Campus Payname à la campagne : détails d'un projet immobilier inédit

L’esprit startup souffle sur le Volvestre. Éric Charpentier, le fondateur de Payname, distingué par le prix de la Nouvelle Économie lors de Biznext 2015, construit son futur campus en pleine campagne au sud de Toulouse. Un projet immobilier d'envergure, qui occupera une rue entière. Détails.
Vue d'architectes, le coin repas.

Certaines startups choisissent de s'installer en centre-ville, d'autres se regroupent en écosystème dans des accélérateurs. Payname a pris le contre-pied en optant pour la campagne et la commune de Saint-Elix le Château, située à une quarantaine de kilomètres au sud de Toulouse, pour construire son futur campus hyper connecté de 600 m2. La fintech, qui se définit comme une alternative à la banque traditionnelle, sécurise les transactions entre particuliers. Après avoir levé 5 millions d'euros cette année, elle doit faire face à une croissance exponentielle.

"Il aurait été assez facile pour moi de m'installer à Toulouse car nous aurions été soutenus, mais je vis à Saint-Elix depuis une dizaine d'années et m'installer ici est apparu comme une évidence", explique Eric Charpentier, le fondateur de Payname.

Hébergée à ce jour dans les locaux de la Cantine à Toulouse, l'équipe de 28 personnes est à l'étroit. "Nous sommes en pleine campagne de recrutements et serons une soixantaine en mai prochain quand nous entrerons dans notre campus."

Le campus occupera une rue entière

À Saint-Elix le Château, commune de 900 habitants située au cœur du Volvestre, le projet de Payname n'a pourtant pas remporté l'adhésion des élus immédiatement.

"Quand je me suis présenté devant eux en expliquant que nous étions une startup d'une vingtaine de personnes qui ne faisait pas encore de chiffre d'affaires, et que je voulais construire mon entreprise ici, ils n'y ont pas cru tout de suite", se souvient Eric Charpentier. Finalement, nous les avons convaincus. Quatre lots nous ont été attribués pour construire notre campus sur un hectare dans cette Zac."

Le soutien de la collectivité a également permis l'arrivée de la fibre à Saint-Elix, une condition sine qua non à l'installation de la startup. Le campus Payname occupera donc une rue entière, mais en phase avec le positionnement de la startup, il sera ouvert sur le territoire.

Parmi les différents bâtiments prévus, une salle polyvalente de 200 m2 permettra aux salariés de faire du sport et restera accessible au club de judo de la commune et à toute autre activité portée par le territoire. "Ce projet doit aussi être de nature à redynamiser le territoire," estime Éric Charpentier. Pour faciliter le quotidien de ses salariés, il réfléchit avec la collectivité à mettre en place une navette entre la gare SNCF de Carbonne (la plus proche) et l'entreprise. Des bornes de chargement électriques et deux véhicules en auto-partage seront aussi à disposition. Enfin, aux côtés des habituels stocks de sodas, le jus de pomme de Marcel "made in Saint-Elix" sera disponible chez Payname.

La startup qui a levé 5 millions d'euros cette année, en majorité auprès de la Maif, sera dans une logique d'échange de services avec l'entreprise-actionnaire. "Des juristes de la Maif viendront par petits groupes travailler chez nous sur certaines périodes, ils nous apportent leur expertise et tout cela devra relever de l'échange de bons procédés. De notre côté, nous leur apportons l'esprit startup. Mais il est hors de question pour nous de nous transformer en centre d'accueil pour séminaires d'entreprises, car nous ne voulons pas finir en zoo !", s'exclame le fondateur de la fintech.

Au delà de ce projet, il restait encore à convaincre les équipes - moyenne d'âge 26 ans - de quitter les rues de l'hyper-centre de Toulouse pour se mettre au vert...

"L'adhésion a été immédiate !, assure le patron, d'ailleurs aujourd'hui ils sont déjà quelques uns à penser s'installer à Saint-Elix le Château et la mairie recense les logements disponibles dans le village."

Le programme du campus a été établi avec l'architecte toulousain Jacques Beltràn, pour un coût de construction estimé à 1 million d'euros pris en charge par l'entreprise, avec le soutien du Conseil régional et de l'Union Européenne.

"Un bâtiment de 600 m2 dédié aux espaces de travail et de réunion, comprenant un bloc de restauration baptisé la Baraque, et un bloc sanitaire, sera construit à côté de la salle polyvalente. Il sera de plain pied, monolithe et sans ostentation pour se fondre avec le paysage", décrit l'architecte.

Conçu comme un hangar, en construction métallique avec des poutres en métal apparentes et des façades habillées de métal, il sera largement ouvert sur la nature avec des baies vitrées au sud et conformes aux normes ART 2012. "Ce mode de construction permet de raccourcir considérablement les délais", précise l'architecte. La première pierre a été posée en octobre dernier et le bâtiment sera livré fin mai 2016.

Une grotte pour se détendre, une caravane pour se réunir

Pour l'aménagement intérieur du campus, Payname a fait appel à la société Ester, spécialisée dans l'aménagement des espaces de bureaux. "Nous nous sommes mis dans la culture Payname qui mêle l'esprit récup', le détournement des objets, la pensée frugale", décrit Sophie Lucciardi qui a conçu le projet avec les équipes.

À l'arrivée, le bâtiment d'aspect industriel conçu en open-space sera "réchauffé" par des zones de coussins et de banquettes, des rideaux acoustiques colorés pour séparer les espaces de travail, une salle de conférence avec des gradins en paille séchée recouverte de vinyle transparent. Et en guise de salle de réunion, les équipes de Payname ont réclamé une vieille caravane qui trônera au milieu des bureaux.

"Cela prend moins de place qu'une salle de réunion, et on est dans le plaisir !", explique Eric Charpentier.

Enfin, il manquait encore un lieu essentiel pour une startup, la salle de détente et de jeux vidéos... Ce sera finalement une grotte emménagée à quelques mètres du bâtiment principal qui occupera cette fonction. "Nous manquions de place pour cela dans le bâtiment principal, j'ai donc proposé d'utiliser les 2/3 de la terre de remblais pour aménager un espace souterrain brut de 45 m2 avec une terrasse," décrit l'architecte Jacques Beltràn qui construira là sa première grotte !

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Commentaire 1
à écrit le 30/12/2015 à 18:28
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Voila un projet innovant pour une start-up des "champs", qui mise sur la capacité de recrutement autrement qu'à Paris. Les talents sont partout et quand l'Assureur Militant comme la Maïf suit (comme BPI France ou LaDépêche) on peut penser que le proj...

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