AnatomikModeling fait entrer les implants 3D au bloc opératoire

La société AnatomikModeling a mis au point avec le CHU de Toulouse des implants 3D sur mesure pour les patients atteints de déformation du thorax. Cette technologie vient d'être relayée via la revue américaine de référence en matière de chirurgie plastique.
Benjamin Moreno, cofondateur d'AnatomikModeling.

C'est déjà une forme de consécration. En mai dernier, le PRS Journal, revue américaine de référence de la chirurgie plastique, a publié une étude réalisée par le CHU de Toulouse sur 401 cas traités par des implants 3D sur mesure conçus via la technique d'AnatomikModeling. Cette jeune société est née de la rencontre de Benjamin Moreno, fondateur de la société IMA Solutions (spécialisée dans la numérisation 3D) et du professeur Jean-Pierre Chavoin, ancien chef de service de chirurgie plastique au CHU de Toulouse. Depuis 2008, ils fabriquent des implants modélisés par ordinateur à destination des patients atteints d'une déformation du thorax, qui concerne une personne sur 300 à la naissance.

Des implants réalisés sur mesure par la modélisation 3D

À partir du scanner effectué à l'hôpital, une copie virtuelle du corps est réalisée. Une fois le modèle 3D de l'implant conçu, AnatomikModeling réalise un prototype via un engin d'usinage numérique. Il est ensuite envoyé à un laboratoire qui fabrique le moule en silicone. Cette technique présente plusieurs avantages :

"L'implant est unique puisqu'il est réalisé sur mesure pour chaque patient. Ensuite, les implants sont fabriqués en gomme de silicone et non pas avec le gel de silicone utilisé pour les implants mammaires donc il n'y a aucun risque de rupture. Par ailleurs, cette technique ne représente pas de surcoût par rapport à la technique traditionnelle du moulage plâtré", explique Benjamin Moreno, le directeur général d'AnatomikModeling.

anatomikmodeling

                                  Modélisation 3D de l'implant (Crédit : Rémi Benoit).

L'étude menée sur les premiers patients qui ont pu bénéficier de ces implants est plutôt encourageante :

"La qualité des interventions chirurgicales progresse. Les travaux montrent 80 % de satisfaction après la pose de l'implant en comparaison des 50 % de la technique de moulage plâtré. Ensuite, sur les 401 cas, seulement une infection a été relevée et trois hématomes", constate le professeur Jean-Pierre Chavoin, président de la société.

Depuis sa création, AnatomikModeling reçoit dans ses locaux toulousains des chirurgiens étrangers pour les former gratuitement afin de diffuser à grande échelle cette nouvelle technique :

"Ils viennent sur deux jours avec une journée théorique pour expliquer la modélisation 3D et, le deuxième jour, ils peuvent assister au CHU à des interventions de pose des implants du professeur Chavoin. Nous proposons des vidéos opératoires pour former les chirurgiens à distance", poursuit Benjamin Moreno.

Une quinzaine de praticiens venus de Belgique, d'Allemagne, d'Angleterre, d'Espagne, du Paraguay ou encore du Mexique ont déjà été formés.

Depuis quelques années, AnatomikModeling décline également la modélisation 3D pour les personnes atteintes du syndrome de Poland (absence d'une partie du muscle pectoral), d'une atrophie du mollet et même pour de la reconstruction faciale. "Cette technique peut être appliquée à tous les déficits musculaires. Mais la modélisation 3D n'a pas vocation à se généraliser pour tout type de pathologie. Certains implants produits en série conviennent très bien, comme par exemple les prothèses du genou", note Benjamin Moreno.

En parallèle, la société réalise chaque année une cinquantaine de maquettes 3D qui reproduisent l'anatomie de patients. Ces modèles permettent aux chirurgiens de mieux se préparer avant une intervention très complexe. Mais ces modèles de préparation chirurgicale ne sont pour le moment pas remboursés par la Sécu et donc cette activité reste marginale dans le modèle économique de la société.

AnatomikModeling table sur 200 000 euros de chiffre d'affaires cette année et espère doubler ce résultat l'année prochaine. Fin 2017, la société compte lancer les essais cliniques d'implants 3D pour des interventions en pneumologie.

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