Idex : le coup de pression de l'État et de la Région sur les universités toulousaines

Le nouveau projet Idex, porté par le président de l'Université de Toulouse Philippe Raimbault, doit être officiellement présenté début janvier au gouvernement. D'ici là, les réunions se succèdent pour mettre tout le monde universitaire d'accord sur un modèle d'université intégrée, non sans difficulté. Carole Delga et Pascal Mailhos insistent pour que les négociations avancent. Le rang de Toulouse et de la région en matière d'enseignement supérieur est en jeu.
Carole Delga, présidente de la région, et Pascal Mailhos, préfet de région

Il fallait lire entre les lignes, jeudi 24 novembre, lors des discours officiels d'inauguration du nouveau campus du Mirail à Toulouse. L'événement, qui a réuni bon nombre d'élus et d'universitaires, avait pour but de présenter officiellement les bâtiments flambant neufs de l'université Jean-Jaurès, spécialisée dans les sciences sociales. Mais en off, les discussions portent sur un sujet plus complexe : la reconquête de l'Idex. Il faut dire que le calendrier commence à s'accélérer, la nouvelle feuille de route devant être présentée début janvier au ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche ainsi qu'au Commissariat général à l'investissement. Mais "c'est compliqué" assurent encore plusieurs parties prenantes au dossier.

"Une chance unique"

Lors de son discours à la tribune, Carole Delga, présidente de la région Occitanie, a donné un coup de pression aux universités toulousaines afin qu'elles aboutissent à un projet commun et fédérateur. "Plutôt qu'un coup de pression, je dirais un appel à la détermination", commente dans un sourire Nadia Pellefigue, vice-présidente de la Région en charge de l'enseignement supérieur.

"La possibilité qui nous a été donnée de représenter une candidature Idex est une chance unique, a rappelé fermement Carole Delga. L'heure n'est pas à baisser les bras ou à jouer petit bras pour l'excellence toulousaine. Des avancées significatives ont été faites en termes d'intégration et de gouvernance et l'effort doit continuer en ce qui concerne l'état d'esprit d'indépendance de chacun. Nous devons devenir une université de recherche reconnue à l'échelle internationale."

Pour rappel, l'enjeu est le suivant : pour bénéficier des 25 millions d'euros annuels alloués par la labellisation Idex, les universités et les écoles d'ingénieurs de Toulouse doivent trouver un accord pour une université intégrée (sans pour autant aller jusqu'à la fusion juridique des établissements, une hypothèse qui a été écartée). Habituées à leur autonomie, notamment en termes de budget, les différentes composantes de l'Université fédérale de Toulouse ont du mal à accepter l'idée d'une seule grande entité qui contrôlerait leur stratégie. En septembre dernier, l'université Toulouse 1 Capitole a même refusé de signer un document en raison du "flou juridique" de certains termes. Un mauvais signal quand on sait que l'université Toulouse 1 Capitole comprend notamment TSE, l'école dirigée par le Nobel d'économie Jean Tirole.

"Séparément, nous échouerons"

Philippe Raimbault, président de l'Université fédérale de Toulouse, préfère rester discret sur l'avancée du dossier, mais l'assure : tout le monde est autour de la table à l'heure actuelle. Un proche du dossier confirme que "jamais le rythme des réunions n'a été aussi dense". En début de semaine prochaine, un conseil d'administration réunissant les présidents d'université doit se tenir et marquer une réelle avancée du dossier. Hier, devant les représentants de la communauté universitaire présents, le président a rappelé que l'Idex est "l'un des moyens pour accéder à une université intégrée, une des briques dans la construction d'un destin commun".

"Je compte sur le partenariat de chacun", a-t-il conclu.

Enfin, le préfet de région Pascal Mailhos, également présent pour l'inauguration du campus Jean-Jaurès jeudi 24 novembre, a été très clair : "La reconquête de l'Idex est indispensable pour permettre à Toulouse et à la région de tenir leur rang. Il est inconcevable que la région ne fasse plus partie des trois premières régions de France en matière d'enseignement supérieur, avec l'Ile-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes. Ensemble nous réussirons, séparément, nous échouerons."

Comme Carole Delga, il a appelé les présidents d'université à la coopération :

"Cette reconquête impose de profonds changements institutionnels. Le rôle majeur des présidents d'université et des directeurs d'écoles est d'expliquer que ces ruptures sont nécessaires. Nous devons viser haut, au-delà des intérêts de chacun, pour convaincre le jury international que l'Université de Toulouse fait le nécessaire."

Si jamais les discussions en cours n'aboutissaient pas sur un accord général, il n'est pas complètement exclu que l'Université de Toulouse laisse de côté certains établissements, faute de consensus.

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