Sept mois avec une tribu en Namibie, l'aventure ultime d'un chef d'entreprise de Toulouse

Le Toulousain Vincent Lemonde, 37 ans, vit depuis plus de 7 mois en Namibie, au sud du continent africain, en immersion totale dans une tribu Himba. Ex vice-président de la Tic Valley et ex président de la startup Nooméo, cet accro des objets connectés a été adopté par le village dans lequel il vit, et évoque une expérience bouleversante. Néanmoins, le manque de nourriture l'a affaibli et ses médecins en France demandent son rapatriement.
Vincent Lemonde s'est mis aux danses traditionnelles, entouré de ses nouveaux amis (De gauche à droite : Bathenga, Kabinga, Warimisa et Maandu)

"Mon corps m'en veut ... ". La voix est fatiguée mais n'a rien perdu de son enthousiasme. Vincent Lemonde, qui a quitté Toulouse il y a 7 mois pour vivre une aventure personnelle hors du commun en Namibie, a donné cette semaine de ses nouvelles par téléphone. L'ancien vice-président de l'IoT Valley (ex Tic Valley) est physiquement épuisé.

Peu de nourriture

Malgré un entrainement physique intense avant de partir, Vincent Lemonde semble avoir du mal à tenir le choc. Principale cause de sa fatigue : la faim.

"Je vis le quotidien des Himbas, qui vivent avec rien. Le midi nous mangeons une ration de 'pop', une espèce de porridge sec (à base de céréales) trempé dans du lait. Idem le soir. Il y a très peu de viande".

Les températures quant à elles oscillent entre 35° degré la journée et - 9° la nuit !

"Je suis affaibli. J'ai vécu des moments compliqués car j'ai très mal au dos. Un disque qui joue avec un nerf déclenche des sciatiques permanentes".

Une IRM passée en Namibie a conduit les médecins français de Vincent Lemonde à demander son rapatriement."Le neurologue namibien est d'accord pour dire que personne ne peut rien pour moi ici ! Je n'ai aucune idée de combien de temps peut passer avant qu'un rapatriement soit effectif, mais moi je ne veux pas partir ..."

Car malgré l'épreuve physique, Vincent Lemonde s'accroche : "Il m'a fallu quatre mois pour être intégré au village, je ne vais pas partir maintenant !"

 Une aventure humaine exceptionnelle

Aujourd'hui, Vincent Lemonde est un "Himbas blanc", adopté -au sens premier du terme- par le chef de son village.

"J'ai réussi à atteindre un degré d'intimité tel que la vie du village continue comme si je n'étais pas là" se réjouit l'aventurier.

Vincent Lemonde a sa propre hutte dans le village, ses habits traditionnels, et a même pu tester l'onguent local : un mélange de graisse et d'ocre rouge, qui protège du froid et des moustiques. "Un honneur" pour le Toulousain, parti avant tout pour découvrir d' "autres gens".

"Dans ce genre de situation, on s'observe un peu soi-même. Je me pose beaucoup de questions sur ma vie en Europe" confie-t-il.

Sa journée type se déroule selon le rythme imposé par le soleil : "Les enfants partent à l'école vers 6h. Ceux qui restent au village vont traire les vaches et les chèvres pour avoir du lait. Ensuite, nous papotons jusqu'à 10h environ. Puis on s'occupe de battre ou moudre le marengo, une graine qui permet de faire le 'pop'. S'il y a de la viande, nous mangeons tôt, vers 11h. Sinon, plutôt vers midi. L'après-midi, il fait très chaud, nous passons un moment sous les arbres. Les femmes se coiffent, font un brin de toilette et préparent des tenues traditionnelles. Les hommes se rasent le tour de la tête. On reçoit souvent un chef de village voisin pour "socialiser". On se couche tôt, avec le soleil, vers 20h."

VINCENT LEMONDE

"Mes cheveux les intriguent beaucoup"

Au début, la galère

Mais il n'en n'a pas toujours été ainsi. "Au début, je mangeais à côté d'eux, à part, mes propres boites de conserve, autour de mon propre feu. Il a fallu du temps pour être intégré. J'ai un relationnel lent, je ne pose pas trop de questions, je suis dans l'observation, j'évite de prendre des photos".

Face à des gens qui ont très peu de nourriture, Vincent Lemonde comprend alors que la fausse bonne idée est de distribuer des boites de conserves :

"Il ne faut pas bouleverser leur équilibre. J'ai vu dans un village voisin les touristes arroser les Himbas en dollars, contre des bijoux ou des photos. C'est très malsain".

Néanmoins, l'homme admet que s'intégrer chez les Himbas n'est pas une chose facile :

"C'est une population mal aimée et rejetée. On leur a toujours dit qu'ils étaient sales à cause de l'ocre rouge dont ils enduisent leur corps. En conséquence, ils ont un caractère froid. Au début, ils n'ont pas compris ce que je faisais avec eux."

Le Toulousain a même été arrêté deux fois par la police au début de son séjour : "les policiers, qui n'étaient pas Himbas, n'admettaient pas que je puisse être là pour découvrir cette tribu et m'y intéresser".

Un achat a finalement grandement facilité la vie de Vincent Lemonde sur place : une voiture. "La première échoppe est à 25 km du village. Au début, je parcourais cette distance en vélo..."

Déconnexion totale

Vincent Lemonde est (était ?) un accro de technologie et d'objets connectés. Il a occupé le poste de vice-président de la Tic Valley (désormais IoT Valley) et fut président de Nooméo, startup dédiée aux solutions 3D, qui a fait faillite quand son actionnaire a été placé en redressement judiciaire.

Dès son arrivée en Afrique, la recherche du réseau devient un combat sans fin pour Vincent Lemonde. Après avoir perdu un temps fou à chercher à se connecter à internet régulièrement pour mettre à jour son blog et ses réseaux sociaux, il a finalement décidé de "déconnecter" pour de bon il y a quelques semaines : "cela me procure un vrai sentiment de liberté : plus besoin de charger le téléphone et de chercher des connexions".

Seule sa famille est tenue au courant de son parcours et de sa santé.

Contrairement à ce qui était prévu, Ludovic le Moan, CEO de Sigfox et ami de Vincent Lemonde, ne le rejoindra pas en Namibie. "Non seulement Ludovic n'a pas le temps, mais il est surtout impossible de faire venir quelqu'un ici pour dix jours, c'est beaucoup trop compliqué à accepter pour la tribu" analyse le "Himbas blanc".

On the road again

Pour des raisons administratives, Vincent Lemonde doit quitter la Namibie tous les trois mois, pour y revenir ensuite. Quand nous l'avons eu au téléphone, il était dans la ville de Windhoek, la capitale de la Namibie. Le lendemain, il se rendait à Maun, au Botswana, une ville proche du delta de l'Okavango où il devait "essayer de se reposer un peu" avant de repartir. Direction : Ghanzi, toujours au Botswana , pour rencontrer une autre ethnie : les Bushmen.

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On the road again

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Pour des raisons administratives, Vincent Lemonde doit quitter la Namibie tous les trois mois, pour y revenir ensuite. Quand nous l'avons eu au téléphone, il était dans la ville de Windhoek, la capitale de la Namibie. Le lendemain, il se rendait à Maun, au Botswana, une ville proche du delta de l'Okavango où il devait "essayer de se reposer un peu" avant de repartir. Direction : Ghanzi, toujours au Botswana , pour rencontrer une autre ethnie : les Bushmen.

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Commentaires 3
à écrit le 29/07/2015 à 15:33
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Il doit quitter le pays tous les 3 mois comme dans bien d'autres endroits du monde. C'est une petite nature, c'est la raison principale de ses maux. Quant on voit les femmes qui l'entourent, ells ne sont pas grasses, mais pas non plus cadavériques co...

le 30/07/2015 à 10:43
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Quelques soient ses motivations il a tout de meme tenu 7 mois ds des conditions pas tres faciles. Coup de pub ou envie de reconnaissance il a ose franchir le pas et laisser un avenir derriere lui Il existe 2 sortes d hommes ceux qui revent les yeux...

le 03/08/2015 à 20:10
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@Corto: et je fais partie de ceux qui agissent sans "hype" :-)

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