COP21 : les véritables enjeux climatiques ?

Dans deux mois, le monde entier aura les yeux braqués sur la France, où se déroule la COP21, 21e Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques. Mais de quoi parle-t-on au juste ? Quels enjeux environnementaux sont au cœur des débats ? Le point avec Christophe Cassou, climatologue au Cerfacs/CNRS, et Pascale Ultré-Guérard, responsable du programme 'Terre, Environnement, Climat' au Cnes. Tous les deux seront présent à Toulouse lors du Forum Climat COP21 le 15 octobre.
Le changement climatique a des conséquences bien visibles

L'objectif de la COP21, la 21e Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques qui se tiendra du 30 novembre au 11 décembre prochains à Paris, est clair : il s'agit d'aboutir à un accord international sur le climat. Concrètement, cet événement vise à engager de façon concertée une nouvelle trajectoire de développement économique permettant de limiter à deux degrés le réchauffement climatique par rapport à l'ère préindustrielle. Et si les tractations politiques sont encore actuellement en cours, les enjeux scientifiques, eux, sont sans appel. Pour le climatologue Cerfacs/CNRS Christophe Cassou, contributeur du Giec (Groupement intergouvernemental d'experts sur le changement climatique) et coorganisateur du Train du climat, exposition itinérante qui va sillonner la France du 6 au 25 octobre, il y a bel et bien urgence.

"Nous mesurons la concentration de gaz carbonique dans l'atmosphère la plus élevée depuis un million d'années", déplore-t-il.

Aux sceptiques qui douteraient encore de la responsabilité humaine dans ce phénomène d'augmentation des gaz à effet de serre, le scientifique répond sans ambiguïté. "Les travaux des climatologues démontrent que les tendances depuis un siècle, et surtout depuis 1950, ne sont pas compatibles avec la variabilité naturelle, précise-t-il. Cet excès de carbone est directement lié à la combustion des énergies fossiles."

Deux scénarios envisagés

Face au réchauffement climatique, qui intervient sur la planète de façon globale mais non homogène, de nombreux scénarios se dessinent pour l'avenir. Dont deux principaux, très contrastés.

"Le scénario optimiste, celui sur lequel s'appuie la COP21, verrait une augmentation de deux degrés de la température globale de la planète à la fin du 21e siècle par rapport à 1850, explique Christophe Cassou. Pour cela, il faudrait infléchir dès maintenant très fortement la courbe des émissions de gaz à effet de serre, en les divisant par quatre à l'horizon 2050."

Ce qui, le scientifique ne le cache pas, "sera très difficile". Autre scénario, beaucoup plus pessimiste, celui-là : celui du "laisser faire".

"Si on ne fait rien, si on ne change rien, nous atteindrons un réchauffement global de 4 à 6 degrés à l'horizon 2100, anticipe Christophe Cassou. Les zones polaires, elles, se réchaufferaient de 15 degrés. Il faut savoir que la différence entre une période glaciaire et interglaciaire est de 5 à 6 degrés. Cette alternance a lieu tous les 100 000 ans environ. Nous sommes actuellement dans une période chaude (interglaciaire) depuis 10 000 ans. Nous sommes en train d'y rajouter 5 degrés ! C'est un climat que nous n'avons pas connu depuis au moins 1 million d'années !"

Le climatologue souligne par ailleurs la vitesse du changement. "Le passage entre deux périodes prend d'ordinaire environ 15 000 ans. Là, c'est cent ans ! Nous rentrons dans quelque chose que nous ne connaissons pas..."

Des conséquences multiples

Et les conséquences d'un tel scénario catastrophe seraient multiples : disparition des banquises en été, asséchement des ressources en eau douce dans certaines régions du globe, fonte des glaciers continentaux et des calottes glaciaires, mais aussi augmentation du niveau de la mer, avec une incidence directe sur les populations côtières, qui deviendraient très vulnérables.

"L'attente est forte, car la situation ne va pas en s'améliorant, confirme Pascale Ultré-Guérard, responsable du programme 'Terre, Environnement, Climat' au Cnes. Le niveau des océans monte, alors que les deux tiers de la population mondiale vivent à moins de 60 kilomètres des côtes. On ne peut pas rester sans agir !"

Serait-il déjà trop tard ? Pas forcément, répond Christophe Cassou. "En optant pour le scénario du + 2 degrés, nous resterions dans le domaine de l'acceptable, pour que les sociétés puissent s'adapter", estime-t-il. Un optimisme partagé par Pascale Ultré-Guérard : "Tous les moyens ont été mis de notre côté, dans la perspective de la COP21. Il faut rester confiants et travailler sur le long terme."

Forum Climat COP21 le 15 octobre à Toulouse

Christophe Cassou et Pascale Ultré-Guérard interviendront lors du Forum Climat COP21, organisé par La Tribune-Objectif News. Cet événement va rassembler 800 acteurs de la vie économique, scientifique et politique régionale le 15 octobre prochain, de 9 heures à 13 heures, aux Espaces Vanel de la médiathèque José Cabanis, à Toulouse. Cette matinée de réflexion aura pour but de mobiliser l'ensemble des acteurs locaux sur les questions de transition énergétique et de lutte contre le réchauffement climatique.

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Commentaires 3
à écrit le 30/09/2015 à 11:38
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Quand je vois ma voisine aller acheter ses légumes bio dans son 4x4 diesel des années 90 qui n'a jamais vu un chemin de terre, j'ai du mal à comprendre. Elle est pour les éoliennes et panneaux solaires, mais pas chez elle car "c'est laid". Les ...

à écrit le 29/09/2015 à 22:11
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Quel enfumage de pacotille. Donc quel est l'enjeu: aboutir à un accord sur le climat. Bref pipo. On ne sait absolument pas ce que cela peut vouloir dire. Comme on n'en sait rien, eh ben on va fixer un objectif chapeau (i.e. sorti d'un chapeau) et i...

à écrit le 29/09/2015 à 19:07
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L'enjeu écologique n'est pas mobilisateur. Il faut exposer un enjeu économique, à savoir une taxe sur l'énergie pour réduire le cout du travail. La taxe sur l'énergie est écologique. Réduire le cout du travail est économique.

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