Logements connectés : des promoteurs toulousains se lancent sans l'appui de la Métropole

LP Promotion et Green City livreront à Toulouse leurs premières résidences connectées et bourrées de smart technologies dès 2017. Néanmoins, pour l'instant, les promoteurs regrettent un "manque d'impulsion" de Toulouse Métropole sur cette question du smart building. Les startups de l'IoT Valley sont, elles, déjà sollicitées.
Vue d'architecte de la future Résidence Newton

Toulouse sera une Smart City ou ne sera pas... Toute la question est de savoir quand ? La collectivité met en œuvre la "Toulouse Open Métropole, Stratégie Smart City" jusqu'en 2020. Retenue par ailleurs dans le cadre du programme d'investissements d'avenir "ville de demain", la Ville flèchera des investissements sur l'aménagement de plusieurs quartiers.

Par ailleurs, Toulouse Métropole se positionne pour Smart City H2020, un appel à projet européen annuel pour le développement de Smart Cities. Jeudi 7 avril, une réunion a été organisée par la Métropole sur le sujet en présence des villes d'Oslo et de Séville, ainsi que de certains industriels et institutionnels potentiellement engagés dans la démarche Smart City auprès de la Métropole.

Pour autant, à part le projet test de logements évolutifs et connectés lancé par la métropole à Andromède et porté par Vinci et la Cité Jardins, ailleurs dans l'agglomération, les programmes sont peu nombreux et ceux qui sont lancés le sont par les promoteurs.

C'est le cas de la résidence étudiante Newton à Borderouge, portée par LP Promotion, dont les travaux viennent de démarrer et qui sera livrée fin 2017. Le projet vient d'ailleurs de décrocher une pyramide d'argent de la FPI (Fédération des promoteurs immobiliers) pour la résidence connectée.

"Cette résidence est une première pour nous. Un projet dans lequel nous nous sommes lancés seuls en allant chercher des partenaires parmi des startups et des industriels, décrit Pierre Aoun, le directeur général adjoint de LP promotion. Aujourd'hui, les élus auxquels nous présentons notre projet sont enchantés."

Une résidence 100 % connectée

En effet, la résidence Newton sera totalement connectée. Les 66 studios seront équipés d'une appli de programmation et de pilotage des consommations électriques (chauffe-eau, chauffage), avec des scénarii permettant aux usagers d'adapter leur utilisation en temps réel pour réduire leur consommation. Elle disposera également d'ascenseurs autonomes en énergie et de boîtes aux lettres connectées Renz, les premières à disposer de l'aval de la Poste dans le Sud-Ouest, permettant un service de e-conciergerie. La résidence sera aussi équipée de bornes de recharge électrique installées dans les sous-sols et accessibles au grand public, d'écrans d'information en temps réel...

Pour trouver les bons partenaires, les équipes de LP Promotion ont notamment fait appel à des startups de l'IoT Valley. C'est là qu'ils ont découvert la solution d'affichage dynamique pilotable à distance de Citymeo.

"LP Promotion a été séduit par notre technologie et a dans l'idée de nous intégrer désormais lorsqu'ils répondront à des appels d'offres en lien avec le Smart Building", indique Félix Boudier, responsable commercial chez Citymeo.

Il raconte par ailleurs "avoir été sollicité par d'autres promoteurs en France et par des industriels sur ces questions".

Le bâtiment, un secteur d'avenir pour les startups

Pour commencer, la startup toulousaine équipera le hall d'entrée de la résidence étudiante de Borderouge, avec des écrans connectés qui relaieront des informations en temps réel : les prochains départs du métro tout proche, des infos trafics, la météo, la consommation d'énergie de la résidence... "Les secteurs du logement et du bâtiment présentent de réelles opportunités", mesure Félix Boudier, qui dit n'attendre qu'une chose : "que le marché se réveille !"

Autre innovation disponible dans la résidence Newton, des bornes de recharge électriques accessibles au grand public qui seront déployées par Mobilygreen, autre startup de l'IoT Valley. Pour Éric Colmar, le cofondateur de cette startup, "le marché des logements collectifs est aussi très important, mais ça tâtonne, les choses sont longues à se mettre en place. Et, surtout, elles ne sont pas structurées du côté des aménageurs publics."

Un avis partagé par le promoteur toulousain Stéphane Aubay, à la tête de Green City. "Pour l'instant, je n'ai pas vraiment senti d'impulsion de la collectivité pour ce genre de projet. Même si je comprends qu'il n'est pas question de se précipiter et de faire de la connexion pour faire de la connexion."

Sollicité, Oppidea, l'aménageur de Toulouse Métropole, ne s'est pas exprimé, considérant que le sujet n'était pas encore assez avancé dans les Zac.

Pas de surcoût pour les acheteurs

Si certains quartiers de l'agglomération ont en effet été identifiés comme "Smart" (Toulouse Montaudran Aerospace, Cartoucherie, Las Fonses), les réalisations se limitent pour l'instant à l'espace public.

Comme LP Promotion, le promoteur Green City a pourtant décidé de se lancer sans attendre, avec une première résidence connectée de 62 logements en cours de travaux - le Parc des Demoiselles - qui sera livrée en septembre 2017.

"C'est un projet pilote, décrit Coralie Raynal, la directrice du service technique de Green City, mais notre objectif est bien de généraliser cela par la suite à une grande partie de nos programmes."

Dans cette résidence pilote, Green City prévoit une gestion intelligente et à distance de la consommation dans les logements et des parties communes connectées pour gérer l'entretien, les ascenseurs, la vidéosurveillance, des bornes de recharge électrique en sous-sol (avec la technologie Mobilygreen)...

Si ces professionnels de la construction s'accordent à dire que les bâtiments connectés et intelligents seront une réalité à court terme, ils évoquent à ce jour les coûts de construction comme un frein à supporter. "Une résidence connectée impacte les coûts de construction de l'ordre de 1 500 euros par logement", estime Coralie Raynal. "Pour l'acheteur final, en revanche, le coût est indolore, il représente moins de 1 % par logement", assure Pierre Aoun chez LP Promotion.

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