Régionales : Louis Aliot (FN) "Mon premier meeting se tiendra à Carmaux, la patrie de Jaurès"

Absent du début de la campagne des régionales, Louis Aliot, le chef de file FN pour Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées, fait sa rentrée politique. En pleine composition des listes, il évoque le maire de Béziers, Robert Ménard, pour une tête de liste dans l'Hérault. Le candidat se positionne en faveur d'un corps de police régional et n'hésite pas à tacler ses opposants, pointant "l'échec de la gauche" et le candidat "de centre-gauche" Dominique Reynié. Interview.
Louis Aliot est la tête de liste du Front National pour la région Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées

Depuis près de six mois, les différents chefs de file en lice pour la présidence de la région Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées sont en campagne. Seul le Front National est absent des débats...
C'est pour ça que nous sommes en tête des sondages !*

Vous estimez que vous n'avez pas besoin de conquérir l'électorat ?
Non, pas du tout. Nous sortons tout juste des élections départementales où nous avons obtenu d'excellents résultats mais cette campagne des régionales n'a pas démarré. La meilleure preuve est que les autres partis sont en train de se creuser la tête pour trouver les têtes de liste, de savoir comment ils vont agencer les uns et les uns, la présidence déléguée de Damien Alary... Je savais très bien que faire campagne cet été ne servait à rien donc, au lieu de me faire mousser, j'ai préparé mon programme, des équipes, des listes. Pour moi, la campagne démarre maintenant.

Quel dispositif de campagne est prévu ?
À partir de cette semaine, j'entame la tournée des départements avec un certain nombre de réunions publiques. Une caravane rurale sillonnera le territoire et deux journaux de campagne seront distribués dans les boîtes aux lettres des habitants. J'ai déjà mon équipe de campagne, les têtes de liste des 13 départements seront communiquées très prochainement et la liste complète sera déposée fin septembre.

Les têtes de liste seront-elles les responsables des fédérations dans chaque département ?
Oui, sauf quelques surprises dans certains départements. Je sors de rendez-vous avez le maire de Béziers (Robert Ménard, NDLR) pour parler de la liste de l'Hérault, donc il n'y aura pas nécessairement que les responsables des fédérations.

La crise de leadership que connaît le FN entre Marine et Jean-Marie Le Pen ne risque-t-elle pas de vous coûter les voix d'une partie de votre électorat qui défend le cofondateur du parti ?
Non, je ne crois pas. Marine Le Pen a été confirmée dans ses fonctions de présidente du Front National et Jean-Marie Le Pen est âgé de 87 ans, il faut bien qu'il passe la main. Quand je vois que je suis toujours en tête des sondages, je ne suis pas inquiet.

Pour ce qui concerne votre programme, quelles sont vos solutions pour enrayer le chômage dans la future grande région ?
Il faut déjà rééquilibrer les territoires et déconcentrer les activités économiques et qui sont aujourd'hui concentrées autour de Toulouse et Montpellier. Notre objectif, c'est de redonner vie à la ruralité. Cela passe par les services publics, l'agriculture, des incitations fiscales pour soutenir le tissu des petites entreprises. Au niveau de la formation, il faut donner plus de pouvoir aux chambres de commerce et aux chambres des métiers plutôt que multiplier les agences de développement économiques régionales...

La sécurité est également un des thèmes de campagne privilégiés par le Front National. Mais il ne s'agit pas d'une compétence qui relève de la Région. La semaine dernière, le chef de file Les Républicains Dominique Reynié a pourtant demandé des effectifs dans les écoles et les TER. Êtes-vous sur la même ligne ?
Puisqu'on veut donner de nouvelles compétences aux régions, il faudra créer un corps de police régional pour les transports, aux abords des établissements les plus difficiles et dans la ruralité.

Quel regard portez-vous sur le début de la campagne ?
J'ai le sentiment d'une grande confusion. Très honnêtement, je ne voulais pas apparaître cet été dans de la politique politicienne. On a vu au Parti Socialiste, cela va très mal. Carole Delga est contestée, même à Toulouse, dans l'équipe du président de Région Martin Malvy, avec Madame Iborra. On voit que l'accord du Parti Radical de Gauche a été obtenu, mais in extremis, en imposant des choix qui ne font pas unanimité. M. Baylet a imposé sa protégée première vice-présidente de la future région. Sans compter que Midi-Pyrénées n'est pas Languedoc-Roussillon. Cette dernière a une tradition d'indépendance avec le Parti Socialiste, ce qu'on a appelé le "Frêchisme" (du nom de Georges Frêche, l'ancien président de la Région, NDLR) et qui a laissé des traces. Et quelle sera la place de l'actuel président de Région Damien Alary ? Je pense qu'ils n'auront pas le temps de voter la loi d'exception en faveur de Damien Alary. Ça l'air très compliqué à gauche avec de la tambouille politicienne. À droite, M. Reynié, lui non plus, ne fait pas unanimité puisqu'il est de centre gauche. Pour l'instant, la campagne a été affaire de partis politiques. Moi, je démarre la campagne auprès de nos concitoyens et je ne me préoccupe pas des autres candidats car ils ne représentent pas ce qu'attendent au fond les électeurs de nos régions.

La première action de votre campagne a été la semaine dernière d'interpeller la Commission européenne sur "le monopole du groupe de presse de M. Baylet". Vous prévoyez d'autres coups politiques de ce type ?
Je pense que c'est une situation anormale au sein de la presse quotidienne régionale et je m'en suis ému. C'était aussi pour montrer à M. Baylet que je n'allais pas me laissez faire par rapport à un certain nombre de ses amis qui m'attaquent par voie de presse ou qui essaient d'organiser le boycott d'information me concernant. C'est l'une des actions politiques que j'ai prévues. Mais pour les régionales, mon action sera centrée autour de la caravane rurale, sur le terrain. Le meeting de lancement de ma campagne se tiendra à Carmaux, dans la patrie de Jaurès, en démontant les uns après les autres les acquis de la gauche car, aujourd'hui, la gauche, c'est un échec complet. Ils ont tout trahi, y compris la pensée de Jaurès. Il faut remettre les choses à leur place. Moi, je joue l'alternative car ils sont tous interchangeables : Malvy aurait pu être de centre droit et Reynié de centre gauche. Nous, nous défendons les traditions, la ruralité et la démocratie directe.

Concernant les migrants, le député PS toulousain Christophe Borgel appelle les maires à accueillir des réfugiés dans leur commune. Quelle est votre position ?
Je pense que c'est totalement démagogique. C'est une posture, car il ne donne pas de nombre évidemment, il ne donne pas d'indications, il joue la solidarité et l'humanisme d'une manière publicitaire. Si, demain, il y a un million de réfugiés qui fuient la guerre, on les met où ? Dans quel logement puisqu'il n'y a pas de logements vacants ? Dans quelles écoles puisque certaines écoles ferment ? Quels emplois puisque le chômage n'a jamais été aussi haut dans notre pays? Que M. Borgel et ses amis commencent par en accueillir chez eux dans leur résidence secondaire. Nous pensons qu'il faut renouer le dialogue avec Bachar Al-Assad en Syrie pour mettre l'État islamique hors d'état de nuire, remettre de l'ordre en Libye car le désordre est du fait de M. Sarkozy et M. BHL (Bernard-Henri Lévy, NDLR). Il faut que les pays du Golfe prennent eux aussi la responsabilité d'accueillir des migrants.

 *Le 3 juillet dernier, un sondage Ifop/Midi Libre place Louis Aliot en tête du premier tour des régionales avec 27 % des voix, devant Dominique Reynié (23 %) et Carole Delga (22 %).

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