Réussite business : Jean-Louis Dasseux, la formule du succès

Après avoir connu la consécration aux États-Unis, c'est à Toulouse que Jean-Louis Dasseux a choisi de créer Cerenis Therapeutics. Trois ans plus tard, sa société, spécialisée dans les biotechnologies, affiche une réussite insolente. À l'image de son fondateur.Personne n'y croyait. Qui, en effet, aurait parié, il y a trois ans et demi, sur Jean-Louis Dasseux, apparemment brillant, sans conteste audacieux, mais quasiment inconnu à Toulouse ?

Après avoir connu la consécration aux États-Unis, c'est à Toulouse que Jean-Louis Dasseux a choisi de créer Cerenis Therapeutics. Trois ans plus tard, sa société, spécialisée dans les biotechnologies, affiche une réussite insolente. À l'image de son fondateur.

Personne n'y croyait. Qui, en effet, aurait parié, il y a trois ans et demi, sur Jean-Louis Dasseux, apparemment brillant, sans conteste audacieux, mais quasiment inconnu à Toulouse ? L'objectif semblait en effet démesuré : lever, en quelques semaines, 25 millions d'euros pour financer une toute jeune entreprise, Cerenis Therapeutics, spécialisée dans les biotechnologies. Jean-Louis Dasseux y parvient pourtant en seulement deux mois, avant d'effectuer un second tour de table, en novembre 2006, qui lui permettra de compter sur 42,1 millions d'euros supplémentaires. Une levée de fonds record effectuée auprès d'investisseurs internationaux prestigieux (Sofinnova Partners, HealthCap, Alta Partners, etc.).
« Ce n'est pas extraordinaire. J'ai fait, ni plus ni moins, que ce que j'avais dit », affirme Jean-Louis Dasseux. Cette phrase pourrait, à elle seule, résumer le personnage. C'était en effet mal connaître Jean-Louis Dasseux que de douter de son succès. À lui seul, ce Palois de 50 ans, fils d'ouvriers, est l'incarnation du rêve américain. À 5 ans, il a déjà un petit profil scientifique. « Depuis tout petit, je n'ai jamais eu d'autre envie. Pour les photos de famille, je posais devant des planches de botanique. Au lycée, on m'appelait le professeur ! », raconte-t-il, amusé, confortablement installé dans son bureau moderne et spacieux de Labège Innopole.
C'est donc assez naturellement que le jeune et déjà tenace Dasseux répond un « non » catégorique lorsque son conseiller d'orientation lui propose d'opter pour un DUT de technicien de laboratoire. Lui vise le doctorat. Il veut faire partie de l'élite. Ses parents y croient, lui aussi.

L'antichambre des prix Nobel
« Mon conseiller d'orientation avait tort ; j'avais raison », lance-t-il, mi-amusé, mi-revanchard. Et c'est peu dire. Après avoir obtenu sa maîtrise en biochimie à l'université de Bordeaux II, son doctorat en physico-chimie et un MBA (Master in Business Administration) à l'université du Michigan aux Etats-Unis, il effectue plusieurs années post-doctorales à l'étranger : au département de chimie de l'université de Laval à Québec grâce à une bourse d'excellence, au département de biophysique de l'université de Knoxville (Tennessee, USA) et, enfin, au Laboratoire européen de biologie moléculaire à Heidelberg (Allemagne), l'antichambre des prix Nobel. « Il y régnait une ambiance particulière, faite de discussions passionnées et de goût pour le challenge. Malheureusement, on a perdu ce goût-là aujourd'hui en France. Pourtant, la culture de l'élite, c'est bien Napoléon qui l'a mise en place ! »
En juin 87, Jean-Louis Dasseux, alors âgé de trente ans, est contacté par les laboratoires Fournier et part s'installer à Dijon. Un an plus tard, on lui confie la création d'un centre de recherche spécialisé dans les maladies cardio-vasculaires, à Heidelberg, en Allemagne. Il y restera onze ans. « Le principal produit des Laboratoires Fournier a été l'objet d'une forte concurrence sur le marché. Ils ont été contraints de fermer leur centre de recherche ». L'Europe traverse alors une période sombre. Jean-Louis Dasseux en est persuadé : sa chance est ailleurs, outre-Atlantique. « C'était l'époque folle de la bulle Internet, où vous pouviez devenir millionnaire en misant en bourse sur la bonne entreprise. » Une période où les biotechnologies avaient, elles aussi, le vent en poupe .
« Mon premier fils venait de naître. Je suis donc parti avec femme et enfant...et tout juste neuf mois de salaire en poche ! » Quelques semaines après son départ pour les Etats-Unis, il fait ses premiers pas chez Espérion, jeune biotech promise à un grand avenir. Jean-Louis Dasseux aime prendre des risques. Et ça lui réussit. À croire que tout lui est facile : « Non ! Sûrement pas ! Croyez-moi, quand on quitte son Béarn natal, où il fait 25 degrés, pour arriver à Québec, où il fait - 25, ça fait tout drôle. Et plus encore pour quelqu'un comme moi qui a une culture méridionale et qui se retrouve confronté à la culture du chacun pour soi », raconte-t-il, avec, dans la voix, ce curieux mélange d'accent du Béarn, d'Amérique et d'Allemagne.


Millionnaire du jour au lendemain
À écouter la suite de son histoire, on a du mal à y croire. En juillet 2003, Espérion fait une découverte qui va bouleverser le monde médical. « Nous sommes parvenus à démontrer, pour la première fois au monde, que l'injection de bon cholestérol pouvait entraîner la réduction des plaques d'athérosclérose. On démontrait ainsi qu'une maladie qui s'était développée sur des décennies pouvait être traitée en très peu de temps. Cela représentait un énorme espoir pour les patients. »
Un moment unique dans la carrière de Jean-Louis Dasseux. En quelques jours, le parking d'Espérion est envahi par les camions satellites des grands networks américains. Son vice-président, Jean-Louis Dasseux, est « sur un petit nuage ». Quelques mois plus tard, la jeune biotech Espérion est vendue 1,3 milliard de dollars au Laboratoire Pfizer, « le plus gros deal mondial de l'année. Nous sommes tous devenus millionnaires du jour au lendemain. »
Jean-Louis Dasseux décide alors de prendre de longues vacances « bien méritées ». Quelques semaines s'écoulent et, déjà, son esprit est ailleurs, en Europe cette fois-ci. Cerenis (de sérénité) va commencer à prendre forme. « Je suis foncièrement européen. J'ai passé la moitié de ma vie à l'étranger. J'ai connu le rêve américain. Mais je suis sûr qu'il y a aussi un rêve européen et notamment dans les hautes technologies. Le jour où Cerenis ressemblera à Pierre Fabre, je serai satisfait », affirme cet amoureux des sciences et du business.
Jean-Louis Dasseux est en passe de réussir. En mai, Cerenis Therapeutics a annoncé la fin de l'essai clinique de phase I de CER-002, un de ses principaux candidats produits pour le traitement des maladies cardiovasculaires. « L'an prochain, nous aurons cinq produits en développement. C'est inespéré et bien plus que certaines grandes entreprises pharmaceutiques. Nous sommes déjà en contact avec certaines d'entre elles pour une éventuelle licence. De plus, nous avons à peine entamé l'argent recueilli pendant la seconde levée de fonds. Cela va nous permettre de tenir pendant la crise. Il n'y a qu'un seul facteur que nous ne maîtrisons pas : la chance. » Parions qu'elle sera du côté de Cerenis.

en savoir plus: www.cerenis.com

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