Foodtech : comment fonctionne Deliveroo à Toulouse ?

Depuis la chute de Take Eat Easy, Deliveroo domine le marché de la livraison de repas préparé à Toulouse. La startup britannique annonce une croissance mensuelle de plus de 25 % de ses commandes dans la Ville rose et en France. Des résultats qui satisfont les restaurateurs toulousains affiliés à ce spécialiste de la livraison de repas, mais aussi les coursiers, conquis par un boulot flexible, bien que précaire.
Un des coursiers de Deliveroo à Toulouse.

Lancée en 2013 en Grande-Bretagne, arrivée en avril 2015 à Paris, puis en février 2016 à Toulouse, Deliveroo est en croissance. Présente dans 12 pays, elle a levé 275 millions de dollars en août dernier. Une cinquième levée de fonds rendue possible car Deliveroo affirme "être rentable dans certains marchés historiques".

En concurrence avec l'Allemande Foodora, l'autre spécialiste européen de la livraison de repas préparés en restaurant, Deliveroo va étendre son service à Montpellier en octobre prochain. Profite-t-elle de l'espace laissé vacant par la Belge Take Eat Easy, sa concurrente disparue cet été faute d'avoir réussi sa dernière levée de fonds ?

"Difficile de le dire car nous étions dans une dynamique de croissance avant qu'ils n'arrêtent, constate Guillaume de Richemont, le directeur Sud-Ouest de Deliveroo. Ils étaient devant nous à Bordeaux, mais nous les supplantions ici à Toulouse."

70 restaurants à Toulouse

Aujourd'hui, l'application revendique un panel de 70 restaurants toulousains et une centaine de coursiers prêts à livrer en 30 minutes chrono les repas commandés dans quatre zones autour du centre de la ville. Les cyclistes verts et blancs de la startup britannique ne pédalent pas encore jusqu'à Labège ou Blagnac, mais Guillaume de Richemont ne désespère pas d'y mettre en place un jour des points de livraison.

Chaque jour, "quelques centaines de commandes" sillonneraient la Ville rose à dos de cyclistes, mais impossible d'avoir un chiffre plus précis. "Nous pouvons seulement dire que d'avril 2015 à avril 2016, nous avons enregistré un million de commandes et que le taux de croissance dépasse les 25 % par mois en France", affirme la société.

Pour Toulouse, tout juste apprend-on que "les Toulousains commandent beaucoup le dimanche soir" et qu'ils aiment le faire tard. "Nous avons convaincu certains restaurants de rester ouvert jusqu'à 23 h pour les livraisons", se félicite au passage le directeur régional.

"Nous avons parfois jusqu'à 30 commandes de clients Deliveroo le dimanche, confirme Pauline Serra, la responsable de DuckMe, rue de la Pomme à Toulouse. C'est une part importante de notre activité puisqu'elle correspond à un peu moins d'un tiers de notre chiffre d'affaires mensuel."

Une estimation qui cadre avec les chiffres de Deliveroo. Selon cette dernière, les restaurants affiliés à son service réaliseraient entre 15 et 30 % de chiffre d'affaires supplémentaire.

Sur chaque commande, Deliveroo perçoit une commission de 30 %. D'après différents restaurateurs interrogés, celle-ci ne dépasserait pas les 20 à 25 %. "Plus, cela n'aurait pas d'intérêt pour nous", souligne-t-on à la Villa Tropézienne, place Saint-George. Avec un panier moyen de 25 euros et environ 10 commandes par jour, le restaurant trouve son compte dans l'accord avec Deliveroo en misant sur la visibilité offerte par l'application. "Nous sommes là depuis 22 ans, mais c'est un moyen de nous faire connaître au-delà de nos clients habituels et de prendre un marché. Nous étions avant avec Allo Resto, mais l'application Deliveroo est plus facile à prendre en main", apprécie l'équipe du restaurant.

Un job étudiant précaire

Des cuisines aux tables des clients, le modèle de Deliveroo repose sur un maillon essentiel : le coursier à vélo. Indépendant en micro-entreprise ou pour la majorité en auto-entrepreneur, ces derniers prennent en charge leur matériel : vélo et téléphone portable. "Ce sont des passionnés de vélo et nous leur apportons un complément de revenu très variable d'un coursier à l'autre", rapporte le directeur régional Sud-Ouest.

Combien gagnent-t-il vraiment ? Difficile à estimer. Coursier depuis plusieurs mois, William* bénéficie de l'ancienne rémunération à 2,50 euros par course et 7,50 euros par heure de disponibilité. Un système qui lui permet de gagner de l'argent même s'il n'a qu'une course pendant son créneau. Grâce à cela, William estime gagner entre 35 à 40 euros brut en travaillant 2 h 30 le soir. Jeune auto-entrepreneur,il ne paye que 5 % de charges mais a souscrit une assurance civile et une assurance professionnelles de 20 euros par mois pour pallier à un éventuel accident.

Les nouveaux coursiers sont payés à présent 5 euros par livraison et peuvent réaliser entre une et cinq livraison par heure, selon Deliveroo pour qui ce nouveau système "reflète davantage le travail des coursiers". "En moyenne, nos coursiers travaillent 20 heures par semaines en France et leurs revenus sont relativement confortables", affirme la société.

Reste encore à être payé. "Normalement, en tant qu'indépendant, nous devrions leur envoyer une facture, mais ce sont eux qui nous l'envoie, comme une fiche de salaire en fait, explique William. Souvent il y a des erreurs de facturation et le service met plusieurs semaine à répondre. Ils me doivent plus de 150 euros et je ne pense pas les récupérer un jour."

Malgré ces conditions peu attirantes, "ce job étudiant reste meilleur qu'aller à Macdo ou dans un supermarché", jure le coursier. "Les relations avec le service client qui gère les coursiers se sont améliorées. Les horaires sont flexibles et je fais du vélo. Il ne faut pas oublier que c'est une startup qui je crois n'est pas encore rentable. Ils ont des excuses."

* William est un prénom d'emprunt

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.