Les véhicules sans chauffeur de Robosoft sur les pistes de Francazal

Basée en Aquitaine, la société Robosoft s'implante à Toulouse pour développer sa filiale spécialisée dans les logiciels pour véhicules autonomes. Alliée au constructeur automobile Ligier, Robosoft va s'installer à Montaudran et Francazal, où seront expérimentés des véhicules sans chauffeur. La société compte profiter d'un marché prometteur, où se positionne également Google.
Le véhicule autonome EZ-10

Électrique et sans chauffeur, EZ-10 est un véhicule rectangulaire pouvant contenir jusqu'à 10 passagers et rouler à 20 km/h. Développé depuis la fin des années 90 par Robosoft, le véhicule entre dans la phase industrielle. "Il est prêt à 97 %, indique Vincent Dupourque, le fondateur de la société. Les 3 % restants sont liés à des problématiques météorologiques extrêmes non résolues pour le moment, comme les réactions du véhicule à de fortes précipitations ou dans le brouillard."

Pour affronter cette nouvelle étape, la société, basée à Bidart près de Bayonne, est en complète réorganisation sous l'impulsion de son nouvel actionnaire Gilbert Gagnaire. Ce Français, installé à Singapour pendant 10 ans, a racheté Robosoft en 2014.

"En 2008, j'ai vendu à Moody's la société Fermat que j'avais cofondée (éditrice de logiciels d'assistance pour le secteur bancaire, NDLR) et j'ai pris quatre années de pause, raconte-t-il. Un jour, mon banquier d'affaires m'a présenté le cas de Robosoft et je suis sorti de ma retraite. J'ai découvert le monde de la robotique et j'ai décidé d'industrialiser la partie logiciel qui représentait déjà 70 % de l'activité de la société."

Après le rachat, le nouveau patron réorganise la société en deux filiales détenues par la holding Robosoft Technology :

  • Robosoft Service Robot développe, à Bidart, des robots de transport et d'assistance aux personnes dépendantes.
  • Robosoft Driverless Solutions met au point à Toulouse des logiciels embarqués pour gérer le déplacement des véhicules autonomes et des logiciels "débarqués" pour superviser une flotte entière.

Pour compléter le dispositif, Robosoft s'allie, à la mi-juin 2014, au constructeur automobile Ligier, spécialisé dans les voiturettes. Easy Mile, leur coentreprise basée également à Toulouse, achètera les logiciels de Robosoft DS et les véhicules construits par Ligier à Vichy, pour les commercialiser ensuite dans le monde entier.

Toulouse, comme base de départ

"Est-ce que Bidart était l'endroit le plus approprié pour lancer cette industrialisation ?, s'interroge Gilbert Gagnaire. Non." Entre Bordeaux et Toulouse, le nouvel actionnaire a tranché en faveur de la future capitale de la région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Bassin d'emploi important, proximité de Paris via l'aéroport et à trois heures de route de la maison mère, les raisons sont multiples.

"La qualité de vie à Toulouse permet de fidéliser les salariés, ajoute Gilbert Gagnaire. C'est très important car la courbe d'apprentissage est très longue. Quand une personne part au bout de deux ans, c'est une perte pour l'entreprise."

Entre Robosoft DS et Easy Mile, 11 salariés occupent déjà des bureaux provisoires dans le centre de Toulouse. Un effectif qui pourrait doubler en fin d'année. Prochainement, les équipes, de R&D notamment, devraient rejoindre la pépinière de Toulouse Métropole à Montaudran. À la rentrée, en septembre, un hangar et des bureaux, sous réserve d'une autorisation par la préfecture, seront loués sur le site de Francazal pour y expérimenter les véhicules sur les pistes de l'ancienne base aérienne militaire.

Outre le rachat de Robosoft pour une somme confidentielle, Gilbert Gagnaire affirme avoir engagé entre 2 et 5 millions d'euros pour lancer le projet. Un investissement qui devra être augmenté "si l'on veut aller plus loin et se développer".

Un marché de niche

Marché de niche, le véhicule autonome voit son développement commercial contraint par les règlementations. Interdit de circulation sur la voie publique, le véhicule sans chauffeur EZ-10 vise dans un premier temps les sites fermés : parc d'attractions, aéroports, sites industriels aéronautiques ou automobiles (EZ-10 est testé actuellement à Clermont-Ferrand).

Robosoft Gilbert Gagnaire

"Ce dont je rêve, c'est un quartier sans voiture conçu pour les véhicules autonomes, sourit Gilbert Gagnaire. Dans les villes, le foncier atteint ses limites. Le véhicule autonome propose un modèle où l'utilisation remplace la possession d'une voiture."

S'il imagine volontiers Montaudran en quartier sans voiture dans 10 ans, l'ingénieur entrepreneur ne compte pas sur la France pour développer son activité. "Ce n'est pas un débouché commercial privilégié car le champs de prospection, c'est la planète : les grandes villes de Chine, l'Amérique du Nord et ses villages de retraités, Singapour et la Corée, explique-t-il. Le véhicule autonome du 'dernier kilomètre' devrait devenir un marché de masse dans 10 ans. D'ici à 2020, nous devrions en vendre 300 à 500 par an."

Loin de cet objectif à 5 ans, Easy Mile compte pour l'instant 11 véhicules consacrés aux démonstrations, à Lausanne notamment. Une nouvelle dizaine va être produite cette année. Sur celle-ci, 4 unités sont déjà commandées pour Singapour et les Pays-Bas. Des négociations sont aussi en cours en France pour deux projets industriels de véhicules autonomes lourds.

"Nous avons un véhicule qui fonctionne et qui intéresse des clients, la première phase est réussie, estime Gilbert Gagnaire. Pour aller plus loin, il faut augmenter les capacités de production de Ligier, les capacités commerciales et de certification pour s'adapter aux règlementations."

La gamme de véhicules proposés devrait s'élargir avec des modèles à 4 places, 20 places, voire 80 places.

Des concurrents nommés Google et Apple

Robosoft, Ligier et Easy Mile sont loin d'être les seuls sur le secteur des véhicules autonomes. Face à eux, des mastodontes comme Google et Apple se positionnent sur le même créneau. "Nous n'avons absolument pas à rougir de ce que nous faisons comparé à eux, assure Vincent Dupourque, le fondateur de Robosoft. Nous n'avons pas leur visibilité, mais ils évangélisent le marché et nous en profitons pour nous développer."

"Nous ne sommes pas réellement concurrents, complète Gilbert Gagnaire. Google essaie d'inventer le monde de demain, voire d'après-demain, avec un véhicule capable par exemple d'aller à Carcassonne en toute autonomie. EZ-10, notre véhicule, reproduit un trajet connu et pré-établi sans s'aventurer en dehors. Nous faisons des choses opérationnelles avec la technologie d'aujourd'hui."

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