Nanotechnologies : les labos du Sud-Ouest s'unissent pour être plus efficaces

À l'initiative du laboratoire toulousain Laas-CNRS, les plateformes de recherche du Sud-Ouest spécialisées dans les micro et nanotechnologies viennent de fonder le GSO Tech. Ce regroupement de structures scientifiques a deux objectifs : mutualiser les ressources pour les utiliser plus efficacement et augmenter la visibilité de leurs laboratoires.
Une puce électronique composée de nano et de microéléments

Pour que chaque jour nos téléphones portables gagnent en puissance, les industriels - et en amont les scientifiques - travaillent à l'échelle du millionième (micro) et du milliardième de mètre (nano). Dans les œilletons de leurs microscopes, maniant des machines les plus perfectionnées, ils conçoivent des micro et des nanodispositifs qui permettent d'élaborer des systèmes complexes indispensables. De l'accéléromètre dans un portable, à l'électronique embarquée, en passant par les puces pour objets connectés, les nano et microdispositifs sont partout aujourd'hui.

"Aujourd'hui une puce électronique intègre des matériaux nanostructurés, des nano particules, des nano tubes de carbone, etc., explique Anne-Marie Gué, directrice adjointe du laboratoire Laas-CNRS. L'échelle du nano est intéressante, car elle exalte les propriétés de la matière, qui peut réagir différemment qu'à l'échelle du micron."

Laboratoire de premier plan dans les nanosciences, les micro et nanotechnologies, le Laas-CNRS est, au travers de sa centrale de technologie (aussi appelée salle blanche), l'un des six membres du réseau national Renatech, mis en place en 2003 pour faire face en France aux enjeux de micro et nanotechnologies et répondre aux besoins des communautés académiques et industrielles.

Pour aller plus loin, le Laas-CNRS a proposé aux structures de recherche du Sud-Ouest de se réunir en une nouvelle association : le GSO Tech, réseau Grand Sud-Ouest des centrales de technologie. Après un an de préparation, l'association - informelle - vient de voir le jour. Elle rassemble le Laas, la plateforme 3GPHI hébergée par le Laplace, le Cemes, et l'Aime (laboratoires et structures rattachés au CNRS, aux universités et grandes écoles) à Toulouse, ainsi que l'IMS de Bordeaux, le XLim de Limoges et l'IES de Montpellier.

L'objectif est double : il s'agit de mutualiser les ressources pour les utiliser plus efficacement et augmenter la visibilité de leurs laboratoires.

Des salles blanches indispensables mais onéreuses

LAAS

Équipement pour la fabrication de puce dans la plateforme du LAAS. © Rémi Benoit

À l'instar du Laas, qui dispose à Toulouse d'une centrale de technologie de 1 600 m2, les autres membres du réseau entretiennent des structures de moins de 500 m2 en moyenne.

"Au cours des années passées, le développement des compétences scientifiques s'est accompagné du développement de nouvelles salles blanches, remarque Anne-Marie Gué. Mais les coûts de création et de fonctionnement sont élevés. Il y a une prise de conscience qu'on ne peut le faire indéfiniment. Cela n'a pas de sens, ni financier, ni technologique. L'argent public doit être utilisé au mieux."

Fort de ce constat, les membres du GSO Tech ambitionnent donc de coordonner de façon intelligente les salles blanches de leur réseau. "Nous nous rassemblons pour mieux orienter les recherches technologiques et coupler nos compétences. Nous le faisions déjà mais de façon non structurée. Nous voulons être plus efficaces dans nos choix d'équipements pour ne pas dupliquer les moyens et rester à la pointe des technologies", précise Anne-Marie Gué.

Gagner en visibilité

Le second objectif du GSO Tech vise à améliorer la visibilité des laboratoires du Sud-Ouest.

"Il s'agit de montrer nos réalisations car je ne suis pas persuadé que les acteurs de la R&D en Midi-Pyrénées, et en dehors, aient conscience de l'ampleur de ce qui se fait ici, analyse en effet Anne-Marie Gué. L'idée est de jouer collectif pour être attractif technologiquement vis-à-vis des industriels. Ceux-ci n'ont pas notion de nos complémentarités."

En effet, selon la chercheure, les PME peinent parfois à entrer en contact avec les laboratoires de recherche. Le GSO Tech pourrait donc servir de guichet unique à leur usage. "Nous travaillons déjà avec des entreprises. Le but est de faire plus et mieux, ajoute Anne-Marie Gué. C'est du bon sens. Dans un système hyper-compétitif et mondialisé, nous devons nous organiser pour être plus efficaces et visibles."

Anne-Marie Gué

Anne-Marie Gué, directrice adjointe du laboratoire Laas-CNRS. © Rémi Benoit

Une première réunion à Bordeaux entre les directeurs de laboratoires va permettre d'élaborer une stratégie commune. Une communication partagée et des journées dédiées aux nanotechnologies seront peut-être mises en place en 2016.

Du point de vue de la gouvernance, le GSO Tech se veut une structure légère. "Nous ne sommes pas là pour rajouter une surcouche, sourit Anne-Marie Gué, car plus une structure est lourde, plus elle est embêtante. Nous resterons dans l'interaction, la coordination et la stratégie partagée."

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