Exagan veut relancer la filière électronique de puissance à Toulouse

Issue du Cea Tech et de Soitec, la startup grenobloise Exagan a mis un premier pied à Toulouse en octobre dernier. Ce vendredi 20 mai, elle a annoncé un partenariat avec la société toulousaine Hirex Engineering. Une manière de consolider son ancrage dans la Ville rose où elle compte relancer la filière électronique de puissance.
Frédéric Dupont, le président d'Exagan.

À Toulouse, la filière de l'électronique de puissance compte un nouveau venu aux grandes ambitions : Exagan. Issue du Cea Tech et de Soitec (leader européen dans la production de matériaux semi-conducteur), cette startup grenobloise a posé une partie de ses bagages à Toulouse en octobre dernier. Aujourd'hui, Exagan consolide son implantation sur les bords de la Garonne en annonçant un partenariat avec Hirex Engineering, la filiale toulousaine du groupe allemand Tüv Nord.

"Nous voulons dynamiser la filière française de l'électronique de puissance, ambitionne Frédéric Dupont, le cofondateur d'Exagan. Nous visons le leadership européen et le podium mondial dans les semi-conducteurs en nitrure de gallium."

Un marché de 10 milliards d'euros

Sûr de lui, l'ancien cadre de Soitec mise sur une technologie innovante et une approche "Fab Light" pour conquérir "une part conséquente" du marché des semi-conducteurs, ces composants présents dans tous les appareils électroniques.

"Nous avons mis au point le G-Stack, un procédé unique de fabrication de semi-conducteurs en nitrure de gallium (GaN) déposé sur du silicium, explique-t-il. Cela nous permet de proposer des transistors de puissance dix fois plus rapides que ceux en silicium pur, de réduire leur taille d'un facteur de trois à dix et de diminuer les pertes énergétiques de 50 %."

Plutôt que de mettre en place sa propre usine de production, Exagan s'appuiera sur les usines déjà existantes pour forger les puces en Allemagne et les packager en Asie. Seules la conception du matériau (Grenoble) et la vérification des produits (Toulouse) seront made in France.

C'est là qu'intervient le partenariat signé avec Hirex Engineering qui se chargera de tester la fiabilité des puces, conçues à Grenoble et packagées en Asie. "Nous avons investi 600 000 euros dans des équipements pour honorer ce partenariat", explique Jean-François Pascal, le directeur technique d'Hirex Engineering, qui réalise un chiffre d'affaires de 6 millions d'euros. "Le partenariat avec Hirex permettra de développer des méthodologies de test d'avant-garde et des processus de mesure facilitant l'utilisation des composants GaN", ajoute Exagan dans un communiqué.

Exagan commencera à pré-commercialiser ses produits au second semestre 2016 et envisage une montée en cadence à partir de 2017. À l'échelle mondiale, le marché des semi-conducteurs pèse environ 10 milliards d'euros. Si le patron d'Exagan refuse de dévoiler ses objectifs de chiffre d'affaires, il assure que "le GaN est l'avenir de l'électronique de puissance, car les puces en silicium ne pourront être améliorées que de façon incrémentale", contrairement aux perspectives offertes par les puces en GaN.

"Tout dépendra du taux de pénétration sur le marché, analyse Denis Griot, spécialiste du secteur, ancien haut cadre de Motorola et administrateur d'Exagan. Il y a plusieurs années, les transistors de puissance bipolaires ont été remplacés en moins de dix ans par des puces Mos. Le basculement du silicium vers le GaN se fera beaucoup plus rapidement que ne le disent les études marketing."

Une recapitalisation en 2018

En juillet 2015, Exagan avait levé 5,7 millions d'euros, auprès notamment d'Irdinov, du CM-CIC et d'Innovacum qui avaient chacun contribué à hauteur de 1,4 million d'euros.

"Nous avons investi pour qu'Exagan se développe à Toulouse, rappelle Jean-Michel Petit, le directeur général d'Irdinov. Les semi-conducteurs sont stratégiques pour la France et pour l'Europe. Nous sommes heureux de participer à cette aventure qui va raviver le secteur de l'électronique de puissance à Toulouse."

Utilisé pour "développer les produits et amorcer le marché", ce capital devra sans doute être augmenté à l'horizon 2018.

D'ici là, Exagan compte renforcer sa présence à Toulouse en y implantant son équipe produit. De quatre salariés - hébergés actuellement dans les locaux provisoires du CEA Tech (à l'Insa) - celle-ci devrait passer à une quinzaine de collaborateurs fin 2017 sur un effectif total de 30 personnes.

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