Biotech : Theraxen la dernière pépite de l'Itav à Toulouse

Spécialisée dans le développement de nouveaux médicaments pour la lutte contre le cancer, la biotech Theraxen Technologies a vu le jour début avril à Toulouse. La chercheuse Emmanuelle Meuillet, qui a fondé l'entreprise deux ans après son retour des États-Unis, espère passer aux essais cliniques avant 2020. Découverte de la dernière pépite hébergée par l'Itav, symbole de l'attractivité du site de l'Oncopole.
Emmanuelle Meuillet est rentrée des États-Unis pour fonder une biotech à Toulouse

L'écosystème créé sur le site de l'Oncopole est régulièrement mis en avant par les élus comme par les chercheurs de Toulouse. La création de Theraxen Technologies début avril représente une occasion supplémentaire de vanter l'excellence toulousaine. Spécialisée dans le développement de nouveaux médicaments pour le traitement du cancer de la prostate et des métastases osseuses, la jeune biotech hébergée au sein du Centre Pierre Potier est le fruit de l'écosystème toulousain.

"Je fais de la recherche translationnelle et interdisciplinaire. Tous les éléments sont réunis ici, de la recherche fondamentale aux essais cliniques, assure la fondatrice Emmanuelle Meuillet. On trouve très rarement cela en France. Je ne suis même pas sûre qu'il y ait d'autres exemples. L'aspect business est également pris en compte avec une véritable volonté de valorisation de la recherche."

Cette chercheuse franco-américaine d'origine alsacienne a effectué l'ensemble de sa carrière aux États-Unis. Après plus de 20 ans Outre-Atlantique, elle est rentrée en France en 2014, séduite par l'environnement toulousain.

"Toulouse a retenu mon attention pour plusieurs raisons : l'Oncopole, la présence d'industriels comme Evotec, Pierre Fabre ou Sanofi, et le Centre Pierre Potier. Le climat a également joué", concède en souriant Emmanuelle Meuillet, qui a passé plus de 20 ans à l'université d'Arizona à Tucson.

Une technologie efficace mais contestée

À Toulouse, elle cherche à identifier des molécules agissant sur différents cancers, dont celui de la prostate et les métastases osseuses. L'idée est d'identifier des molécules qui peuvent devenir des candidats-médicaments. Pour cela, Emmanuelle Meuillet utilise la modélisation in silico par ordinateur.

"Je travaille en collaboration avec le MD Anderson Cancer Center de Houston. Pour chaque cible thérapeutique, entre 1 et 5 millions de composés sont testés en quelques semaines, explique la chercheuse. À partir de là, on choisit entre 20 et 50 composés qui sont étudiés en pré-clinique. Au moins un de ceux-là ira jusqu'au test sur l'animal."

Cette technologie qui se rapproche du big data est - de l'aveu même de la chercheuse - parfois contestée. "Certains sont sceptiques car cette méthode ne prend en compte ni la vie de la protéine, ni ses interactions avec le milieu. Mais les résultats sont très bons et les composés sélectionnés sont ensuite étudiés de manière pré-clinique." En cela, elle est aidée de Morgane Farge, une jeune ingénieure de valorisation sponsorisée par la société d'accélération de transfert de technologie de Toulouse Métropole, Toulouse Tech Transfer.

                              Theraxen

                                  Morgane Farge et Emmanuelle Meuillet (© Rémi Benoit)

Un parcours atypique

En 2012, l'Itav lance un appel d'offres autour d'une thématique cancer et Emmanuelle Meuillet est sélectionnée. Sponsorisé par Toulouse Cancer Santé à hauteur de 380 000 euros, le projet a pour objectif la création d'une biotech à Toulouse dans le domaine du cancer. Un sujet d'études que la chercheuse connaît bien.

Après une thèse sur les récepteurs de l'insuline à Strasbourg, elle a passé trois ans en post-doctorat à Chicago. C'est là qu'elle a intégré un laboratoire du Children's Memorial Research Center où elle a étudié les tumeurs du cerveau chez l'enfant. "Un choc", confie-t-elle, mais aussi une opportunité d'adapter ces connaissances. "Les composantes des voies de signalisation des cellules atteintes sont similaires pour le diabète ou le cancer", explique la chercheuse.

Emmanuelle Meuillet a rejoint ensuite Tucson et l'université d'Arizona afin de poursuivre ses recherches. Après plusieurs années, elle cofonde en 2009 la startup Phusis Therapeutics, spécialisée dans le développement d'anti-cancéreux.

"Cela m'a pris plus de neuf ans pour créer l'entreprise. Ici, au bout de deux ans, Theraxen est née."

Un parcours peu commun, mais une expérience "priceless" qui a également forgé son caractère d'entrepreneure car, aux États-Unis, "success is up to you" (le succès dépend de toi, en anglais, NDLR). "J'étais un petit peu la bête curieuse quand je suis arrivée", concède-t-elle, car personne ne savait vraiment si elle était française ou américaine, chercheuse ou entrepreneure. Aujourd'hui, cette femme élégante arpente d'un pas décidé les couloirs de l'Itav qu'elle fait résonner du bruit de ses talons.

Développer un médicament

Plusieurs applications thérapeutiques sont actuellement testées par Theraxen. Quatre molécules sont ainsi en bonne phase de développement. "Pour certaines d'entre elles, nous en sommes au test sur les animaux. En parallèle, nous continuons à faire des découvertes." Un modèle qui permet d'assurer la pérennité de la jeune biotech en ne misant pas tout sur une seule molécule.

Pour synthétiser certaines de ces molécules, Theraxen a travaillé avec la société toulousaine Affichem et a développé de nouvelles collaborations avec Evotec et d'autres industriels. L'objectif étant de passer aux essais cliniques avant 2020. Et pour cela, Emmanuelle Meuillet compte embaucher. Elle étudie par ailleurs l'entrée au capital de Toulouse Cancer Santé, un business model rare en France "mais très courant aux États-Unis". Tout cela dans l'objectif d'accomplir son rêve : "Le rêve devient réalité car je me rapproche du patient. Mon rêve, c'est de développer un médicament." Et qui sait, adapter plus tard ces molécules au traitement du diabète, pour boucler la boucle.

Toulouse Cancer Santé

L'objectif de la fondation, présidée par Philippe Douste-Blazy, est de mettre en place des actions communes de collecte de fonds et de soutien à la recherche. La Fondation Toulouse Cancer Santé est également garante de la bonne utilisation de l'argent récolté. Par ailleurs, la fondation, qui compte 3 salariés, encourage les collaborations entre les différents acteurs du site de l'Oncopole et soutient 16 projets de recherche pour un montant de 7,5 millions d'euros.

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