Starburst, l'accélérateur mondial des startups du spatial

Organisateur du village des startups au Toulouse Space Show, Starburst est un accélérateur de startups basé à Paris, Los Angeles, Munich et bientôt Singapour. Son objectif : faire émerger les meilleures startups du spatial et de l'aéronautique dans le monde. Rencontre avec son fondateur François Chopard.
François Chopard, fondateur de Starburst.

En astronomie, une starburst galaxy est une galaxie qui présente un taux exceptionnel de formation d'étoiles. Des étoiles aux "Star...tup", il n'y a qu'un pas, que François Chopard a franchi en 2012 en créant Starburst, un accélérateur de startups spécialisé dans les domaines du spatial et de l'aéronautique.

Cet ancien associé du cabinet de conseil Oliver Wyman est passé par Airbus et un laboratoire de l'US Airforce. Deux facteurs l'ont poussé à créer sa société :

  • L'émergence de startups aéronautiques et spatiales confrontées à des difficultés pour vendre leurs technologies en Europe,
  • La volonté des grands groupes de chercher l'innovation à l'extérieur.

"Il fallait être le maillon entre ces deux deux mondes, le chaînon manquant en quelque sorte, explique François Chopard. Nous développons les liens entre les startups et les grands groupes qui nous paient un forfait de 100 000 dollars minimum pour avoir accès à nos startups. Les startups, quant à elles, nous reversent 10 % des contrats que nous les aidons à signer."

Comment ça marche ?

Chaque mois, dix startups présentent leurs activités examinées à l'aune de critères établis par les grands groupes du secteur. Les candidates retenues sont des startups matures de 2 à 3 ans d'existence. Elles entrent dans l'accélérateur pour une durée de 18 à 24 mois. Actuellement, 80 startups sont accompagnées par Starburst, autant en Europe qu'aux États-Unis.

Parmi elles, on trouve Rocket lab, une startup néo-zélandaise basée aux États-Unis qui veut lancer un lanceur orbital pour des constellations de satellites. Les constellations, c'est aussi la spécialité d'Else, une startup suisse qui veut déployer un réseau bas débit satellitaire pour les objets connectés. Starburst compte aussi dans ses rangs le Français Velon, qui développe une voiture volante, ou encore Swissto12 et ses antennes de communication, ou encore les Toulousains de Earth Cube, qui développent des solutions d'observation de la Terre.

D'ici deux à trois ans, Starburst envisage d'évoluer vers le capital-venture pour participer au financement et au développement des startups. "Il faut pallier le manque de capitaux-risqueurs en Europe, estime François Chopard. Beaucoup d'efforts ont été fait pour le B-to-C mais on est encore très frileux dans l'aéronautique. Les cycles sont plus longs, les investissements plus importants et les retours plus aléatoires."

Un regard sur les deux mondes

À cheval entre l'ancien et le nouveau monde, François Chopard peut observer les différences d'approche, notamment dans le spatial.

"Aux États-Unis, le News Space a été lancé par des milliardaires comme Elon Musk, Jeff Bezos ou Paul Allen, qui sont capables d'amorcer la pompe et d'injecter les 100 premiers millions de dollars nécessaires. Ensuite, la Darpa (agence du département de la Défense des États-Unis, NDLR) et la Nasa jouent le jeu avec la commande publique. L'État américain est capable de mettre de fortes sommes sur des petites boîtes."

En Europe, c'est tout le contraire. "Tout va vers les grands groupes, regrette François Chopard. Il faudrait allouer un pourcentage de la commande publique vers les startups industrielles, pas seulement dans le numérique. Ces sociétés vont créer des emplois et des usines en France et en Europe."

L'innovation est elle aussi perçue différemment des deux côtés de l'Atlantique. À la "vision ingéniériste" européenne qui pense une nouvelle technologie avant de réfléchir au marché visé, répond une vision plus "commerciale américaine" où l'on "cherche le besoin avant de créer le produit pour se demander quelle industrie on va casser". Par exemple, celle des lanceurs avec des engins moins chers.

Pour François Chopard, au petit jeu de la comparaison, l'approche américaine est "plus efficace".

"Il suffit de comparer la valorisation de Safran et celle de Space X qui n'a que 10 ans d'existence, remarque-t-il. L'Europe a mis une décennie à réagir en lançant Airbus-Safran Launcher il y a un an. J'espère que cela sera plus rapide à l'avenir. Les grands groupes s'en sont rendu compte et deviennent plus agiles. Il ne faut pas laisser le monopole des startups spatiales aux États-Unis."

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