Startup : LDS observe la posture des salariés au travail

Hébergée à l’IoT Valley de Labège, la startup LDS a mis au point un dispositif permettant d’analyser la posture d’un individu sur son lieu de travail. L’objectif : prévenir les risques liés aux TMS (troubles musculo-squelettiques), première cause de maladie professionnelle en France.
Le capteur enregistre les mouvements et les restitue sous forme de données

Il s'appelle BackUP, un petit capteur rectangulaire monté sur trois pieds. Sa fonction ? Analyser les mouvements des salariés sur leur lieu de travail afin de prévenir les risques de troubles musculo-squelettiques. L'idée d'un tel appareil a germé dans l'esprit de Daniel Latapie, directeur général de LDS, à l'époque où il était étudiant à l'université Paul-Sabatier de Toulouse.

"Je suivais un master en informatique et gestion (MIAGe), raconte-t-il. Le projet est né dans le cadre d'un module de M1. Je connaissais les problématiques liées aux TMS. L'idée était de créer un outil capable de mesurer les postures."

En 2013, un prototype est créé puis présenté à l'occasion de l'AL2C, un forum permettant aux étudiants de présenter leurs projets à des entreprises. Daniel Latapie est alors contacté par un membre du CHSCT (comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail) d'un centre d'appel d'Orange. "À l'époque, je travaillais avec quatre autres personnes, ajoute Daniel Latapie. Mais elles n'ont pas voulu suivre. Alors, j'ai contacté Sylvain."

Aujourd'hui directeur technique de LDS, Sylvain Tanguy est surtout un ami de longue date de Daniel. Les deux jeunes hommes se connaissent depuis longtemps, "le CE2 pour être précis", plaisantent-ils. Formé à l'Insa de Toulouse, Sylvain Tanguy n'a pas mis beaucoup de temps à être convaincu.

"J'ai senti que le projet avait de l'avenir, indique-t-il. Nous avons décidé d'en faire une startup."

Du jeu vidéo à la prévention médicale

La société LDS voit ainsi le jour en mai 2014. Les deux compères décident alors de finaliser le dispositif BackUP, chargé de l'analyse des postures. Le produit sera définitivement opérationnel l'année suivante. Chose étonnante, la capture des mouvements est assurée par un Kinect, une caméra conçue par Microsoft, vendue à l'origine avec les consoles de jeu Xbox.

"Kinect est disponible sous licence commerciale, précise Adrien Latapie. Nous nous sommes concentrés sur la partie 'capteur' de l'appareil et avons développé une série d'algorithmes pour rendre les résultats opérationnels."

Concrètement, les données enregistrées lors d'une analyse sont reconstituées sous la forme de tableurs ou de graphiques. "En fonction de la demande, il peut y avoir des centaines de possibilités. Nous pouvons par exemple nous concentrer sur un seul mouvement ou bien varier le temps d'étude", poursuit le directeur général.

À titre d'exemple, pour l'une de ses premières utilisations, l'appareil avait été posé à côté d'une employée dont le travail était de ranger des salades dans des cartons. Une fois l'observation terminée, les graphiques révélaient que l'épaule droite de cette personne n'adoptait une position correcte que pendant 10 % de son temps de travail, alors qu'un ratio de "bonne position" se situe plutôt autour des 50 %.

"En fait, la personne devait attraper des paniers placés au-dessus de sa tête pour ranger les salades, explique Daniel Latapie. Elle passait donc son temps à lever le bras droit."

Entre les mains d'un ergonome ou d'un kinésithérapeute, de telles données se révèlent donc précieuses pour identifier les risques liés aux TMS. "Dans le cas de cette employée, on a vite vu qu'il fallait que les cartons soient placés beaucoup plus bas pour qu'elle évite de se faire mal", conclut Daniel Latapie.

Pour les deux entrepreneurs, l'intérêt de leur dispositif réside avant tout dans sa simplicité.

"En pratique, l'observation sur un poste de travail se fait à l'œil nu ou à l'aide de capteurs posés sur la personne, détaille Sylvain Tanguy. Cela exige une présence humaine constante. Mais c'est surtout très fastidieux. En plus, si quelqu'un vous observe, vous avez tendance à vous tenir correctement, ce qui peut fausser l'étude. Une fois branché, BackUP est vite oublié au bout de quinze minutes et les gens reprennent leurs postures habituelles."

En moyenne, l'observation d'un poste de travail prend une journée. "Nous analysons toujours plusieurs postes au sein d'une société", rajoute Sylvain Tanguy. LDS met alors en relation l'entreprise inspectée avec un professionnel de la santé. Ce dernier accède aux données collectées via une plateforme web. Il peut alors interpréter les résultats et mettre en place des mesures, ce que Daniel Latapie appelle "une solution complète". "Nous voulons être l'interlocuteur unique de l'entreprise", ajoute-t-il.

100 000 euros de chiffre d'affaires en 2016

Passés dans un premier temps par l'accélérateur Le Camping (aujourd'hui devenu le Connected Camp) basé à Toulouse, les deux amis ont installé leur bureau au sein de l'IoT Valley de Labège au mois de septembre dernier.

"L'IoT Valley nous apporte du réseau et de la mise en contact, se réjouit Daniel Latapie. On interagit dans un écosystème où il y a du mouvement, où nous pouvons créer des affaires et de la dynamique commerciale."

LDS a d'ailleurs fait partie des 10 startups sélectionnées par l'IoT Valley pour aller "pitcher" à Paris devant les représentants de grands groupes nationaux. Déjà un excellent souvenir pour Sylvain Tanguy : "maintenant, le téléphone sonne tout seul !"

Car, désormais, l'entreprise n'a qu'un objectif, se développer. Actuellement, LDS compte un client et cinq autres potentiels.

"Nous en sommes encore au début, indique Daniel Latapie, le premier contrat a été signé en mai 2015."

Si la startup démarche beaucoup auprès des PME, elle espère surtout "signer avec un grand groupe d'ici à la fin de l'année", développe Daniel Latapie. "Se verser un salaire aussi", plaisante Sylvain Tanguy, avant de préciser que l'entreprise est bien autonome financièrement.

Les deux amis ont le moral et croient au potentiel de leur dispositif. Un développement de l'activité sera synonyme d'embauche, en priorité aux postes de développeur commercial et développeur logiciel. Et, si les choses se passent extrêmement bien, ils n'excluent pas de faire parler d'eux à l'international.

Reste à savoir si les entreprises seront intéressées par ce petit capteur. "Dépasser les 100 000 euros de chiffre d'affaires d'ici à 2016 me paraît réaliste", conclut Sylvain Tanguy.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.