Muni de son chariot rempli de journaux et de friandises, Paul Barthez sillonne tous les jours les couloirs de la Clinique Pasteur à Toulouse pour rendre visite aux patients. Cet ancien gestionnaire immobilier a un nouveau métier depuis novembre 2015, il est concierge de la clinique. "Les patients sont souvent isolés et, parfois, ils ne peuvent pas sortir de leur chambre. Mon rôle est de répondre à leur différents besoins. Je peux aller au supermarché leur acheter des produits de toilette. Nous proposons aussi la location de tablettes ou de machines à café", explique Paul Barthez. Le concierge de la clinique a été embauché par Palanca, le bureau d'études en développement durable à l'origine du projet et installé à quelques pas de la place Arnaud-Bernard à Toulouse.

Au sein des grandes villes, les concierges d'immeubles sont une véritable institution. Mais, depuis quelques années en France, une nouvelle génération de conciergeries est en train de voir le jour : ces projets s'adressent aussi bien aux entreprises qu'aux habitants d'un quartier. À Toulouse, à force de rendre service à ses voisins, l'équipe de Palanca a eu l'idée de lancer sa propre conciergerie solidaire. En place depuis avril 2015, Allo Bernard permet aux habitants du centre-ville de solliciter les "Bernard" (nom donné aux concierges) pour des petits services :

"Cela peut être un coup de main pour un déménagement, un pot de confiture récalcitrant à ouvrir, une étagère à fixer ou des petites réparations qui ne permettent pas de faire appel à un professionnel", explique Marion Riera, l'une des salariés de Palanca.

Les adhérents commandent le service en échange d'une somme modique. Principalement utilisé par les personnes âgées, Allo Bernard propose aussi un forfait de 195 euros par mois pour que les Bernard passent tous les jours leur rendre visite. Pour le moment, une dizaine de seniors sollicite Allo Bernard pour ce forfait auquel s'ajoutent plusieurs demandes hebdomadaires pour les autres services. La conciergerie solidaire propose aussi des activités gratuites au sein de son local, à l'image de la séance de cinéma organisée chaque mercredi.

La conciergerie d'entreprise

En parallèle, Palanca a développé une activité de conciergerie d'entreprise, expérimentée depuis l'automne au sein de la Clinique Pasteur et accessible aussi bien aux patients qu'aux salariés. Le concierge peut lui-même répondre aux demandes mais il peut aussi faire appel à des prestataires partenaires :

"Nous faisons venir des coiffeurs, des esthéticiennes, détaille ainsi Paul Barthez. Les patients apprécient de pouvoir se faire une nouvelle coupe et, surtout, de parler à des personnes extérieures à l'équipe de soin."

La demande est là et le concept a essaimé bien au-delà du centre-ville. À Ramonville, un concierge a été embauché en fin d'année au sein du Périscope, un pôle territorial de coopération économique (PTCE) qui regroupe des sociétés tournées vers l'économie solidaire.

"Deux types de service leur sont proposés. Dans les petites sociétés, quand un néon est à remplacer, on n'a pas forcément les moyens d'envoyer l'ingénieur perdre quelques heures pour acheter le matériel. Le concierge peut en avoir la charge tout comme le scan de documents. Ensuite, il peut exister des services aux salariés au sein de la zone d'activités comme la livraison de paniers de légumes bio", explique Jérémie Loevenbruck, un des fondateurs de Palanca.

Les collectivités locales gagnent aussi au change, puisque le service est utilisé comme un argument supplémentaire pour attirer de nouvelles entreprises sur le territoire.

La Scop planche désormais sur une implantation du service à Figeac, à la fois pour les entreprises et les particuliers. Dans les deux cas, l'objectif reste le même : recréer du lien social en ville. Après quelques mois d'activité, les deux types de conciergerie représentent chacune 15 000 euros dans le chiffre d'affaires de 125 000 euros réalisé par Palanca en 2015. "À terme, la conciergerie d'entreprise est celle qui peut nous rapporter le plus de chiffre d'affaires, mais la conciergerie de quartier est celle qui a l'impact social le plus fort", estime Jérémie Loevenbruck. D'ici à quelques semaines, les équipes de Palanca et d'Allo Bernard vont déménager dans un nouveau local doté d'une vitrine donnant sur la place Arnaud-Bernard, une nouvelle étape pour accentuer l'intégration et la visibilité du projet.