré que l'élu écologiste : "L'équation est difficile, je ne pense pas que les finances de la ville puissent se passer complètement de cette source de revenus", et préfère la voie de la réglementation qui selon lui "est un juste milieu".

Mais aucune de ces mesures ne semble intéresser l'administration municipale et métropolitaine, qui n'a pas souhaité répondre à nos questions sur le sujet.

NB : après la diffusion de cet article sur les réseaux sociaux, Émilion Esnault, conseiller municipal en charge du Mobilier urbain, a réagi publiquement lundi 9 février : "'l'administration municipale' ne se désintéresse pas du tout du sujet. Nous aurons prochainement l'occasion d'expliquer notre action sur le sujet à Toulouse. Nous sommes dans l'action et non dans le commentaire en réaction à ce que font les autres villes."

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Commentaire 1
à écrit le 10/02/2015 à 11:27
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Belle photo Mr Dohin, on peut voir à droite des véhicules stationnés sur le trottoir et la piste cyclable, un camp de gens du voyage qui polluent (branchement illégal sur l'électricité allumée jour et nuit, l'eau qui coule à flot, les ordures sur le...

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