Conseil départemental de Haute-Garonne : qui pourrait succéder à Pierre Izard ?

"Ne vendons pas la peau de l’ours." Tel est le leitmotiv officiel de ceux et celles qui convoitent le fauteuil de président du Conseil départemental de la Haute-Garonne. En pleine campagne de second tour des élections départementales, "l’humilité" est plus que jamais de mise. Mais, derrière la prudence de façade, les appétits s’aiguisent. Tour d’horizon des présidents potentiels.
Les candidats potentiels à la présidence du conseil départemental préfèrent rester discrets avant le 2e tour des élections

Pour les candidats aux élections départementales, c'est le Graal. Pourtant, alors que la campagne de l'entre-deux-tours bat son plein, rares sont ceux, en Haute-Garonne, qui admettent ouvertement convoiter le fauteuil de président du Conseil départemental. N'y aurait-il donc personne pour vouloir prendre la suite du socialiste Pierre Izard ? Pas si sûr. Derrière une discrétion de façade, en coulisses, les ambitions se dessinent.

Chez les outsiders, tout d'abord. Au Front national, Julien Leonardelli, candidat dans le canton de Villemur-sur-Tarn, a remporté 30,1 % des voix au premier tour et sera confronté à une triangulaire au second. En cas de victoire, le premier secrétaire du FN31 ne cache pas ses ambitions. "Si je suis élu, je me présenterai à la présidence", annonce-t-il.

À droite et au centre, les perspectives s'éloignent

À droite et au centre, les ambitions d'hier semblent s'éloigner. Car après le premier tour, le contexte a changé. En Haute-Garonne, les candidats de l'union de la droite sont absents du second tour du scrutin dans 7 cantons sur 27. La droite se place seulement en troisième position avec 17,85 % des voix, derrière le Parti Socialiste, en tête avec 26,39 % des suffrages, et le Front National, qui a recueilli 22,32 % des voix. Mécaniquement, ceux qui, en coulisses, se préparaient, il y a encore quelques jours, à briguer la fonction de président du Conseil départemental, sont aujourd'hui beaucoup plus prudents.

À l'image d'Arnaud Lafon, candidat Modem dans le canton de Castanet-Tolosan, qui, malgré ses bons résultats au premier tour (34,09 % des suffrages contre 31,61 % pour ses concurrents de gauche), revoie ses ambitions à la baisse. "La question ne se pose plus", assure celui qui a été le premier, dans son camp, à viser ouvertement le fauteuil de président du Conseil départemental.

"Au vu des résultats du premier tour, ce n'est plus tout à fait à l'ordre du jour, regrette-t-il. La gauche s'est en effet assurée une confortable majorité dans le département."

Les autres candidats potentiels à la présidence à droite et au centre jouent de leur côté la carte de la prudence. C'est notamment le cas de Jennifer Courtois-Périssé, maire sans étiquette de Rieumes, soutenue par Jean-Luc Moudenc. La jeune femme de 30 ans, qui travaille dans l'entreprise familiale, Courtois SA (secteurs de l'aéronautique et du médical), le martèle : "Ne mettons pas la charrue avant les bœufs." Engagée dans une triangulaire dans le canton de Cazères, avec 28,55 % des voix, devant le FN (26,12 %) mais derrière le PS (29,18 %), elle estime "prématuré" d'évoquer le combat pour la présidence du Conseil départemental.

"Même si ça fait vendre beaucoup d'encre et de papier aux journaux", soupire-t-elle, avant d'ajouter : "Il faut avant tout que nous gagnions notre canton."

La même prudence se retrouve chez un autre prétendant pressenti au fauteuil départemental, Jean-Marc Dumoulin. Lui aussi engagé dans une triangulaire dans son canton de Villemur-sur-Tarn, avec 32,15 % des voix (contre 30,1 % pour le FN et 29,8 % pour le PS), il "espère que ça va passer" au second tour. Mais l'homme se dit "lucide".

"Nous sommes dans un département atypique, avec un PS très haut, glisse le chef d'entreprise. Je faisais, c'est vrai, partie des possibles candidats à la présidence. Mais aujourd'hui, je pense que ça va être compliqué, pour la droite et le centre, de prendre le Département. Il y aura sans doute un rééquilibrage au second tour, mais je ne pense pas que nous aurons une majorité de sièges."

À gauche, les appétits s'aiguisent

L'état d'esprit est sensiblement différent à gauche. Conforté par ses bons résultats dans le département, le Parti Socialiste entend cependant rester "humble", comme l'explique François Carbonnel, secrétaire fédéral du PS 31 en charge de la communication. "Nous sommes partagés, confie-t-il. On nous avait prédit que nous mordrions la poussière, notamment à Toulouse. Finalement, nous avons fait un bon score. Alors confiants, non, mais optimistes, oui." En cas de victoire, ce sont "les militants" qui devront désigner celui qui deviendra le président du Conseil départemental. D'ici là, le mot d'ordre est clair : pas de triomphalisme.

"Nous demandons aux candidats de se concentrer sur l'élection de dimanche prochain, explique François Carbonnel. La consigne a été passée de ne pas s'exprimer sur ce sujet."

Tout juste le secrétaire fédéral du PS 31 dresse-t-il le portrait-robot du président de département idéal : "Il faut qu'il soit dans l'innovation et qu'il soit en capacité de rassembler le plus largement possible." Un portrait dans lequel pourrait bien se reconnaître un certain nombre de candidats potentiels. Mais si, en coulisses, les appétits s'aiguisent inévitablement, le mot d'ordre est respecté : pas de déclarations tonitruantes avant la fin du second tour.

Georges Méric ne déroge pas à la règle. Candidat socialiste dans le canton d'Escalquens, il a recueilli 38,24 % des voix au premier tour, contre 23,74 % pour ses adversaires de droite.  "Nous sommes largement en tête, se réjouit ce médecin. Nous sommes donc confiants, d'autant que nous avons des réserves de voix à gauche." L'homme ne le cache pas, en cas de victoire, il sera candidat à la présidence du Département. "Mais passons d'abord le 2e tour", insiste-t-il. Quant aux atouts qu'il pourrait faire valoir face à ses potentiels concurrents, il assure qu'il les présentera à ses "camarades le moment venu".

Humilité et discrétion également chez Jean-Michel Fabre. Élu socialiste sortant dans le canton Toulouse 4 et candidat dans le canton Toulouse 2, le président de l'OPH31 (Office public de l'habitat) se verrait pourtant bien, lui aussi, à la présidence du Département en cas de victoire de son camp. Et ses bons résultats au premier tour jouent, là aussi, en sa faveur : 33,85 % des voix, contre 29,42 % pour ses adversaires divers droite. "Notre situation est plutôt favorable, reconnaît-il. C'est encourageant pour la suite." La suite, une candidature à la présidence du Conseil départemental ?

"Le moment venu, je serai candidat au sein de ma formation politique, annonce Jean-Michel Fabre. Mais j'ai toujours dit qu'il fallait respecter les temps démocratiques. Ce sont les militants qui désigneront le président lors de primaires internes. Nous ne serons pas dans une logique d'affrontement. Chacun pourra défendre ses spécificités."

Pour Alain Fillola, candidat dans le canton Toulouse 10, il est trop tôt pour se prononcer officiellement. Avec 34,89 % des voix recueillis au premier tour, derrière la droite (37,66 %), il fait un bilan plutôt positif. "C'est un bon résultat, car il y avait deux listes à gauche et une à seule droite, analyse-t-il. La tentative d'OPA de la droite n'a pas eu lieu. Je suis donc plutôt confiant, mais prudent." L'homme attendra donc la fin du second tour pour déclarer une éventuelle candidature. "Tout ce que je peux dire aujourd'hui, c'est que j'ai à la fois l'expérience, la maturité et le profil pour présider le Conseil départemental, confie-t-il. En outre, je connais bien la métropole et je saurais bâtir une sorte d'équilibre. Je pense avoir les qualités nécessaires." Et l'envie ?

"L'envie, qui ne l'aurait pas ? sourit-il. Succéder à Pierre Izard serait un formidable challenge, une grande fierté."

Avec 35,55 % de suffrages exprimés au premier tour dans le canton de Toulouse 9, loin devant ses adversaires de l'union de la droite (29,38 %), Jean-Jacques Mirassou dit afficher "un optimisme lucide". "Notre résultat est bon, mais nous devons le confirmer dimanche prochain", confie-t-il. L'homme assure avoir "une idée à peu près précise du profil de celui ou de celle qui pourrait prétendre aux fonctions de président du Département", mais il s'interdit lui aussi "de mettre la charrue avant les bœufs". En creux, cependant, l'ancien sénateur, chirurgien-dentiste de profession, estime "avoir quelques arguments à faire valoir", tout en s'interdisant "de le faire avant l'heure". "Ce serait un manque de respect par rapport aux militants qui désigneront le président", assure-t-il, prônant "une forme d'éthique".

"Nous devons faire en sorte de conforter nos résultats, martèle-t-il. Il sera ensuite presque accessoire de trouver le ou la meilleur(e) d'entre nous."

Un accessoire qui pourrait cependant devenir absolument central dès le lendemain du second tour des élections départementales.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.