À Toulouse naît Fovéa, premier drone français destiné aux professionnels de l'image

La société Droniris dévoile un drone de haut niveau dont la conception s'est réalisée entièrement à Toulouse. Le 9 décembre dernier, le prototype a été homologué par la Direction générale de l'aviation civile (DGAC). Les quatre fondateurs de Droniris espèrent conquérir le marché de l'audiovisuel, secteur le plus favorable pour la vente de drone.
Thomas Benhamou, Olivier Senant et Yves Branger, cofondateurs de Droniris

Le siège de Droniris, installé dans une maison du quartier de la Roseraie à Toulouse, évoque inévitablement les débuts d'une start-up de la Silicon Valley. Depuis un an et demi, les trois colocataires vivent et travaillent sur place avec l'ambition de créer un drone sans équivalent sur le marché. Ils en sont à leur deuxième prototype et pensent désormais le commercialiser.

Les trois amis d'enfance ont tous 26 ans. Yves Branger est le scientifique de la bande, avec une formation dans la création de machines spécialisées. Thomas Benhamou assure la branche commerciale et Olivier Senant est responsable de la communication. Enfin, il y a le père d'Yves Branger, Marc, spécialiste dans le domaine de l'électrique et de l'électronique, qui participe à l'aventure depuis Valence, en Rhône-Alpes. C'est là-bas que la construction des machines est finalisée. Mais c'est à Toulouse que sont dessinés, conçus puis assemblés les drones. Une ville où le trio s'est installé en 2013, "pour le cadre de vie mais aussi pour un territoire où l'innovation technologique est en effervescence et dont l'économie se porte bien".

FOVÉA ET STORK

Un an et demi plus tard, Droniris dévoile son premier drone accompagnée de sa nacelle. Car l'invention est double. Il y a d'abord le drone, prénommé Fovéa. Grâce à ses six rotors de 850 Watts chacun et sa structure en carbone, il peut transporter des charges allant jusqu'à 4 kg, pendant une vingtaine de minutes, dans un rayon de 4 km (la loi autorise 1 km). Le Fovéa peut aussi rester stable jusqu'à 40 km/h de vent. Des caractéristiques faisant de lui l'un des meilleurs du marché. Mais il y a aussi la nacelle, prénommée Stork, qui permet d'embarquer et de contrôler depuis la terre ferme des appareils-photos numériques. Cette nacelle est optimisée pour le Fovéa mais peut également s'adapter aux drones d'autres fabricants.

Pour lancer leur projet, Olivier, Thomas, Yves et Marc ont investi sur leurs fonds propres. "Les banques ne comprenaient pas notre démarche. La vision du drone peine à se détacher de celle du modélisme", explique Thomas Benhamou. Le coût total du projet représente 9 000 € d'investissements. Pourtant, les perspectives semblent intéressantes.

UN MARCHÉ PEU EXPLOITÉ

Le marché du "drone-caméra" est en pleine expansion mais largement orienté vers le loisir. Aujourd'hui, il existe en France près de 1 000 sociétés spécialisées dans ce type d'activité. Depuis 2012, le secteur connaît une croissance de 70 % par an et cela devrait se poursuivre jusqu'en 2017.

Droniris, lui, a choisi de développer un produit destiné aux professionnels de l'image limitant les traitements post-production qui seraient dus à de mauvaises performances de vol. Ses inventeurs se sont affranchis des limites techniques. "La plupart des autres fabricants ne font que des assemblages de plusieurs pièces de drone. Nous avons préféré créer notre propre drone selon notre imagination et nos envies", explique Thomas Benhamou. "Lorsque nous avions un souci technique ou esthétique, nous le surmontions pour arriver à un produit de haute qualité", ajoute Yves Branger. L'ingénieur précise : "Notre produit va s'améliorer pour passer de 6 à 8 rotors et ainsi augmenter sa capacité d'emport. Nous allons aussi travailler sur son étanchéité." Concernant la nacelle Stork, elle peut pour l'instant embarquer des appareils photos compacts numériques, mais s'adaptera dans le futur aux réflexes numériques ainsi qu'aux caméras vidéo type RED, dédiées à la réalisation de film.

"Il existe un seul produit qui soit comparable sur le marché", explique Yves Branger. Il est fabriqué par le numéro un mondial du drone-caméra, le germano-chinois DJI. "Notre produit sera 30 % moins cher", déclare Olivier Senant. Cet atout majeur, l'équipe de Droniris l'explique : "Nous avons entièrement conçu notre drone à Toulouse et nos fournisseurs sont majoritairement français." Seuls certains composants électroniques sont d'origine chinoise. "D'ailleurs, nous avons eu plusieurs produits chinois défectueux", confie Yves Branger. "De plus, notre gamme de prix est simplifiée au maximum", explique Olivier Senant qui ajoute : "Pour 12 000 euros, nous avons créé un pack 'prêt à voler', qui comprend drone et nacelle. Le devis pour un drone comparable chez nos concurrent est incompréhensible." Des options supplémentaires, dont les prix sont clairement définis, peuvent s'ajouter à cette offre.

200 000 EUROS DE CHIFFRE D'AFFAIRES EN 2015

Le 9 décembre 2014, Fovéa a été homologué par la Direction générale de l'aviation civile (DGAC). La dernière étape est désormais de trouver des clients. La société de formation au téléguidage de drone AirBorn Concept, basée à Francazal à Cugnaux, est déjà intéressée par l'achat de ces drones. Thomas Benhamou est confiant : "Nous avons impressionné les professionnels du secteur lors du forum Flylab organisé au Fablab de Toulouse." L'objectif pour l'année 2015 est d'atteindre un chiffre d'affaires de 200 000 euros. "On arrive au bon moment. Le cadre législatif du drone va être amélioré en France au premier semestre 2015. Notre législation va inspirer la législation européenne. C'est une fois le cadre fixé que les usagers vont véritablement s'intéresser à cet outil."

Désormais Droniris est en discussion avec des incubateurs de l'agglomération toulousaine tels que la TIC Valley et Ekito. L'équipe de Droniris souhaite "100 m2 pour installer des ateliers et des bureaux pour recevoir nos clients. Et, une fois les premiers drones vendus, nous pourrons investir dans nos propres locaux." Le décollage de Droniris semble bien amorcé, et ses inventeurs lui promettent une véritable envolée.

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Commentaires 3
à écrit le 13/02/2015 à 9:21
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Bravo !! On vous encourage car là, vous m'avez épatée personnellement Je suis très heureuse et très fière de voir que des jeunes ont "osé" Je vous souhaite tous les succès possibles !

à écrit le 06/02/2015 à 16:29
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Belle initiative, sur un marché qui sera très concurrentiel, à n'en pas douter. Le nerf de la guerre sera la charge utile mais aussi la durée d'utilisation. Succès !

le 06/02/2015 à 18:58
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Merci pour les encouragements.

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