L'École de cinéma de Toulouse doit relever de nouveaux défis pour assurer son avenir

L'École supérieure d'audiovisuel de Toulouse (Esav) risque de voir sa dotation de 5 000 heures de formation réduite de moitié. Une mesure de rigueur budgétaire imposée par l'université Jean-Jaurès dont elle dépend. Mais le président de l'université Jean-Michel Minovez et le directeur de l'école Jean-Louis Dufour travaillent sur de nouvelles pistes pour assurer la pérennité de la seule école de cinéma publique de province.
L'École supérieure d'audiovisuel de Toulouse

"La situation des universités françaises est difficile, nos ressources sont instables. Les financements qui nous viennent de l'État sont au mieux inchangés, au pire diminués", regrette Jean-Michel Minovez, président de l'université Jean-Jaurès. "Nous devons accueillir toujours plus d'étudiants. Notre masse salariale est en perpétuelle augmentation", explique-t-il.

"De plus, l'Esav est la formation qui demande le plus de ressources pour notre université et je veille à l'équilibre des formations", précise le président.

C'est dans ce cadre-là que l'université Jean-Jaurès veut garantir la pérennité de la seule école de cinéma en France qui soit au sein d'une université, mais aussi située en province.  

Depuis l'autonomie des universités et la mise en place de la loi sur la réforme universitaire (LRU) adoptée en 2007, l'université décide de façon unilatérale quel sera le budget dédié à l'école située Rue du Taur à Toulouse. Cette restriction budgétaire imposerait une diminution de 50 % de la dotation horaire d'enseignement, qui passerait de 5 000 à 2 500 heures à partir de 2016.

"C'est dramatique pour l'école", déclare son président Jean-Louis Dufour. En effet, cette mesure réduirait considérablement la crédibilité de l'école. "Il y a une véritable reconnaissance de notre école. Nos étudiants sont toujours de plus en plus cités dans les générique de films et de séries. On pense à Éric Valette, réalisateur de plusieurs épisodes de la série Braquo, pour n'en citer qu'un", déclare Jean-Louis Dufour qui poursuit :

"Nous sommes reconnus par la presse. Nous avons été cités parmi les 6 pôles d'excellence du cinéma français."

L'Esav est également reconnue à l'étranger. Environ un quart de ses étudiants n'est pas français et l'école à une visibilité à l'international en étant membre de plein droit du Cilect, le Centre international de liaison des écoles de cinéma et de télévision.

Quelles solutions ?

Aujourd'hui, malgré les difficultés, les instances dirigeantes semblent vouloir trouver des solutions pour permettre à l'école non pas de survivre, mais de vivre.

Première solution envisagée, inscrire l'Esav comme une formation technique. En effet, l'école fait pour l'instant partie du département des Arts, des lettres et du langage, ce qui ne lui permet pas d'être reconnue comme une formation technique dites STS. Ce nouveau statut, qui s'ajouterait à l'inscription en filière Arts, lui permettrait un financement deux fois plus important. "Nous avons désormais entamé un dialogue avec les services de l'État, et le président de l'université Jean-Jaurès a la volonté d'appuyer notre demande", explique Jean-Louis Dufour.

D'autre part, l'école de cinéma toulousaine se dirige vers la mise en place d'une formation continue payante qui permettrait aux professionnels de l'audiovisuel de continuer à se former pour améliorer leurs compétences. Mais Jean-Louis Dufour et Jean-Michel Minovez prévoient d'autres pistes.

"Nous pensons créer, dans un cadre bien précis, une fondation, pour permettre à l'école d'attirer des fonds privés, ce qui permettrait notamment la création de bourses d'étude."

Enfin, pour Jean-Louis Dufour, "c'est le moment pour que l'Esav devienne une école nationale, ce qui nous permettrait un rayonnement supplémentaire, une meilleure image". En effet, les deux autres écoles publiques de cinéma ont un statut d'école nationale : la Fémis à Paris et l'école Louis Lumière à Saint-Denis. Leurs budgets respectifs sont de 10,7 M€ et 4 M€ lorsque celui de l'Esav est seulement de 2 M€

Si ce ne sont pour l'heure que des pistes de financements, l'école de cinéma devra relever ces défis. Pour Jean-Louis Dufour, il s'agit "de se positionner le plus rapidement possible, car il est aujourd'hui impossible de convaincre des étudiants de venir à l'Esav tant les incertitudes sur son avenir sont grandes".

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