Startups : les 7 commandements pour éviter l'échec (ou en tirer profit)

Ils sont chefs d'entreprise, startuppers, investisseurs, banquiers, producteurs ou fonctionnaires. Tous ont connu des échecs et les ont surmontés. Jeudi 18 juin, ils étaient rassemblés à la conférence FailCon de Toulouse, pour partager leurs expériences. Voici les "7 commandements" à retenir de cette journée de témoignages, organisée pour la deuxième fois par l'accélérateur de startups Ekito.
La 2e édition du Failcon Toulouse s'est déroulée jeudi 18 juin

1 - Tu seras exemplaire et transparent

C'est la ligne de Nicolas Doucerain, le premier orateur de la journée. "Je rêve de voir un responsable politique dire 'je me suis trompé'", annonce celui qui a créé le mouvement politique "Entreprendre pour la France" en 2013. Quand Sélic, son cabinet de recrutement en ingénieur informatique, prend la crise bancaire de plein fouet en 2008, il abaisse son salaire de 60 % et supprime les voitures de fonctions. Quand on lui conseille de ne pas parler des difficultés alors qu'il perd 450 000 euros par mois, il les assume et explique à ses fournisseurs, clients et employés, pourquoi il dépose le bilan.

"J'ai créé un climat de confiance qui m'a permis de faire un deal gagnant-gagnant avec mes créanciers", précise-t-il.

Et ainsi de rembourser ses dettes intégralement après avoir redressé son entreprise en six mois.

2 - Tu ne cèderas pas face aux difficultés

"Être entrepreneur, c'est finir par réussir à force de ne jamais abandonner, conclut Nicolas Doucerain. Car, avant de savoir marcher, on s'est tous cassé la figure plusieurs fois."

Un entêtement partagé par l'ensemble des orateurs de cette journée mais qu'il faut parfois savoir relativiser. "Il faut savoir faire la différence entre la persévérance et l'entêtement", nuance Guilhem Bertholet, dont la société Calabio a fermé au bout de deux ans d'activité, faute d'avoir trouvé une clientèle pour son produit destiné aux SAAS. "Parler avec d'autres entrepreneurs peut permettre de prendre du recul et de savoir si je suis déjà mort, en mode zombie", conseille-t-il.

3 - Tu sauras ce que tu es prêt à perdre

"Lancer Calabio m'a couté 679 jours d'efforts, un ami, 35 000 euros, des cheveux, 10 kilogrammes, des nuits de sommeil et de l'égo, comptabilise Guilhem Bertholet aujourd'hui. Il faut soigner son entourage car, le jour où le projet s'arrête, il ne reste plus rien en dehors de ça."

Un conseil que Didier Pasamonik (directeur général de l'Agence BD et spécialiste du 9e art) applique depuis le début de sa vie professionnelle dans les années 70. "J'ai organisé ma vie autour du plaisir car, dès que cela me fatigue, j'arrête", avoue-t-il en souriant.

4 - Tu relativiseras tes échecs

"Il faut s'inscrire dans la durée car ,malgré l'échec, on rebondit toujours", rassure Guilhem Bertholet.

"J'ai planté plusieurs boîtes, mais cela ne m'a jamais traumatisé", convient Didier Pasamonik, pour qui l'archétype de l'entrepreneur devrait être Gaston Lagaffe. "Sa principale qualité, c'est qu'il est mou." Comprendre, "il s'adapte aux difficultés".

"Il trouve des petites solutions futées pour faciliter sa vie. Comme le disait Jules Renard, l'homme n'est pas fait pour le travail, d'ailleurs ça le fatigue. Une vie ne s'arrête pas à la mort d'une entreprise. Il faut savoir être souple et de pas se prendre les coups durs dans la face."

5 - Tu te concentreras sur le positif

Se faire confiance avant toute chose, c'est le conseil de Krystyna Winckler, la fondatrice de Culture secrets. "Il y a beaucoup de gens qui nous découragent, il faut savoir écouter et aussi fermer les oreilles pour foncer, prévient-elle. On regarde ce qui marche et on se concentre dessus. Il faut très vite absorber l'échec, passer à autre chose et oublier."

Persévérer avec enthousiasme, c'est le crédo de Frédérique Castagnac. "En 3 ans, nous avons eu de nombreux échecs mais nous avons continué avec enthousiasme", assure la cofondatrice d'Azendoo, une application de travail collaboratif.

"Comme l'a dit Churchill, 'Le succès, c'est être capable d'aller d'échec en échec sans perdre son enthousiasme'."

6 - Tu transformeras tes échecs en atouts

En 1979, Didier Pasamonik et son frère reprennent la librairie Chic-Bull à Bruxelles et fondent la maison d'édition Magic Strip. Neuf ans plus tard, le dépôt de bilan de Maître du Monde, leur distributeur français, met un terme à l'aventure. Dans la foulée, fort d'un épais carnet d'adresses, Didier Pasamonik devient directeur général de Hachette BD, en charge notamment des Humanoïdes Associés. "J'ai perdu de l'argent dans l'affaire, mais les échecs sont utiles pour changer de cap, analyse-t-il aujourd'hui. Depuis lors, j'ai gagné 10 ou 20 fois ce que j'ai perdu avec Magic Strip. C'est ce que j'appelle les dividendes invisibles."

"Ma vie d'entrepreneure est un massacre, l'échec fait partie du quotidien, reconnaît Krystyna Winckler, fondatrice de Culture secrets. Mais comme je le dis : 'Fuck me once, shame on you, fuck me twice, shame on me'."

Pour gérer cette "violence" et évacuer la pression, l'entrepreneuse a un secret : "je suis passé du yoga à la boxe", sourit-elle.

"L'échec veut dire qu'on a tenté quelque chose et qu'on a appris", assure Clémence Wurtz. La jeune femme sait de quoi elle parle. Si elles n'ont pas connu le succès escompté, ses deux premières sociétés l'ont enrichie d'expérience et de contacts, ce qui lui a permis d'être recrutée par Uber comme responsable du marketing et de la communication.

7 - Tu choisiras convenablement tes associés et tes investisseurs

S'associer avec son ou sa meilleur(e) ami(e) pour se lancer en affaire ? Une fausse bonne idée. Vous risqueriez de le perdre comme l'a expérimenté Guilhem Bertholet.

"Nous étions témoins de mariage respectifs. Maintenant, nous nous parlons par avocats interposés", témoigne-t-il.

"Ne vous associez surtout pas à 50-50, avertit Clémence Wurtz. On me l'avait déconseillé mais je l'ai fait quand même. Je n'aurais pas dû car, lorsque je me suis séparée de mon compagnon de l'époque, il nous a fallu stopper l'activité."

Outre l'associé, choisir le bon investisseur est également de première importance. "Notre première levée de fonds de 700 000 euros a été notre premier échec, reconnaît Frédérique Castagnac, cofondatrice d'Azendoo. Notre investisseur ne connaissait rien au numérique et nous a imposé des objectifs qui nous ont détourné de notre produit. Nous avons brûlé du cash pour rien."

Même déconvenue pour François Bourgon, dirigeant de la fromagerie Xavier à Toulouse.

"Je me suis associé à quelqu'un qui n'avait pas un kopeck et qui a disparu du jour au lendemain. Je ne peux pas m'en séparer s'il ne le veut pas. Il est invisible."

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