Pour certains, la nuit de dimanche à lundi a été courte, très courte. Après l'annonce des résultats du 1er tour des régionales en Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées, Carole Delga (PS), Gérard Onesta (EELV) et leurs équipes se sont réunis pour mettre au point leur alliance au second tour. Si la décision de fusionner n'a pris "qu'une demi-seconde" selon Gérard Onesta, l'élaboration de la liste commune a duré près de 14 heures - les négociateurs se quittant en fin de matinée ce lundi - pour prendre en compte les 11 composantes des 2 listes.
Déposée en préfecture dans l'après-midi, la liste de rassemblement "Notre sud en commun" a été construit "dans le respect du vote des électeurs", assure Carole Delga. "Nous avons trouvé une répartition équilibrée dans le respect du vote des citoyens. C'était une évidence. Nous devons être justes dans la représentation de l'expression populaire", a précisé la candidate socialiste lors d'une conférence de presse en fin de journée à Toulouse.
Battre le Front National
L'enjeu pour la gauche unie ? Battre le Front National en tête du premier tour avec 653 547 voix, soit 31,83 % des votes exprimés.
"Dimanche, nos concitoyens auront un choix clair, un choix qui les concernera dans leurs vies de tous les jours. Au vu des résultats et de la situation politique qui en découle, le rassemblement est indispensable, a déclaré Carole Delga. Il s'est fait avec Gérard Onesta, pour une région généreuse, ouverte et solidaire, qui s'inscrit dans l'avenir et non dans le repli sur elle-même.
Le score élevé du FN nous interpelle. Nous mettrons en œuvre une pratique renouvelée de la politique. Nous voulons envoyer un signal à tous les électeurs de gauche et tous les démocrates. Avec nous, cette région restera à gauche mais surtout sera garante de l'égalité sociale et territoriale.
L'extrême droite, ce n'est pas la sécurité, c'est l'insécurité, en particulier pour les familles modestes. À Beaucaire (Gard), la maison du vivre ensemble, où il y avait du soutien scolaire, a fermé faute de subvention de la municipalité FN."
Concernant le maintien de Dominique Reynié au second tour, Carole Delga a regretté une "différence de conception face au risque du FN" : "Comme souvent à droite, M. Reynié a une certaine faiblesse vis-à-vis du Front National et n'a pas une attitude très courageuse. Son maintien est un signal qui sera pris en compte par les vrais républicains."
Convergence malgré des divergences
Après une campagne où les critiques n'ont pas manqué, les deux candidats se réconcilient donc pour un mariage de raison. "Nos programmes ont des convergences", assure Carole Delga. Cette diversité est et sera notre richesse quand nous aurons - je l'espère - la gestion de cette région pour créer des emplois, garantir l'équité territoriale et soutenir l'accès à la culture."
Même vision pour Gérard Onesta :
"Nous avons des nuances, des différences et des désaccords sur certains dossiers (la LGV par exemple). C'est la vie. Nous n'avons pas peur de la confrontation quand elle se fait dans la loyauté et la tentative de comprendre la position de l'autre et de dégager des compromis fructueux pour le plus grand nombre, a-t-il expliqué.
L'assemblée régionale que nous espérons conduire sera riche, plurielle, vivante et parfois contrastée sur certains dossiers. Elle sera toujours marquée de l'envie de bien faire et de rompre avec cette machine à broyer le territoire qui s'appelle le Front National."
Philippe Saurel appelle à voter contre le FN
À 11 h, ce lundi, Philippe Saurel a rassemblé ses têtes de liste à Toulouse. À l'issue de la réunion, le divers gauche n'a pas donné de consigne de vote, rappelant qu'il n'était "pas propriétaire des voix de ses électeurs".
"Notre position est simple, nous considérons que la situation est suffisamment préoccupante pour que nous indiquions notre volonté ferme de nous opposer dimanche prochain au Front National, en considérant que les citoyens du Midi sont libres et responsables. Nous avons confiance en eux", a-t-il indiqué.
Votera-t-il à titre personnel pour la tête de liste socialiste ? "J'appelle à voter contre le FN. Je le dis depuis le début. J'ai toujours été et je reste socialiste, tendance Jaurès", a-t-il répété, refusant de prononcer le nom de Carole Delga.
Plus que jamais, les ponts sont coupés entre le PS et l'ex-PS. "Avec la campagne qu'il y a eu, il n'y a pas et il n'y aura pas de discussion avec Philippe Saurel", affirme un colistier de Carole Delga.
Dimanche soir, les deux têtes de listes ont échangé quelques SMS pour ouvrir un potentiel dialogue mais, s'il est prêt à discuter, le maire de Montpellier n'a "rien à demander" à l'ancienne secrétaire d'État selon son entourage. Philippe Saurel ne devrait d'ailleurs participer à aucun rassemblement ces prochains jours. La campagne du maire de Montpellier s'arrête donc là.
Pour ce dernier, l'essentiel est d'avoir dépassé "de 52 voix" la barre des 5 % et de voir ses frais de campagne remboursés. "Vous me ferez une note pour ces 4 cafés pour mes comptes de campagne", rappelait d'ailleurs Philippe Saurel au serveur du restaurant où il recevait la presse ce lundi.
Réagissant à l'annonce du dissident socialiste, Carole Delga n'a pas voulu trop faire de commentaires : "Philippe Saurel a choisi une position, c'est la sienne. Il est assez déçu de son score. Il essaie de se donner une façade de liberté."
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