Rachat des terrains de Sanofi : la nouvelle bataille économique Toulouse Métropole / Sicoval ?

L’établissement public foncier local (EPFL) de Toulouse Métropole n'assurera finalement pas le portage financier pour le compte du Sicoval dans le rachat des 12,5 hectares de Sanofi à Labège. Jacques Oberti, le président du Sicoval, y voit une manœuvre politique. De son côté Dominique Faure, la présidente de l'EPFL et vice-présidente de Toulouse Métropole assure œuvrer pour la bonne entente des territoires. Décryptage.
L'ancien site de Sanofi.

L'été dernier, le Sicoval a signé une promesse de vente avec le groupe Sanofi-Aventis pour acquérir 12,5 hectares de terrain à Labège. Montant de l'opération : 8,5 millions d'euros. Une transaction aux modalités particulières, puisque pour la première fois, l'opération devait être portée par l'établissement public foncier local de Toulouse Métropole (EPFL), auquel le Sicoval avait adhéré en 2014.

Une véritable aubaine pour le Sicoval puisque cette convention de portage n'allait générer aucun coût immédiat pour la collectivité. Elle a d'ailleurs été approuvée par le conseil de communauté du Sicoval le 5 octobre dernier.

Coup de théâtre

Mais coup de théâtre, l'EPFL, présidé par Dominique Faure, vice-présidente de Toulouse Métropole, a retiré ce dossier de son dernier ordre du jour.

"Je n'y ai d'abord pas cru, car il me semblait que ce n'était pas conforme à l'état d'esprit des politiques", confie Jacques Oberti, le président du Sicoval, qui voit la main de Jean-Luc Moudenc dans ce revirement.

En effet, si l'EPFL ne rachète pas les terrains de Sanofi, le Sicoval devra le faire lui-même, et pour cela, devra s'endetter.

Sollicitée sur ce sujet, Dominique Faure confirme mais refuse de donner des détails, évoquant seulement des "détails techniques" qui empêcheraient l'EPFL de racheter les terrains, notamment "l'impossibilité pour Toulouse Métropole de lever la TSE (taxe spéciale d'équipement) pour le Sicoval en 2015", ce qui rendait impossible la transaction dans les délais.

"Je trouve parfaitement déplacé d'évoquer ce sujet, alors que j'ai tout fait pour que les deux territoires (Toulouse Métropole et le Sicoval, NDLR) se parlent de plus en plus", s'agace l'élue.

Ce sujet a été évoqué par Jacques Oberti le vendredi 6 novembre en marge de la pose de la première pierre du bâtiment Thalès à Labège. La toile de fond de ce nouvel épisode reste la compétition économique que se livrent Toulouse Métropole et le Sicoval pour accueillir des entreprises sur leur territoire.

Des terrains stratégiques

L'intercommunalité du sud-est toulousain a indiqué à plusieurs reprises sa volonté de créer un campus numérique sur les anciens terrains de Sanofi.

"Jean-Luc Moudenc s'ouvre une fenêtre pour aller capter des entreprises du domaine du numérique et les inciter à s'installer sur son territoire et notamment Sigfox, en leur faisant des propositions alléchantes. Il a voulu nous mettre des bâtons dans les roues", estime Jacques Oberti.

Le président du Sicoval assure par ailleurs être en discussion avec Sigfox (déjà présent sur Labège, mais à l'étroit dans ses locaux actuels) pour reloger la startup en forte croissance, qui serait prête, selon lui, à s'installer dans un nouveau bâtiment de 8 000 à 10 000 m2.

Contactée ce 9 novembre, Sigfox affirme de son côté "étudier toutes les propositions".

Quoi qu'il en soit, pour le Sicoval, il n'est pas question de renoncer à l'acquisition de ces terrains hyper stratégiques. "Droits dans nos bottes, nous achetons quand même en direct et grâce à cette opération, nous avons toute la maîtrise de foncier libre du projet Innometro" annonce Jacques Oberti, qui assure que "cet emprunt pour Sanofi ne représentera in fine que 10 % de notre dette totale quand nous aurons emprunté pour le métro."

Le Sicoval comptera alors plus que jamais sur les recettes générées par ces 12,5 hectares qui sont censées financer en partie le PLB. Ils correspondent à un prévisionnel de construction de 100 000 m2 de surface plancher et seront occupés par des entreprises et des commerces ou services en lien avec la galerie commerciale existante.

"Nous sommes déjà sollicités par des investisseurs et prévoyons de démarrer les travaux de viabilisation début 2016" assure Jacques Oberti.

Avant cela, il faudra signer l'acte de vente définitif avec Sanofi, la date du 15 décembre prochain est annoncée.

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