Départementales : l'Aveyron va-t-il rester à droite ?

Président du Conseil général de l'Aveyron, l'UDI Jean-Claude Luche, élu sénateur en 2014, est à nouveau candidat sur le canton de Lot et Palanges. Face à lui, une candidature socialiste menée par Christian Lacombe, et un duo Front National emmené par Laurent Bourillon. Entre augmentation de la dette et sauvegarde des départements ruraux, décryptage des enjeux dans l'Aveyron, seul département à droite de Midi-Pyrénées.
Le nouveau Conseil départemental de l'Aveyron à Rodez va-t-il rester à droite ?

"Dans mon département, l'élection est très liée à ma personne", assure Jean-Claude Luche, plutôt confiant quant à l'issue de ces départementales. Élu président du Conseil général en 2008 et réélu en 2011 "contre tous les pronostics", l'ancien maire de Saint-Geniez d'Olt est ainsi à la tête d'une liste appelée "L'Aveyron en marche avec Jean-Claude Luche". "Mon parti, c'est l'Aveyron. Cela va au-delà des clivages. Je ne représente pas seulement l'UDI mais mon département", précise celui qui aime à rappeler qu'il est "un autodidacte".

Fort de son bilan, Jean-Claude Luche fait campagne sur 3 thématiques : la proximité, la solidarité et l'attractivité. "Je suis un homme de terrain", insiste celui qui a été élu sénateur en 2014, "contre deux sénateurs de gauche sortants, dont une ministre, Madame Escoffier". Conscient de l'enclavement de l'Aveyron, il souhaite "faire l'effort sur les axes structurants : les routes, l'aéroport, le numérique". Il défend ainsi les 3 M€ injectés dans l'aéroport de Rodez pour conserver les 2 vols journaliers vers Paris de la compagnie Hop. "Nous n'aurons jamais le TGV", justifie-t-il. Le Conseil général a par ailleurs financé à hauteur de 50 M€ la N88 qui relie Albi et Rodez.

La gestion du budget mise en cause

Une initiative saluée par le PS Christian Lacombe, même s'il faudrait "faire davantage pour sécuriser les petites routes. Elles sont dangereuses car elles ne sont pas balisées." Le candidat socialiste, qui "refuse de rentrer dans l'opposition systématique à Monsieur Luche", regrette par ailleurs "la baisse constante des investissements depuis 2008, que ce soit sur le plan social ou sur celui des équipements. Les plus de 75 ans représentent 17 % de la population de l'Aveyron et le social compte pour 60 à 70 % du budget et ces charges vont peser lourd. "

"L'aide aux maisons de retraites est ainsi passée de 3,5 M€ en 2008 à 700 000 euros en 2013. Or, dans le même temps, la dette a explosé, de 72 M€ à 190 M€. Il y a de quoi s'interroger."

Une interrogation partagée par Laurent Bourrillon. Le candidat Front National a fait de "la réduction de la dette et de la baisse des impôts" ses deux priorités. "À cause des impôts, les PME et les petits commerces ne peuvent plus embaucher." Une attaque réfutée par le président sortant, qui rappelle que "la taxe professionnelle n'existe plus. Par ailleurs, les impôts sur le foncier bâti n'ont pas augmenté."

Salarié de La Poste à Rodez, Laurent Bourrillon pointe également "la mauvaise gestion du département. Un classement de BFM Business place l'Aveyron au 79e rang sur 82 en termes de charges de personnel", note-t-il. "Des accusations farfelues, selon Jean-Claude Luche. Nous sommes à 187 M€ d'encours en 2014. Mais le ratio de solvabilité est de 3,5 ans au 31 décembre 2014."

Natif de Laissac, dans le canton, Laurent Bourrillon assure que "beaucoup de personnes en ont marre de Jean-Claude Luche. Ils veulent un renouvellement. Il ne cherche que les mandats. Il recase ses protégés dans des commissions. Il a également fait envoyer ses tracts avec le magazine du Conseil général." Et de rappeler la promesse du président sortant de quitter son poste pour rester sénateur en 2017, pour se conformer à la loi sur le non-cumul des mandats.

"Toutes ses promesses de campagne ne seront pas tenues car, en deux ans, il n'aura pas le temps", accuse Laurent Bourrillon qui, à 21 ans seulement, participe à sa deuxième campagne après avoir été présent sur la liste DVD à Rodez lors des municipales.

"Nous nous engageons à baisser le train de vie du Conseil général, sur les salaires notamment. Nous sommes prêts à les diviser par deux", assure le candidat FN. Face aux difficultés des départements ruraux et à la réforme territoriale, il veut "tout faire pour sauver les Départements".

Attirer les jeunes

Sur l'attractivité du département, tous les candidats se rejoignent. C'est un des enjeux de cette campagne. Outre les investissements dans les équipements, le président sortant Jean-Claude Luche mise notamment sur le numérique pour désenclaver l'Aveyron. "Nous sommes délaissés par les opérateurs. Ils veulent de la rentabilité et la densité de population est trop faible chez nous. J'ai décidé d'investir 140 M€ sur le département pour la fibre optique. Mais je suis très en colère car pour les Aveyronnais, c'est la double peine : nous sommes très en retard et ce sont eux qui payent."

Un retard pour lequel Christian Lacombe tient le Conseil général responsable. "Il aurait fallu s'en occuper avant", regrette-t-il tout en s'interrogeant sur les solutions possibles pour "garder les jeunes. Nous avons l'un des taux de chômage les plus faibles de France, avec 6 %. Mais cela est faussé par le fait que les jeunes vont chercher du travail ailleurs. Or, les jeunes sont essentiels pour le maintien des services publics." Selon lui, il faut encourager l'installation des agriculteurs, notamment dans le bio. Il s'interroge également sur la possibilité de "créer une aide pour développer les emplois autour de l'environnement, qui servent à la collectivité".

L'Aveyron peut-il basculer ?

"En Aveyron, le redécoupage des cantons est très politique. Les bassins de vie et d'emplois sont effacés. Il est censé favoriser la gauche, mais je ne suis pas inquiet", assure Jean-Claude Luche. "Je sais le travail que j'ai accompli. Je suis quasiment persuadé de conserver le Département, même si je crie pas cocorico", poursuit-il. Une analyse partagée par Laurent Bourrillon, candidat FN, pour qui "le département va rester à droite. Mais nous seront présents lors de plusieurs seconds tours et nous visons un à deux sièges au Conseil général. Chaque voix est un pas de plus vers la présidentielle de 2017."

À gauche, Christian Lacombe, ancien salarié de La Dépêche du Midi à Toulouse et revenu s'installer dans son Aveyron natal, ne veut pas faire de pronostic. Le candidat socialiste reconnaît que "les nouveaux cantons tiennent davantage compte de la réalité de la population. La gauche représente environ 60 % de la population mais seulement 40 % des élus", explique-t-il. Cependant, il craint l'abstention et sait que "la situation nationale va jouer. Il est difficile de se prononcer. Mais, si nous ne sommes pas présents au second tour dans certains cantons, nous adopterons une discipline républicaine."

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Commentaires 2
à écrit le 14/03/2015 à 15:18
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L’Aveyron est un département qui a fait 11 législatures à droite, sont taux de chômage est inférieur à la moyenne et son pib par habitant de 22191 est en dessous de la moyenne à 23398 selon les données 2005. C’est un des rares départements ayant voté...

à écrit le 14/03/2015 à 9:23
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Droite? Gauche? Où est la différence? Leurs "programmes" sont façonnés par les directives de Bruxelles! C'est du haut d'une "pyramide" que les décisions se construisent et non pas des desiderata des électeurs!

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