Unity Cube, l'idée de jeunes Toulousains pour aider les mal-logés

Ils sont six étudiants toulousains avec une idée qui n'aurait dû rester qu'un projet de cours. Et pourtant, depuis quelques mois, leur module montable et démontable à installer dans les immeubles de bureaux inoccupés fait parler de lui. Le but de Unity Cube est de loger dans l'urgence des personnes dans le besoin et ce projet est en passe de devenir une vraie innovation sociale. Rencontre.
L'équipe de Unity Cube devant leur module

Théo, Mathilde, Baptiste, Valentin, Jaufret et Vincent sont toulousains. Ils sont étudiants à l'Insa (Institut national des sciences appliquées de Toulouse) et l'Ensa (École nationale supérieure d'architecture de Toulouse). Dans le cadre d'un projet pour leurs études, ils ont élaboré l'idée de modules habitables, pour loger les personnes dans le besoin. Là où l'idée sort de l'ordinaire, c'est que les modules sont installés dans les immeubles de bureaux vides. Il y aurait en tout 220 000 m2 disponibles dans la Ville rose. Un vrai problème pour les propriétaires de ces locaux obligés de dépenser de l'argent en frais de gardiennage et en entretien.

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"Professeurs et professionnels du secteur nous ont dit : c'est plus qu'un projet, vous pouvez aller plus loin. Nous pensions que c'était une utopie. Nous avons débuté le projet sans trop réfléchir sur le long terme, mais ces commentaires nous ont poussé à nous structurer en tant qu'association", explique Théo Guerini, étudiant ingénieur architecte à l'Insa. "Avec Unity Cube nous avons gagné plusieurs concours qui nous ont rendus encore plus visibles, notamment le Concours régional des étudiants créateurs d'entreprises et Le Monde Smart Cities, qui est un concours international", ajoute Baptiste Debort, également étudiant ingénieur architecte.

Unity Cube
Le premier module monté par l'équipe de Unity Cube. ©Photo Rémi Benoît


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Grâce au prix Habitat remporté au concours Le Monde Smart Cities en mai, les portes ont commencé à s'ouvrir pour les six jeunes étudiants, en particulier celles du ministère du Logement et de la Dihal (Délégation interministérielle à l'habitat et au logement). Ensemble, ils ont travaillé sur le projet, le ministère demandant une expérimentation avant d'appuyer Unity Cube.

8 000 € en moins d'un mois

Pour obtenir le financement nécessaire au projet, ils se sont rendu au Crédit Agricole au printemps 2016 dans l'idée d'obtenir une aide financière. "Nous avons soumis notre candidature pour Projet Passion Jeune et ils nous ont répondu avoir beaucoup mieux pour nous. Ils nous ont proposé de lancer une campagne de crowdfunding via Les Petites Pierres, qui est une plateforme qui cherche à résoudre les problèmes du mal-logement", explique Théo Guérini. Le principe est simple : demander une somme, puis un partenaire privé ou industriel vient doubler cette somme si l'objectif est atteint. La campagne de crowdfunding débutée le 1er décembre devait s'étaler sur 90 jours mais, en moins d'un mois, la somme demandée était déjà récoltée. "Nous avons récolté en tout 8 000 euros, 4 000 euros des particuliers et le reste via la fondation Crédit Agricole 31", précise Baptiste Debort.

Depuis janvier, tout s'accélère pour les six amis. Leur école les ayant fait accéder au statut d'étudiant entrepreneur (D2E) ils peuvent faire leurs stages à temps partiel et consacrer plus de temps pour travailler sur Unity Cube. Une véritable chance dont sont conscients Théo Guérini et Baptiste Debort : "L'Insa nous a vraiment aidé, et quand on compare Unity Cube à d'autres projets dans d'autres écoles, nous avons vraiment été choyés". Hébergés par l'incubateur TBSeeds, le 31 janvier dernier, ils ont enfin pu monter le tout premier module acheté grâce aux 8 000 euros récoltés lors du crowdfunding. "Ce premier module va nous servir de showroom, mais également pour faire des tests acoustiques", précise Baptiste Debort.

Dans la vidéo ci-dessous, l'équipe de Unity Cube présente en accéléré le montage de son premier module. Le temps réel de montage est de cinq heures.

Premiers habitants en juillet

Les modules, qui n'ont pas de nom pour le moment, car l'ancien (Instant Modular Home) a été abandonné, sont fabriqués en partenariat avec Sofrinnov, la société spécialisé dans les abris d'urgences en palettes, du toulousain Jean-Claude Escriva. "Ce qui était intéressant c'est que nous pensions déjà à la palette comme module de construction, pour les mêmes raisons que Sofrinnov. C'est facile à mettre en place, facilement transportable et, avec la technique de montage de Sofrinnov (voir vidéo ci-dessus), ça tombait sous le sens. Au niveau des valeurs, nous nous retrouvons beaucoup, l'entreprise a des projets au Liban et à Haïti dans l'humanitaire", affirme Théo Guérini. Modulable et ajustable, l'habitation de fortune se monte à la manière d'un jeu de construction pour enfant.

Unity Cube


Vue intérieure du module de Unity Cube. Modulable, il peut être agrandi très facilement. ©Photo Rémi Benoît

Encore en discussion avec la Mairie de Toulouse, Unity Cube a annoncé être prête à accueillir les premières personnes en juillet si un immeuble de bureaux est trouvé d'ici là. Les ambitions entrepreneuriales commencent à trotter dans la tête des Toulousains, qui souhaitent néanmoins rester concentrés sur la fin de leurs études. Théo Guérini confie que des prémisses de discussions auraient débuté avec les municipalités de Munich et Saragosse pour une ouverture du projet à l'étranger. En attendant, l'équipe de Unity Cube sillonnent les concours à la recherche de visibilité et de financement pour produire des modules supplémentaires.

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