La Chouette Coop, le choix de consommer autrement à Toulouse

Concept venu tout droit de New-York, 14 projets de supermarchés coopératifs sont nés en France ces dernières années et sont aujourd'hui à des stades d'avancement différents. Porté par les 600 adhérents de l’association Les Amis de La Chouette Coop, le projet toulousain avance à grand pas. Son ouverture est espérée pour fin 2017, début 2018.
600 personnes ont adhéré à l'association Les Amis de La Chouette Coop (Crédit : Florine Galéron).
600 personnes ont adhéré à l'association Les Amis de La Chouette Coop (Crédit : Florine Galéron). (Crédits : DR)

Tom Boothe et Brian Horihan. Ces deux noms ne vous disent peut-être rien, et pourtant, ils sont à l'origine d'une tendance qui gagne l'Hexagone ces dernières années. Celle des supermarchés coopératifs. Ces deux Américains ont découvert en 2008 le Park Slope Food Coop (PSFC), une coopérative alimentaire installée dans le quartier de Brooklyn à New York née en 1973, et qui regroupe aujourd'hui pas moins de 17 000 membres. Dès lors, l'objectif des Américains est clair : importer ce concept de supermarché coopératif en France, et plus précisément à Paris.

Le supermarché coopératif part du principe que le consommateur est aussi acteur : il aquiert une part de la coopérative, et effectue un temps de travail mensuel bénévole de 2 heures et 45 minutes dans le PSFC. En échange, il peut y réaliser ses emplettes à des prix avantageux. En effet, les produits en rayon sont beaucoup moins chers que dans une chaîne de la grande distribution classique et de bien meilleure qualité (produits locaux, artisanaux et bio).

Les deux Américains ont ainsi consulté une multitude d'avocats et de juristes français, pour savoir s'il était possible de réaliser un modèle identique ou similaire à celui du supermarché coopératif de Brooklyn. Parallèlement, Tom Boothe et Brian Horihan ont échangé régulièrement avec l'équipe du PSFC, pour aider à faire émerger un projet à Paris, il s'agit de "La Louve".

Effet domino

Dès 2011, plusieurs personnes se rallient à leur cause, celle de se poser en alternative à la grande distribution à Paris. Depuis, 5 années se sont écoulées, et l'ouverture de La Louve (prévue à l'automne 2016), doit s'effectuer prochainement. Mais, ce sont seulement les Parisiens qui ont acquis une dizaine de parts dans la coopérative de La Louve (contre la somme de 100 euros payable en plusieurs fois ou 10 euros pour les adhérents touchant les minimas sociaux), qui pourront y faire leurs courses prochainement. À condition bien évidemment de réaliser les trois heures de travail bénévoles mensuelles dans ce nouvel espace. Aujourd'hui, La Louve compte 3 400 adhérents.

Grâce à une médiatisation importante de cette aventure et au souhait de nombreux Français de mieux maîtriser leur consommation (financièrement et qualitativement), La Louve a séduit au delà de la région parisienne. Ainsi, la SuperCoop à Bordeaux, La Cagette à Montpellier, La coopérative Ostokop au Pays basque, Superquinquin à Lille, La Scopeli à Nantes, La BeesCoop à Bruxelles et... La Chouette Coop à Toulouse, pour ne citer qu'eux, sont en gestation.

 600 "chouettos"

"En janvier 2015, plusieurs Toulousains ont, chacun de leur côté, contacté La Louve pour fonder un supermarché coopératif à Toulouse afin de connaître les démarches et les différentes étapes. Ils nous ont alors mis en contact peu de temps après et notre première réunion de travail a eu lieu en février 2015", raconte Chrystel Gérard, une coordinatrice du projet toulousain.

Depuis, les réunions de travail se sont multipliées, mobilisant toujours plus de personnes favorables à un supermarché coopératif à Toulouse, sur le modèle de La Louve. Celles-ci doivent adhérer à l'association Les Amis de La Chouette Coop, contre une cotisation de 25 euros, afin de participer au projet. "L'association Les Amis de La Chouette Coop porte le projet de la création du supermarché coopératif à Toulouse", précise la coordinatrice. Elle réunit aujourd'hui 600 adhérents (appelés aussi les Chouettos), dont 70 membres actifs, c'est-à-dire ceux qui participent à la création de La Chouette Coop. "Ce noyau dur est réparti dans une dizaine de groupes de travail, à savoir la commission Local, la commission Informatique, la commission Groupement d'achats commun, etc. Chacun choisit la commission dans laquelle il souhaite travailler selon ses envies et ses compétences".

Cette cotisation permet également de passer commande auprès du groupement d'achat commun (GAC) lancé en décembre 2015 par l'association. "Pour réaliser cette opération qui se déroule tous les mois, nous travaillons avec une vingtaine de producteurs de la région". Ainsi, selon sa commande, l'adhérent peut recevoir fruits, légumes et produits secs.

Test à partir de janvier 2017

Aujourd'hui installée au 12 avenue de Lyon à Toulouse dans un local de 100m2 loué par Toulouse Métropole à un loyer très avantageux, l'association a passé un palier avec cet emménagement. "Il nous permet de tenir des permanences tous les mardis soirs et de recevoir les potentiels Chouettos, de faire la remise de commandes du GAC tous les mois, et il est le lieu de nos réunions de travail", précise la coordinatrice.

Néanmoins, en janvier 2017, les lieux vont changer de configuration.

"Notre local va devenir une préfiguration du supermarché coopératif, avec l'intégration des heures de travail (entre 2h30 et 3h), pour réaliser un apprentissage de la vie future du supermarché. On enseignera la manière de tenir une caisse, de faire le ménage en milieu alimentaire ou encore la façon de couper le fromage, par exemple".

Un changement qui sera accompagné, parallèlement, par l'accélération des distributions. D'une distribution par mois, les adhérents bénéficieront désormais de deux distributions par semaine et d'un élargissement de la gamme des produits vendus. Viandes et fromages viendront remplir les étals du local. "Les produits vendus dans cette configuration test et plus tard dans le supermarché coopératif seront 20 à 30% moins chers que les prix appliqués dans les chaînes de la grande distribution classique, avec une priorité au bio, à l'artisanal et au local, comme c'est le cas aujourd'hui pour le GAC".

20 075€ récoltés

Problème, caisse enregistreuse, armoire réfrigérante, étiqueteuse... Tout cela à un prix. Pour répondre à leurs besoins afin de lancer cette phase test, les Chouettos ont lancé une compagne de crowdfunding sur Kiss Kiss Bank Bank au milieu du mois d'octobre 2016. L'objectif initial à atteindre en 47 jours était de 16 000€. "Avec cet argent, nous allons pouvoir acquérir une balance étiqueteuse (5 000€), des douchettes pour scanner les codes-barres (150€), des étagères (1500€) et une vitrine réfrigérante pour les produits frais (5000€)".

47 jours plus tard, Les Amis de La Chouette Coop ont récolté la somme de 20 075€. "Le surplus va nous permettre de financer une enseigne, des paniers en fer et l'équipement pour faire du vrac. Nous sommes très heureux", se réjouit Chrystel Gérard.

Mais le chemin est encore long avant d'arriver à la version finale de La Chouette Coop.

"La plus grande difficulté consiste en la recherche du grand local final d'une surface de 1000m2, pour accueillir le supermarché. Nous le voulons dans un quartier bien desservi, mais qui illustre aussi la mixité sociale, à l'image de nos adhérents venant de milieux très variés".

Les quartiers toulousains des Arènes, de Patte d'Oie, des Minimes, de Saint-Cyprien et de Saint-Michel sont donc ciblés pour installer la Chouette Coop entre la fin de l'année 2017 et début 2018, date d'ouverture espérée par les adhérents.

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