Grosse opération lobbying pour les défenseurs de la LGV à Bordeaux

Jean-Luc Moudenc, Martin Malvy, Alain Rousset... plus de 250 personnalités du monde politique et économique toulousain et girondin sont attendues ce jeudi 7 mai à l'hôtel de Région de Bordeaux pour une manifestation de soutien à la ligne à grande vitesse dans le Sud-Ouest. Cette mobilisation intervient alors la commission d'enquête publique a donné un avis négatif au projet. L'État doit prendre une décision avant l'été. Pourrait-il vraiment annuler la LGV?
Les travaux pour le prolongement de la LGV devaient commencer en 2017.

"C'est le moment ou jamais de se mobiliser !", lâche Valérie Cormier. La directrice d'Eurosud Transport, structure qui promeut les grands projets ferroviaires dans la région, est l'une des 250 participantes de la manifestation de soutien à la LGV organisée ce jeudi 7 mai à Bordeaux. Outre le président de la Région Aquitaine Alain Rousset qui accueille l'événement, de nombreux élus et entrepreneurs venus de tout le Sud-Ouest feront le déplacement. Pour Toulouse, le président de Toulouse Métropole Jean-Luc Moudenc, Martin Malvy le président de la Région Midi-Pyrénées ou encore le président du Ceser Jean-Louis Chauzy ont déjà annoncé leur présence. Le Conseil départemental 31 sera aussi représenté.

Une pétition et un site web lancés pour l'occasion

Parallèlement aux tables rondes prévues, les défenseurs de la LGV vont profiter de l'événement pour lancer officiellement le site internet "La LGV, j'y vais !" assorti d'une pétition en ligne. "Nous voulons faire perdurer la mobilisation au-delà de cet événement du 7 mai", explique le Conseil régional d'Aquitaine.

Cette opération lobbying intervient alors que, le 30 mars dernier, la commission d'enquête publique a émis un avis défavorable sur le projet de ligne à grande vitesse entre Bordeaux et Toulouse. Dans ce rapport, les commissaires estiment que la construction de la LGV présente une "rentabilité socio-économique faiblement positive" et que les retombées économiques "favoriseront essentiellement les deux grandes métropoles" Bordeaux et Toulouse. Déjà, en octobre dernier, la Cour des comptes soulignait que la fréquentation stagnante sur le réseau TGV associée à une rentabilité des lignes en baisse "au fil de nouveaux projets de plus en plus coûteux" ont fait passer sa marge opérationnelle "de 29 % du chiffre d'affaires en 2008 à 12 % en 2013".

Le gouvernement doit trancher "avant l'été"

Le projet de ligne à grande vitesse permettrait de relier Toulouse et Bordeaux en 1h05, ce qui amènerait Toulouse à 3h10 de Paris contre plus de cinq heures actuellement. Les travaux (qui représentent un investissement de 8,3 milliards d'euros) doivent commencer en 2017 pour une mise en service à l'horizon 2024. Mais, avant, la préfecture doit se prononcer sur l'utilité du projet. Le gouvernement a jusqu'au mois de juin 2016 pour rendre ses conclusions mais face à l'inquiétude des élus, François Hollande a précisé que "le maître d'ouvrage y répondra avant l'été". "Le gouvernement prendra rapidement sa décision après avis du Conseil d'État", a-t-il dit le 14 avril dernier lors de son passage dans le Lot.

Pour les défenseurs de la LGV, c'est donc le moment de mobiliser les troupes :

"Beaucoup de gens pensent que l'arrivée de ligne à grande vitesse est déjà acquise. Et, lors de l'enquête publique, ce sont surtout les opposants au projet qui se sont fait entendre. C'est normal puisque lors des enquêtes publiques, ce sont toujours les opposants qui se mobilisent. Mais cela fait 20 ans que les collectivités et les entreprises apportent leur soutien au projet", poursuit Valérie Cormier.

La directrice d'Eurosud Transport rappelle que selon une étude réalisée par l'observatoire économique de la ligne Tours-Bordeaux, pour un euro investi, 3,42 euros de production sont générés dans l'économie française. Les défenseurs de la LGV estiment par ailleurs que les travaux pourraient générer la création de 10 000 emplois dans la région Midi-Pyrénées. Cette vision est contestée par les écologistes. Ils demandent de leur côté un aménagement des réseaux existants "en favorisant le développement de l'ensemble du territoire, pas uniquement des deux métropoles".

L'État peut-il vraiment abandonner le projet ?

Mais le gouvernement peut-il vraiment faire marche arrière ? Pour rappel, le 2 septembre dernier, c'est le Premier ministre Manuel Valls en personne qui avait annoncé le lancement des enquêtes publiques pour la liaison Bordeaux-Toulouse. En février dernier, quand le ministre des transports Alain Vidalies explique se consacrer en priorité à la maintenance "des trains du quotidien" et que les nouveaux projets ferroviaires allaient être différés, il s'empresse de préciser que cela ne concerne pas la LGV Bordeaux-Toulouse. "L'État s'est engagé à financer ce projet", martelait en mars dernier Jean-Louis Chauzy. Le président du Ceser Midi-Pyrénées précisait qu'un colloque sur les modalités financières des grandes infrastructures, dont la ligne à grande vitesse, serait organisé courant février 2016.

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