Labège va tester un prototype de route solaire, un projet viable ?

Le Sicoval a présenté mardi 14 mars au Mipim de Cannes un projet de route solaire de 50 m2. Cette expérimentation sera couplée avec des bornes de recharges électriques pour alimenter en énergie un hôtel d'entreprises. L'efficacité des routes solaires est décriée par certains écologistes pour leurs coûts d'installation élevés et une production d'électricité minime.
Le revêtement photovoltaïque Wattway a été inventé par le fabricant français Colas, une filiale de Bouygues.

C'était le 22 décembre dernier en Normandie. La ministre de l'Environnement Ségolène Royal inaugurait un kilomètre de route solaire, "une première mondiale". Ce projet expérimental de revêtement photovoltaïque Wattway a été inventé par le fabricant français Colas, une filiale de Bouygues, et doit alimenter à terme en électricité les aires d'autoroutes ou les maisons isolées. En parallèle, quatre sites pilotes (Septèmes-les-Vallons, près de Marseille, deux en Vendée et un dans les Yvelines) expérimentent depuis plusieurs mois des dalles photovoltaïques de 50 à 100 m2.

D'ici la fin de l'année, la région toulousaine va elle aussi tester le concept de route solaire. Le Sicoval et la SPL Enova Aménagement ont présenté mardi 14 mars à l'occasion du Mipim de Cannes (le plus grand salon professionnel immobilier) un projet de route solaire de 50 m2.

"Cette expérimentation sera menée sur la route l'Occitane, à proximité du cinéma Gaumont Labège. Elle permettra d'alimenter un hôtel d'entreprises à proximité où seront installées par ailleurs des bornes de recharge pour véhicules électriques. Nous sommes intéressés par ce concept qui permet de faire un autre usage de la route", explique Sandrine Decoux, directrice générale de la SPL (société publique locale) Enova Aménagement.

Cet aménagement représente un investissement de 125 000 euros, financé à 70 % par des aides de l'État. Séduite par la technologie, Ségolène Royal a annoncé il y a un an un plan national pour la route à énergie positive visant la réalisation de 1 000 km de routes solaires d'ici à 2020.

"Le prototype dispose d'une puissance de 6,2 kilowatts, ce qui représente une production annuelle estimée à 6 820 kW. C'est infime mais il s'agit de tester la technologie avec la possibilité, à terme, de l'étendre à de plus grandes surfaces de routes", complète Jérémie Bernard, chargée de mission sur le plan climat énergie au sein du Sicoval.

L'efficacité de la route solaire décriée

Mais l'efficacité des routes solaires est décriée par certains. Le directeur de l'association Negawatt Stéphane Chatelin met ainsi en avant que les routes solaires coûtent beaucoup plus chers que les panneaux photovoltaïques classiques :

"Selon les derniers chiffres publiées par la Commission de régulation de l'énergie, en termes de production d'électricité, les grands parcs photovoltaïques au sol coûtent 60 euros / MWh (mégawatt heure), les panneaux posés sur la toiture coûtent 120 euros / MWh et les petites installations (à l'instar d'une route solaire, NDLR) reviennent à 240 euros / MWh ! On voit bien la différence de coût entre les panneaux en toiture ou posés au sol et ces petits projets."

Selon lui, malgré ces coûts d'installation beaucoup plus élevés, "le ministère semble privilégier les routes solaires afin de développer une filière française du solaire", sachant que la Chine est actuellement le premier pays producteur de panneaux photovoltaïques classiques.

Au moment de l'inauguration de la route solaire normande, plusieurs experts internationaux avaient également dénoncé, dans une tribune publiée dans PV Magazine (Allemagne) puis dans Renew Economy (Australie), un projet non viable économiquement.

"Les routes solaires semblent être un moyen de subventionner les entreprises françaises, pas un moyen de produire de l'électricité... Ces panneaux auront une performance dégradée et une durée de vie plus courte que les panneaux classiques. Mais c'est ok parce que... ils sont produits en France ?", alerte ainsi dans le texte Jenny Chase, directrice des analyses solaires au sein de Bloomberg New Energy Finance.

"Tester toutes les options possibles"

À Labège, Jérémie Bernard insiste sur le le fait que la collectivité cherche "à tester toutes les options possibles" pour produire de l'électricité de manière renouvelable : "Nous sommes également en train de repérer dans le parc d'activités des toitures qui pourraient accueillir des panneaux photovoltaïques pour une autoconsommation en équipant par exemple un bâtiment du Sicoval."

Tous ces projets s'inscrivent dans le cadre du programme "territoire à énergie positive pour la croissance verte", pour lequel la communauté d'agglomération du Sicoval a reçu une première enveloppe de 500 000 euros en 2015. La semaine prochaine, le ministère de l'Écologie doit accorder à la communauté d'agglomération une subvention d'1,5 million d'euros supplémentaire. Avec cette aide, le Sicoval prévoit de rénover les logements et bâtiments publics, de développer les pistes cyclables et de travailler sur les réseaux de distribution et de gestion d'énergie intelligents (smart grids).

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