Comment expliquer l'essor des financements alternatifs au système bancaire ?
Depuis la crise financière de 2008, les accords de Bâle III ont réformé les règles prudentielles et poussent les banques à demander plus de garanties aux emprunteurs. Les entreprises éprouvent plus ou moins de difficultés à faire crédit selon la nature des dépenses.
Concernant le financement immobilier, le développement d'une surface commerciale ou de locaux, cela reste assez accessible car les banques disposent d'un bien à mettre en garantie. De la même manière, il est assez aisé de financer des machines, des outils ou des véhicules utilitaires.
En revanche, il est beaucoup plus difficile aujourd'hui de financer de l'investissement immatériel (marketing, recherche en innovation, formation, site internet...) où la productivité n'est pas garantie.
Quels sont les principaux financements alternatifs et à qui s'adressent-ils ?
Les principaux sont le crowdfunding (financement participatif), les placements privés, les fonds-dette ou les prêts interentreprises. Le crowdfunding a l'avantage d'être ouvert aux TPE dès 5 000 à 10 000 euros. Les PME y font également appel et les ETI un peu moins, sauf pour disposer d'une étude de marché gratuite et gagner en visibilité. Le placement privé requiert un ticket d'émission de dette minimal de 10 millions d'euros, donc ce mode de financement est davantage privilégié par les ETI. Les prêts interentreprises introduits avec la loi Macron concernent davantage les grands donneurs d'ordres qui prêtent aux petits fournisseurs.
Comment voyez-vous l'avenir du crédit aux entreprises ?
Il ne faut pas voir d'opposition entre le système bancaire et les financements alternatifs. De mon point de vue, à l'avenir, les entreprises combineront différents modes de financement. Un entrepreneur qui veut emprunter 300 000 euros pourra faire un crédit de 200 000 euros à la banque et lever 100 000 euros via le crowdfunding. Une ETI qui a besoin de 30 millions d'euros pour son développement pourra emprunter 10 millions d'euros en crédit bancaire et 20 millions d'euros en placement privé.
Ensuite, il ne faut pas se bercer d'illusions, les financeurs alternatifs sont tout aussi exigeants que les banquiers. Il reste important de bien ficeler son dossier avec ses garanties et le business plan.
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