Immobilier : les entreprises s'emparent du marché des "bâtiments connectés"

Moquette intelligente, poubelles connectées... Les "bâtiments intelligents" préoccupent tous les acteurs de la filière de l'immobilier. Si ce marché n’en est qu’à ses balbutiements, son développement dans les années à venir semble irréversible. En France, un réseau de 150 entreprises innovantes existe déjà pour promouvoir cette nouvelle facette de l'immobilier. Et les petites structures s’en sortent aussi bien que les grandes.

Poubelles connectées permettant le tri sélectif, moquettes intelligentes capables de détecter la présence humaine, pilotage à distance des bâtiments assurant la gestion de la température et le contrôle des ouvrants... Autant de scénarii de bâtiments connectés qui ne seront bientôt plus de la science-fiction.

"On y est, la réflexion est entamée autour des bâtiments connectés !", assure Paul Krak, le responsable marketing clientèle Partner Projects & Buildings chez Schneider Electric, qui propose des solutions clés en main aux industriels. Pour accélérer le mouvement, le constructeur organise en ce moment un tour de France auprès des industriels et des professionnels du bâtiment avec l'objectif "d'évangéliser la filière".

Les grands groupes précurseurs

Car le sujet est en effet encore balbutiant et concerne aujourd'hui avant tout les grands bâtiments industriels et les sièges sociaux. C'est le cas d'Airbus par exemple.

"Nous n'appliquons pas encore ces solutions à l'ensemble du groupe, mais nous utilisons des systèmes connectés qui nous permettent notamment d'adapter les niveaux d'éclairage et de ventilation dans nos salles de peinture", décrit Pascal Cluzel, adjoint au responsable des moyens généraux chez l'avionneur.

Et, à l'avenir, l'industriel veut aller beaucoup plus loin avec des bâtiments permettant à la fois des économies d'énergie, mais garantissant aussi le confort et le bien-être des ses occupants.

"Demain, je veux pouvoir dire combien d'impact de pas a reçu ma moquette connectée et je veux que ma poubelle soit reliée avec un contrat d'exploitation des déchets. Aujourd'hui, ce qui existe est encore compliqué. Je pense qu'il faut attendre encore cinq ans pour que les choses évoluent", estime Pascal Cluzel.

Un bâtiment connecté coûte cher

Parmi les freins à la mise en œuvre, il y a le coût bien sûr.

"Pour rendre un bâtiment intelligent, il faut compter 15 % d'investissement supplémentaire. Il faut veiller ensuite à ce que les outils soient totalement adaptés aux usages et, enfin, il faut accompagner les usagers sous peine de ne faire aucune économie", pointe Christophe Gautier, le directeur technique du bureau technique Betem Midi-Pyrénées.

Pour rendre un bâtiment moyen de 300 à 400 m2 intelligent et connecté, il faut investir en moyenne 15 000 à 20 000 euros, tandis que la facture énergétique permet une économie de 20 % par an en moyenne. Pas toujours suffisant pour convaincre.

Pourtant les fabricants en sont persuadés, le potentiel est énorme. "Nous cherchons à toucher le marché des bâtiments inférieurs à 5 000 m2, notamment celui des Ehpad, mais aussi des surfaces commerciales et, dans un second temps, l'hôtellerie", décrit Paul Krak.

Un réseau de 150 entreprises innovantes

 Pour faire décoller le marché, il faut former les entrepreneurs du bâtiment, une tâche complexe :

"C'est compliqué dans cette filière où la résistance au changement est forte, reconnaît Paul Krak. Néanmoins, nous avons repéré 150 entreprises innovantes sur ces questions et les avons rassemblées au sein du réseau EcoXpert."

Et pour être innovant, nul besoin d'être grand ! Ainsi, la PME de Ramonville Socorem, spécialisée dans les installations électriques, a été repérée comme l'une des plus innovantes du secteur. Elle fonctionne en Scop et réalise un chiffre d'affaires de 5 millions d'euros par an.

"Nous étions convaincus depuis quelques années déjà que le marché allait profondément changer. Nous avons donc décidé de nous positionner et avons rejoint le réseau EcoXpert il y a deux ou trois ans et nous nous sommes formés", explique Michel Nougué, le directeur d'exploitation.

Socorem propose aujourd'hui un boîtier intelligent qui permet de gérer les dépenses énergétiques et compte parmi ses clients des industriels, des commerces et des collectivités locales.

"Mais nous misons surtout sur le marché des Ehpad et la Silver économie qui va décoller d'ici à l'année prochaine. Malheureusement, la filière des entreprises d'électricité intégrée dans celle du bâtiment n'a pas encore pris conscience de cette nécessité", regrette-t-il.

Le marché des bâtiments connectés sera probablement bousculé aussi par les startups, de plus en plus nombreuses à se positionner sur la "smart city" et les services innovants.

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